Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Périgueux (suite)

Après une longue pause de la fin du xixe s. au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’expansion de la ville a repris au cours du dernier quart de siècle : en vingt-cinq ans, la population de l’agglomération est passée de 40 000 à 60 000 habitants. En amont, au-delà du faubourg ancien des Barris, les habitations ont submergé la partie orientale de la commune de Périgueux, ainsi que celle de Boulazac. Dans la plaine, une zone industrielle a été aménagée le long du gazoduc de Lacq et au voisinage de la route et de la voie ferrée de Brive. Plus spectaculaire encore est la poussée urbaine en aval, au-delà du vieux quartier de cheminots du Toulon ; les hautes silhouettes des immeubles d’H. L. M. dominent la marée des pavillons à Chancelade sur la rive droite et à Coulounieix-Chamiers sur la rive gauche. Des habitations ont été construites sur les hauteurs de Champcevinel et de Trélissac, autour du nouvel hôpital au nord, sur les collines de Coulounieix au sud. Mais l’agglomération, qui s’étend sur 6 km dans la vallée de l’Isle, n’excède jamais 2 à 3 km de largeur.

Périgueux a des activités variées. Sans pouvoir toutefois prétendre au rang de ville industrielle, elle n’en a pas moins une activité manufacturière diversifiée offrant au total environ 7 000 emplois. Les entreprises de bâtiment et de travaux publics, dont l’activité s’exerce sur l’ensemble de la Dordogne, emploient 3 000 personnes. Mais la pièce maîtresse de l’industrialisation périgourdine reste les ateliers de la S. N. C. F. : on comprend alors la sensibilisation de la population locale à toute réduction de l’activité des ateliers. Moindre est l’importance des textiles et de la confection, ainsi que celle des industries alimentaires. Une relance industrielle s’imposait : y répond en partie l’installation (en 1970) d’une usine de câblage électronique et de l’atelier d’impression des timbres.

Il reste que les activités tertiaires sont primordiales. Préfecture de la Dordogne, Périgueux possède une gamme variée de fonctions. Le carrefour ferroviaire, à vrai dire aujourd’hui en partie amoindri, et l’étoile routière tissée autour de la ville y ont suscité le développement d’une active fonction commerciale : négoce de produits agricoles régionaux, commerce de redistribution, commerce de détail très diversifié. La présence d’une chambre de commerce souligne cette vocation. Le rôle scolaire a été confirmé par un embryon de fonction universitaire, que complètent d’appréciables possibilités culturelles (bibliothèque, archives, théâtre). Périgueux possède un centre hospitalier moderne. Enfin, son attrait touristique en fait un point de départ ou une étape avant la visite des sites préhistoriques de la Dordogne.

Périgueux étend son influence sur toute la Dordogne, encore que le Nontronnais se sente attiré par Limoges, et la région de Terrasson par Brive et que les confins occidentaux du Périgord se tournent vers Bordeaux. Cette influence est exclusive sur le Périgord central ; elle est un peu limitée au sud par celle de Bergerac, à l’est par celle de Sarlat-la-Canéda.

S. L.

➙ Aquitaine / Dordogne / Guyenne.


Périgueux, ville d’art

De la ville gallo-romaine dénommée Vesunna jusqu’au ve s. subsistent les restes d’un amphithéâtre elliptique, la porte Normande, ouverte dans la muraille, et la tour de Vésone (en blocage revêtu de petit appareil à cordons de brique), hypothétique cella d’un temple élevé à la déesse tutélaire de la « cité ». Siège épiscopal au ive s., catholique pendant les guerres de Religion et dévastée par les protestants (témoins les traces d’incendie que portent les restes du château Barrière et de l’ancien palais épiscopal), la ville avait dédié sa cathédrale au premier martyr du christianisme : saint Étienne ; des quatre coupoles d’origine du monument (auj. église), il n’en demeure que deux, dont la plus antique du Périgord, remontant au début du xiie s.

Mais c’est sur un coteau dominant les bords de l’Isle que s’établit la population durant le haut Moyen Âge. Reprenant l’héritage politique et économique de la « cité » et protégé par un système de fortifications, ainsi la tour Mataguerre, le bourg du Puy-Saint-Front s’organisa autour de l’église qui renfermait, selon la tradition, le corps de l’évangélisateur du pays. Existant depuis le viie s., cette église, reconstruite à partir du xe s., devint cathédrale en 1669 ; elle se présente actuellement formée de deux ensembles. À l’ouest, le plus ancien : les restes d’une basilique et de ses annexes, ou « confessions », probablement des chapelles funéraires ; cet ensemble supporte le haut clocher surmonté par un lanternon circulaire et une flèche conique à écailles. À l’est, une église à plan en croix grecque voûtée de cinq coupoles égales au profil oriental (xiie s.), avec une abside moderne et deux absidioles dissymétriques ; de plan connu, mais rare en France, elle a perdu, par ses restaurations successives au xixe s., tout cachet d’ancienneté. Un cloître subsiste de l’ancienne abbaye.

L’habitat civil offre d’aussi curieux mélanges : les maisons d’aspect gothique, aux murs garnis de chemins de ronde et de mâchicoulis, voisinent et chevauchent les demeures « Renaissance » à loggia, fenêtres moulurées et portique à l’italienne, telles les maisons du quai, dont celle improprement dite « des consuls », et l’ancien hôtel Gamenson. Le délabrement du « moulin de Saint-Front », en pans de bois sur mur à encorbellement et consoles de pierre, s’oppose aux escaliers monumentaux de plan carré, à rampes droites avec plafonds à caissons et balustres sculptées.

Le musée du Périgord, édifié au début du xxe s. à l’emplacement d’un couvent d’augustins, abrite un musée lapidaire et conserve des collections nombreuses provenant des fouilles régionales, principalement de l’époque paléolithique.

M. W.

 Congrès archéologique de France, 1927 (A. Picard, 1928).