Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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percussion (instruments de musique à) (suite)

En Europe, au xvie s., un xylophone rudimentaire parvenant d’Asie était utilisé par des musiciens ambulants. Une gravure de la Danse macabre de Hans Holbein le Jeune représente la mort tenant l’instrument attaché aux épaules. En 1529, Martin Agricola (1486-1556) présente un psaltérion de bois avec 25 lames, sur 3 octaves diatoniques. Ce n’est qu’au cours du xixe s. que le xylophone fut conçu chromatiquement et utilisé par les compositeurs dans l’orchestre symphonique.

Saint-Saëns, le premier, s’en servit en soliste dans la Danse macabre (1874). I. Stravinski lui confia la première partie élaborée dans les Noces (1918). Hindemith et Bartók suivirent l’évolution de cet instrument qui s’agrandit vers le grave à l’image des marimbas mexicains.

P. Boulez a écrit dans le Marteau sans maître (1955) pour xylomarimba ; O. Messiaen également, dans Chronochromie (1960), Sept Haï-Kaï (1962), Couleurs de la Cité céleste (1964).

D. Milhaud a composé un concerto de marimba d’une extrême difficulté avec une manipulation de 4 baguettes jouées simultanément. La plupart des compositeurs contemporains ont employé cet instrument, dont on peut obtenir des sonorités très opposées selon les baguettes jouées, son dur et sec, son doux et même terne moyennant un trémolo serré.


Idiophones ou autophones

Les idiophones sont des instruments à corps solides non susceptibles de tension et dont le son a la vibration des corps eux-mêmes. Ils peuvent être en bois, en métal, en verre, en argile, en coquille. Ils se jouent par entrechocs, par percussions, par raclement et par secouement.


Les écoles de percussion


Les écoles étrangères

H. Knauer et F. Krüger, professeurs à Dresde, sont les fondateurs de l’école allemande de percussion, qui existe depuis le début du siècle. Leur enseignement a formé tous les percussionistes des orchestres symphoniques d’outre-Rhin.

S. Goodmann, ancien timbalier de l’orchestre philharmonique de New York, est l’une des personnalités les plus représentatives de l’école américaine actuelle ; celle-ci s’est très largement répandue aux États-Unis et dans le monde entier.


L’école française

Bien avant la Seconde Guerre mondiale, il existait au Conservatoire national de musique un cours de percussion ; son titulaire, Joseph Baggers, fut le premier à écrire une méthode pour instruments à percussion. La déclaration de guerre en 1939 mit fin à cette entreprise. En 1947, Claude Delvincourt (1888-1954), directeur du Conservatoire, fit appel à Félix Passerone (1902-1958), premier timbalier de l’Opéra, pour la réouverture de la classe des timbales et percussion. Cette classe était pratiquement à créer de toutes pièces, et l’on décida de tenter tout d’abord une expérience provisoire pendant une période de deux ans.

Félix Passerone est le fondateur de l’école française de percussion ; il enseignera au Conservatoire de 1947 à 1957. C’est de sa propre initiative que le maître a formé plus d’une centaine d’élèves qui aujourd’hui peuvent se produire dans le monde entier. C’est grâce à lui que les orchestres ont approfondi l’organisation des pupitres tenus par les instruments à percussion.

La pratique de l’école française, mise au point par Félix Passerone, portait non seulement sur la « technique » proprement dite, telle que l’étude du tambour militaire ou des timbales d’orchestre, mais également sur le domaine musical en général et sur l’esprit d’observation. Passerone aimait parler de la musique qu’il jouait lui-même ou de celle que l’on entendait dans les années 50, et il s’efforçait d’être toujours à l’avant-garde.

La technique française est, à la différence de certaines écoles étrangères, polyvalente. Les percussionistes français doivent jouer toutes les catégories instrumentales de cette discipline, à savoir les timbales, les claviers et la percussion formée par de nombreux accessoires (tambours, caisses claires et tom-toms). La façon de jouer et surtout de considérer musicalement chaque catégorie est tout à fait différente selon l’instrument. Le timbalier, par exemple, exécute un roulement, ou trille, par un coup de chaque main répété le plus vite possible. Au tambour, alors que les baguettes se tiennent d’une tout autre façon que celles des timbales, il faut donner deux coups de chaque main pour obtenir un roulement. L’école française de la caisse claire s’inspire, à l’instigation de Félix Passerone, du répertoire du tambour militaire, qui possède une large littérature de morceaux de virtuosité ou de bravoure issus de l’époque du premier Empire. Ainsi les artistes français ont lancé une technique de tambour réputée des plus dures, où l’on ne « triche » pas, ce qui donne pour résultat auditif un acquis de précision des coups, particulièrement dans les roulements, où l’on entend chaque coup percuté (roulement perlé). Le répertoire qu’apporte l’école française est vaste avec, en particulier, de nombreux concertos pour percussions, suscités par Félix Passerone dès 1949. Eugène Bozza, Pierre Petit, Pierre Dervaux, Maurice Jarre, Serge Baudo, J. Delécluse, Jean-Pierre Guézec notamment ont composé d’importants concertos.

En dehors du Conservatoire de Paris, la plupart des conservatoires de province possèdent des classes de percussion, dirigées par des élèves de Félix Passerone. Strasbourg, Bordeaux, Le Mans ont été les premières villes à ouvrir les portes de leurs conservatoires à la percussion dès 1951. Le premier concours international de percussion ayant eu lieu en 1971 à Genève, c’est un Français de Strasbourg qui fut classé premier des candidats européens.

• Les Percussions de Strasbourg. C’est pour affirmer le pouvoir authentique des instruments à percussion que s’est créé, pour la première fois au monde, à Strasbourg en 1962, un ensemble symphonique constitué uniquement de percussions. Six artistes se sont réunis pour constituer un répertoire pratiquement inexistant avant 1961.