Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

percussion (instruments de musique à) (suite)

De 1962 à 1973, les Percussions de Strasbourg, spécialistes de la musique contemporaine, ont créé et présenté dans toutes les villes du monde plus de cinquante œuvres pour percussion pure. De grands compositeurs ont écrit pour ce groupe : Boulez, Xenakis, Kazimierz Serocki, Messiaen (qui à lui seul a conçu trois de ses œuvres récentes en fonction des instruments de Strasbourg). Stravinski voulait écrire pour les Percussions de Strasbourg, mais il mourut avant de réaliser son souhait.

Les Percussions de Strasbourg ont poursuivi leur mission en se fixant pour but l’évolution des instruments à percussion et de leur langage. On leur doit l’existence d’instruments nouveaux et tout le répertoire acquis, grâce auquel l’intérêt du monde musical s’est porté sur cette discipline instrumentale.

• Percustra. L’évolution du langage contemporain, l’accès immédiat à la musique au travers des instruments de percussion ont incité les Percussions de Strasbourg à se tourner, grâce aux instruments de musique et à la méthode Percustra, vers l’initiation musicale des jeunes en éveillant leur curiosité, leur goût, et en leur permettant de pratiquer sur des instruments qui sont la réplique exacte des leurs. De nombreux stages sont effectués par le groupe strasbourgeois dans les établissements scolaires.

P. de S.

➙ Batteurs de jazz.

 F. Dupin, Lexique de la percussion (Richard-Masse, 1971).

Peretz (Isaac Leib)

Conteur et poète de langue yiddish et hébraïque (Zamość, Pologne, 1852 - Varsovie 1915).


Il naît, en Pologne russe, dans une ville princière dotée d’une très ancienne colonie juive. L’hypothèse de l’origine espagnole de sa famille est purement onomastique. On sait que cette famille vint d’Allemagne pour s’établir en Pologne. Son père, Juda, s’était marié dans une famille de Zamość. Tant du côté paternel que maternel, on est versé dans les sciences profanes et sacrées. Les études traditionnelles se doublent donc pour Peretz d’une formation classique. On le marie et il s’établit brasseur, mais il se ruine. Il commence alors à écrire en hébreu : il publie des poèmes et même, de concert avec son beau-père, un recueil qui a une certaine audience.

Divorcé, puis remarié, Peretz se fait avocat pendant dix ans. Cette période est très féconde, mais les œuvres qu’il écrit alors seront détruites plus tard par lui : il compose notamment beaucoup de chansons populaires en yiddish, qui furent mises en musique.

Le souci de l’évolution du peuple le pousse à organiser des cours du soir pour les ouvriers. On l’accuse de socialisme, ce qui lui fait retirer sa patente d’avocat.

En 1886, Peretz se rend à Varsovie et se remet à publier des poèmes en hébreu. Dans ses Chants du temps, il traite le yiddish de « témoin du sang juif répandu, la langue qui porte le cri de douleur de générations ».

Quand, en 1888, Cholem* Aleichem l’invite à collaborer à sa « Bibliothèque populaire juive », Peretz lui propose de traduire des textes philosophiques et psychologiques en yiddish. Il en explique les raisons : « Je veux que le yiddish devienne une langue, c’est pourquoi nous devons enrichir la langue de telle sorte qu’un écrivain ne puisse pas dire qu’il se sente à l’étroit dans cette langue. » À cette proposition, Peretz joignit sa ballade Monish, qui est historiquement le premier poème narratif de la littérature yiddish moderne, et qui lui valut l’admiration et l’amitié fidèle de Jacob Dineson.

En 1889, Peretz devient un employé de la communauté israélite de Varsovie. Il occupe successivement les postes de comptable, puis de chef de service des enterrements et des cimetières jusqu’à sa mort. Peretz devient un écrivain yiddish, mais ses rapports avec l’hébreu ne s’altèrent pas : il va jusqu’à donner des cours gratuits d’hébreu à des enfants de famille pauvre. Être un écrivain yiddish a toujours signifié pour lui : être un écrivain juif en quête de nouvelles formes d’expression. À cette époque, la variété juive du populisme russe est « folkisme » ; les intellectuels juifs russes se convertissent au yiddish, à l’exemple de Simon Doubnov, qui intitule un tome de ses souvenirs Du jargon au yiddish.

En 1899, Peretz participe à une enquête scientifique à travers la Pologne pour rassembler les matériaux concernant les activités juives afin de montrer que les juifs étaient un élément productif. Il est impressionné par la vie des juifs dans les bourgades, qu’il décrit dans les Tableaux d’un voyage en province.

Son âme inquiète, en quête de vérité, le rapproche des gens du peuple. Bien qu’homme à idées, Peretz est surtout un écrivain et un fervent de la littérature, en laquelle il voit le ferment de la révolution juive. C’est pourquoi, dès 1891, il se met à publier la « Bibliothèque juive ». C’est dans ces recueils que paraissent, pour la première fois, Abraham Reisen, Yehoash. Plus tard, Peretz accueillera Schalom Asch, Hersch Dovid Nomberg, Itshe Meir Weissenberg, I. I. Trunk, Menahem Boraisha, le foyer de la littérature naissante. Peretz s’intéresse aussi à la culture populaire, favorisant la diffusion des connaissances sur l’électricité, la chimie, voire l’économie politique. En 1894 commencent à paraître les Feuilles de jours de fête : c’est l’époque de son compagnonnage avec les socialistes.

Il se révèle aussi auteur dramatique (En Sibérie, le Vieux Marché de la nuit, la Chaîne d’or) et crée un nouveau style de l’essai composé d’aphorismes brefs et fulgurants.

Mais, à la fin de sa vie, Peretz semble réviser ses options. Il va jusqu’à souhaiter le retour à la synagogue. Ce retour n’est pas refus, mais conscience des limites de la liberté. On ne peut être juif, selon lui, en dehors des limites de la maison d’études. C’est pourquoi il entreprend la traduction en yiddish des Cinq Rouleaux (Cantique des cantiques ; l’Écclésiaste, le Livre de Ruth, les Lamentations de Jérémie, le Livre d’Esther). Il participe cependant à la campagne pour l’élection de la douma en 1913. Il manque d’être député, mais se dérobe pour faire élire un socialiste polonais.

Pendant la guerre, il est l’un des initiateurs d’un jardin d’enfants pour les orphelins de guerre réfugiés à Varsovie, dont la langue d’enseignement est le yiddish. Une attaque d’apoplexie le terrasse le 3 avril 1915. Sa mort est un deuil national pour les juifs de Pologne : plus de cent mille personnes l’accompagnent à sa dernière demeure.