Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

parotide

La plus volumineuse des glandes salivaires.


La parotide forme avec la glande sous-maxillaire, la glande sublinguale et les glandes accessoires disséminées dans la cavité bucco-pharyngée un complexe assurant l’ensemble de la sécrétion salivaire. Elle est située en avant du pavillon de l’oreille, en arrière de la hanche montante du maxillaire inférieur.


Anatomie

La glande parotide a une forme prismatique triangulaire. Elle apparaît sous un aspect lobule, de couleur chamois. De volume variable selon les individus, elle pèse en moyenne 25 g. Elle est située dans la loge parotidienne.

La parotide est traversée par des éléments vasculo-nerveux. Parmi ceux-ci, le nerf facial constitue un véritable plan de séparation entre le lobe superficiel et le lobe profond de la glande. Les nombreuses hanches de division du nerf peuvent être individualisées et forment un réseau très fin, étalé en éventail, à partir du tronc du nerf.

L’artère carotide externe pénètre dans le lobe profond de la glande et le divise en ses deux hanches terminales. L’extrémité supérieure de la parotide est traversée par le nerf auriculo-temporal. De nombreux ganglions lymphatiques sont inclus dans la loge parotidienne ou dans la glande elle-même.

Le canal excréteur de la glande, ou canal de Sténon, naît dans l’épaisseur de la parotide, passe à la face externe du masseter, se porte en dedans à travers le muscle buccinateur et s’ouvre dans la bouche par un orifice situé en regard du collet de la première ou de la deuxième molaire supérieure. Par lui s’écoule la sécrétion salivaire parotidienne.


Histologie et physiologie

La glande parotide est constituée de cellules purement séreuses qui sécrètent une salive limpide et fluide.

L’innervation est animée par le système sympathique et parasympathique.

La salive d’origine parotidienne est riche en ptyaline, ou amylase, qui commence la digestion de l’amidon. En un temps suffisant, elle peut transformer l’amidon en maltose. Cette action se continue à l’intérieur du bol alimentaire, tant que le suc gastrique ne l’a pas pénétré. En fait la salive a surtout une action mécanique et participe à la formation du bol alimentaire. Elle facilite la mastication, la déglutition et l’élocution.


Pathologie

La glande parotide est le siège de lésions inflammatoires et tumorales. Elle participe par son hypertrophie à certaines affections, contribuant ainsi à la constitution de syndromes caractérisés par des associations pathologiques dont l’atteinte parotidienne n’est qu’un élément. Enfin, les adénopathies (ganglions) intra- ou juxta-parotidiennes posent le problème difficile de leur individualisation par rapport à la glande.


Lésions inflammatoires de la parotide

• Les oreillons*, ou parotidites ourliennes, sont dus à une affection du type viral contagieuse caractérisée par un gonflement de la parotide dans un contexte fébrile.

• Les parotidites aiguës, en dehors des oreillons, sont dues à l’inoculation massive du parenchyme parotidien par des germes de la cavité buccale dont la virulence est exaltée. Cette infection diffuse de la glande est conditionnée par le fléchissement marqué de l’état général et des défenses de l’organisme au cours d’infection grave et état cachectique ou après certaines interventions chirurgicales.

Une forme particulière peut être représentée par la présence d’un calcul dans la glande ou le canal de Sténon. Beaucoup plus rare que dans la glande sous-maxillaire, la lithiase parotidienne se manifeste de même par des « coliques » salivaires et une douleur avec gonflement de la glande au moment des repas, pouvant s’accompagner d’infection.

• Les parotidites chroniques se caractérisent par un gonflement non douloureux de la glande. En dehors des formes tuberculeuses et syphilitiques, aujourd’hui rares, ces parotidites seraient dues à une infection larvée, peut-être en rapport avec une dysharmonie du système sympathique d’origine réflexe, aboutissant à une béance anormale des canaux excréteurs. L’inflammation du canal de Sténon, ou sialodochite, est fréquente. La sialographie (radiographie après injection rétrograde d’un produit opaque aux rayons X) donne des images très particulières, dites « en oranger fleuri ».

• Les parotidites récidivantes, fréquentes chez l’enfant, constituent une forme particulière évoquant souvent le diagnostic d’oreillons lors de la première atteinte.


Les parotidoses

Elles réalisent une ensemble mal individualisé et caractérisé par l’augmentation de volume, généralement bilatérale, des glandes parotides. Certaines s’inscrivent dans le cadre d’une maladie du système réticulo-endothélial, telle la maladie de Besnier-Bœck-Schaumann (v. lymphogranulomatose), qui réalise parfois le syndrome de Heerfordt avec iridocyclite. Elles s’associent en principe à des atteintes cutanées, pulmonaires et osseuses.

Le syndrome de Gougerot-Sjögren est fait de l’association d’une atteinte de l’ensemble des glandes salivaires aboutissant à l’asialie (ou absence de sécrétion salivaire), d’une kérato-conjonctivite avec diminution ou arrêt de la sécrétion lacrymale et d’une polyarthrite rhumatoïde.

La maladie de Mikulicz, décrite par cet auteur en 1888, est sensiblement analogue avec hypertrophie salivaire et lacrymale.

En fait, beaucoup de ces affections sont actuellement en plein démembrement et s’inscrivent probablement dans le cadre de maladies auto-immunes, dont les tumeurs lympho-épithéliales de la parotide représentent un autre aspect.


Tumeurs de la parotide

• La tumeur mixte (constituée de tissus biologiquement différents, conjonctifs et glandulaires) est la plus fréquente. Elle siège le plus souvent au pôle postéro-inférieur de la glande et se caractérise par son aspect irrégulier, son évolution souvent brutale après une longue phase de quiescence et surtout son risque évolutif vers la malignité. Cette dernière notion justifie pleinement l’ablation de la glande dans sa totalité en conservant le nerf facial (parotidectomie totale conservatrice).

• Les cancers de la parotide sont plus rares, mais d’évolution rapide ; le nerf facial peut être atteint et l’apparition d’une paralysie faciale associée à la tumeur est péjorative. L’ablation chirurgicale nécessite généralement de toute façon le sacrifice du nerf et doit être suivie de radiothérapie.

• Il faut encore citer les cylindromes, capables de donner des métastases au niveau des poumons et du squelette, mais radiosensibles, et les cystadénolymphomes, qui ne dégénèrent jamais, mais récidivent parfois.

• Les tumeurs bénignes sont des kystes, des lipomes, des neurinomes et surtout des adénomes, dont la nature est évidemment variable et dont le diagnostic ne peut souvent être fait que lors de l’intervention et après examen histologique.

J. T.