Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Arctique (océan) (suite)

Le pôle avait été conquis « par les glaces » et par les airs, mais il fallait encore tenter de le vaincre par les eaux, c’est-à-dire « par en dessous », et les brise-glace n’étaient pas assez puissants pour se frayer un chemin jusqu’à lui. En 1931, avec le Nautilus, le Canadien G. Hubert Wilkins, avec l’aide des Américains, essaie en vain de l’atteindre. Il leur faudra attendre jusqu’en 1958 pour parvenir au but avec un autre Nautilus, sous-marin américain à propulsion nucléaire. Entre-temps, le survol du pôle est devenu une routine quotidienne, par les lignes aériennes qui joignent le nord de l’Europe et de l’Amérique à l’Orient : dès 1933, Lindbergh préparait l’itinéraire Amérique-Europe par l’Islande et le Groenland. En juillet 1937, les Soviétiques joignent Moscou et l’Amérique par le pôle. En même temps, leurs avions installent au pôle même une station scientifique qui comptera trente personnes : le pôle arctique fait désormais partie de l’« écoumène ».

S. L.

➙ Antarctique.

Ardèche. 07

Départ. de la Région Rhône-Alpes ; 5 523 km2 ; 257 065 hab. (Ardéchois). Ch.-l. Privas. S.-préf. Largentière et Tournon.


Ce département offre de vigoureux contrastes topographiques et climatiques. Il est méridional par la pente générale de ses reliefs, tournée vers la Méditerranée : la limite nord de l’olivier passe par Viviers, celle du chêne vert par Tournon. Il est aussi rhodanien (comme le département de la Drôme, auquel il fait face), sur la rive droite du fleuve, pendant près de 150 km, depuis Serrières jusqu’au confluent de l’Ardèche et du Rhône. Il est surtout montagnard : le rebord oriental du Massif central présente ici de fortes altitudes et de fortes pentes. La chaîne des Cévennes, que prolonge au nord celle des Boutières, atteint 1 754 m au Mézenc ; elle forme la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée ; mais, à l’ouest, les reliefs que drainent le cours supérieur de la Loire et celui de l’Allier restent modérés malgré l’altitude ; à l’est, au contraire, ce haut plateau est profondément disséqué par les multiples ravins des affluents du Rhône. Cette disposition générale n’est pas homogène sur tout le département. On distingue habituellement un haut Vivarais et un bas Vivarais au nord et au sud de la montagne de Privas ou, mieux, du plateau basaltique du Coiron (ou des Coirons), dont les hautes falaises noires dominent le Rhône à Rochemaure.

Dans le haut Vivarais, les influences méridionales se limitent à quelques sites bien abrités des vents du nord : la vallée de l’Eyrieux avec ses vergers de pêchers, le vignoble de Cornas, celui de Côte-Rôtie à Tournon. À l’exception de la montagne calcaire de Crussol, le haut Vivarais est presque entièrement formé de terrains cristallins. La topographie évoque les marches d’un escalier. Entre les plateaux qui prolongent ceux de la Haute-Loire, à plus de 1 000 m d’altitude, et le fossé de la vallée du Rhône se développe une sorte de banquette intermédiaire, un piedmont, assez régulier dans les environs d’Annonay (357 m), plus élevé autour de Vernoux (585 m) : c’est le domaine du châtaignier et des vergers de pommiers. Au-dessus, le plateau et ses versants montagneux, fortement arrosés par les précipitations d’origine atlantique, sont couverts de pâtures ou de grandes forêts de hêtre, de pin et de sapin. L’économie de ce haut Vivarais est en partie orientée vers Lyon et les grandes usines de la vallée du Rhône.

Les sols et le climat font de tout le secteur situé au sud du Gerbier-de-Jonc et du Coiron un ensemble assez différent, bien que les lignes générales du relief présentent quelques analogies avec la partie septentrionale du département. Aux limites de la Haute-Loire et de la Lozère, le plateau offre les mêmes horizons, peu accentués, mais la terre est plus riche : les sols de décomposition volcanique, couverts de prairies, avec quelques champs de céréales secondaires, annoncent le Velay. Entre ces hauteurs monotones et les profondes vallées de l’Ardèche, du Chassezac et de leurs affluents, les dénivellations sont parmi les plus fortes du Massif central : l’érosion, stimulée par de violentes averses, dégage des crêtes étroites, caractéristiques du relief cévenol, les serres. Au pied de ce formidable talus de 1 000 à 1 200 m de dénivellation, le bas Vivarais constitue un véritable Midi ardéchois. Sur les premiers contreforts montagneux dominant Aubenas, Largentière et Joyeuse, des pins parasols se mêlent aux châtaigniers. Au-delà de la fertile dépression marneuse du pays de Berg, avec ses olivettes et ses cultures irriguées encadrées de cyprès, le vaste plateau calcaire des Gras, hérissé de reliefs ruiniformes (bois de Païolive), creusé par d’innombrables gouffres (aven d’Orgnac), est le domaine des chênes verts, des buis, des genêts épineux. Presque déserte, traversée par l’Ardèche en un cañon étroit, long de 30 km, cette région calcaire sépare les uns des autres trois terroirs favorisés : la vallée du Rhône, le bassin d’Aubenas et le canton de Vans. Éloigné des grands centres de la région Rhône-Alpes, ce bas Vivarais a des liens économiques avec la région méditerranéenne.

Le haut et le bas Vivarais ont vécu pendant des siècles en associant les ressources complémentaires de la montagne et du bas pays. Excepté le canon calcaire de l’Ardèche, les vallées des principaux cours d’eau ont guidé les échanges, y compris les courants d’idées venus de l’extérieur : au xvie s., le protestantisme, qui s’est diffusé depuis Valence, a remonté la vallée de l’Eyrieux jusqu’à Saint-Agrève et la plaine de Chomérac jusqu’à Privas, tandis que demeuraient catholiques la région du Nord, qui était dans l’orbite du diocèse de Vienne, et celle du Sud, qui dépendait de l’archevêché de Viviers.

Comme le réseau hydrographique ardéchois est composé de cours d’eau indépendants, affluents du Rhône, aucun grand centre d’échanges n’est apparu. Le département de l’Ardèche n’a pas de capitale. Son chef-lieu, Privas (12 216 hab.), est situé juste à la limite du haut et du bas Vivarais, mais la dépression de l’Ouvèze, coincée entre un massif cristallin au nord et le plateau du Coiron au sud, n’était pas favorable à la naissance d’un carrefour régional. Aubenas (13 707 hab.) se trouve dans une position de contact géologique analogue, mais plus avantageuse, la dépression longitudinale entre le plateau calcaire et le massif cristallin étant ici recoupée par la haute vallée de l’Ardèche, qui a fixé l’itinéraire de la route du Puy à la vallée du Rhône. Annonay est aussi un carrefour sur les routes qui donnent accès à Saint-Étienne et à la Haute-Loire ; elle doit à l’industrie son rang de première ville de l’Ardèche (21 530 hab.) ; toujours vivantes, ses anciennes spécialités (tannerie, mégisserie, papeterie, textile) ont été relayées par des activités nouvelles (construction mécanique, carrosserie de poids lourds).