Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Ardèche. 07 (suite)

Pays de petites propriétés agricoles, l’Ardèche possède également de nombreux patrons d’industrie, en particulier dans le moulinage des fibres utilisées en soierie et en bonneterie. Ces structures particulières ont favorisé les initiatives et l’adaptation aux variations de l’économie. Ainsi, l’Ardèche livre des produits agricoles de haute qualité (fruits et vins surtout) ; le moulinage, jadis artisanal et dispersé, a su tirer des fibres synthétiques toutes sortes de développements techniques et économiques, qui font la prospérité de petits bourgs comme Satillieu. Une usine de rayonne s’est fixée à La Voulte. Mais le milieu naturel reste peu favorable à la grande culture comme à l’urbanisation (la moitié de la population est rurale), de sorte qu’en un siècle l’Ardèche a vu diminuer sa population de plus d’un tiers depuis le maximum de 1861 (388 569 hab.). Le recensement de 1968 a semblé amorcer un certain redressement, concernant surtout les communes proches des grands aménagements hydrauliques et industriels du Rhône.

M. L.

➙ Rhône-Alpes.

Ardenne (l’) ou Ardennes (les)

Massif de Belgique, de France et du Luxembourg.


L’Ardenne est une région boisée et relativement élevée, correspondant à un affleurement de roches primaires. Sa forme est triangulaire : la pointe et les altitudes les plus faibles (250 m) se situent à l’est d’Avesnes ; vers l’est, le massif s’élargit et s’élève jusqu’à plus de 600 m. Commençant en France, l’Ardenne forme l’extrémité sud de la Belgique et la moitié nord (Osling) du grand-duché de Luxembourg.

Du sud au nord se succèdent trois sous-régions. Au sud, l’Ardenne, au sens strict, domine les « côtes » du Bassin parisien : c’est un plateau assez compact, entaillé de vallées profondes (plateau de Rocroi, 350 à 400 m ; Hautes Fagnes, 692 m au signal de Botrange), et qui correspond à des schistes et surtout à des grès de la base du Primaire. Au nord, dans le Condroz, le relief, de type appalachien, s’ordonne en hauteurs gréseuses, orientées O.-S.-O. - E.-N.-E., séparées par des creux calcaires. La limite septentrionale est formée par l’alignement O.-S.-O. - E.-N.-E. des vallées de la Sambre et de la Meuse, de Maubeuge à Liège.

En dehors de ce « sillon » Sambre-Meuse, la Meuse de Charleville à Namur et ses affluents (Lesse, Ourthe) coulent du sud vers le nord en encaissant leurs méandres.

Après les plissements calédoniens et hercyniens, l’Ardenne n’a subi que des mouvements de faible ampleur, et les roches ont été arasées. À la fin du Pliocène, le relief de l’Ardenne était très faible, et la Meuse passait sans difficulté. Il semble bien que les mouvements de surrection n’ont commencé qu’au Quaternaire, ce qui signifie que l’Ardenne est un massif récent.

Le climat de l’Ardenne est assez rude : 115 jours de gelée et 80 jours de neige en haute Ardenne ; de 900 à 1 700 mm de pluie. Les sols sont minces. La végétation naturelle est la forêt (Arduenna Sylva) de chêne, de hêtre ou de bouleau, souvent remplacés par des épicéas ou des mélèzes. Les plus hauts plateaux sont parfois encore occupés par la fagne, ses tourbières et ses sphaignes.

L’Ardenne est une tache de faible peuplement au milieu de l’Europe du Nord-Ouest ; l’Ardenne au sens strict a des densités comprises entre 30 et 50, et le Condroz des densités de l’ordre de 100. La région s’est légèrement dépeuplée depuis un siècle.

L’agriculture tient une grande place. Les conditions de sol et de climat sont plus favorables dans le Condroz que dans l’Ardenne proprement dite. La forêt, bien entretenue, occupe un tiers de l’Ardenne au sens strict. L’élevage est la base du revenu ; l’herbe occupe 50 à 80 p. 100 de la surface agricole utile. Si le cheval ardennais a perdu de son importance, on élève des porcins et des bovins principalement pour le lait et le beurre, mais de plus en plus pour la viande. Les cultures se sont maintenues en partie par survivance de l’époque proche où l’on pratiquait l’essartage, l’écobuage et la jachère, en partie en raison des politiques gouvernementales : cultures de pomme de terre, de froment, d’orge et, en altitude, de seigle.

Les exploitations sont petites (de 10 à 20 ha) en Ardenne au sens strict, où les paysans sont propriétaires ; elles sont plus grandes (de 40 à plus de 100 ha) dans le Condroz, mais le faire-valoir indirect y prédomine. L’habitat est, partout, groupé.

Si l’on excepte le sillon Sambre-Meuse, l’Ardenne est peu industrialisée ; les activités, héritières des industries traditionnelles d’un massif primaire, manquent d’ampleur et souvent de dynamisme. La métallurgie du fer subsiste sous forme de fonderies, de constructions d’appareils sanitaires ou de chauffage (Ciney, Fumay, Revin) ; les non-ferreux et la laine ont émigré dans la vallée de la Vesdre ; la tannerie est en difficulté ; l’extraction des schistes, des calcaires est en meilleure position que celle des grès ; des industries alimentaires se sont développées. Le tourisme est une ressource essentielle, car l’Ardenne est enchâssée dans l’Europe industrielle. C’est également une réserve d’eau pour les régions limitrophes, ainsi qu’une petite productrice d’hydro-électricité.

Mais l’Ardenne est aussi, au cœur de l’Europe du Nord-Ouest, un obstacle, que l’on contourne surtout par le nord (axe de la Sambre, Liège, Aix-la-Chapelle, Cologne). La traversée nord-sud se fait par voies ferrées ; la Meuse est au gabarit de 1 350 t en territoire belge seulement ; la prolongation en France influencerait l’aménagement du territoire ; cette traversée mosane avait permis l’éclosion d’une civilisation brillante. Les villes (Vianden, Clervaux, Bouillon, Dinant, Chimay) sont de taille modeste et plus connues par l’art ou l’histoire que par leurs industries.

A. G.

➙ Liège (province de) / Luxembourg (grand-duché du) / Luxembourg (province du) / Namur (province de).

 G. Hoyois, l’Ardenne et les Ardennais. L’évolution économique et sociale d’une région (Éd. universitaires, 1949-1953 ; 2 vol.).