Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paoustovski (Konstantine Gueorguievitch)

Romancier russe (Moscou 1892 - id. 1968).


Né d’un père de souche ukrainienne, statisticien des chemins de fer, et d’une mère à moitié polonaise, Paoustovski fait ses études secondaires à Kiev, où il commence également des études supérieures, continuées (mais non achevées) à la faculté de droit de Moscou, à la veille de la guerre. En 1914, il gagne un moment sa vie comme conducteur et receveur de tramway, puis, après un bref séjour à l’armée en qualité d’infirmier, il s’engage comme ouvrier dans les usines d’armement du Donbass. De 1917 à 1929, il est journaliste à Moscou, où il assiste à la révolution, à Kiev, à Odessa, où il fréquente le cercle des écrivains locaux (Babel, I. A. Ilf, E. G. Bagritski), puis au Caucase et de nouveau, à partir de 1923, à Moscou. Son premier récit a paru à Kiev en 1912, mais c’est en 1928 seulement qu’il publie son premier livre, le recueil de nouvelles Vstretchnyïe korabli (Les vaisseaux que l’on croise en route), suivi en 1929 par le roman d’aventures Blistaïouchtchie oblaka (les Nuages étincelants). Ces premières œuvres, auxquelles viendra s’ajouter en 1935 le roman Romantiki (les Romantiques), écrit entre 1916 et 1923, établissent sa réputation d’écrivain disciple du romancier Aleksandr Grine (1880-1932), créateur d’un monde imaginaire d’aventures extraordinaires et d’exploits merveilleux.

Tout en restant fidèle à son goût des paysages exotiques, des rêves héroïques et des destinées exceptionnelles, Paoustovski est influencé par l’évolution générale de la littérature soviétique qui l’amène à faire dans son œuvre une place de plus en plus grande à l’actualité sociale et politique. Les romans Kara-Bougaz (1932) et Kolkhida (la Colchide, 1934), qui ont pour thème l’exploitation des richesses minérales de la mer Caspienne et la transformai ion de la nature en Transcausasie, se rattachent à la littérature des plans quinquennaux ; ils y occupent cependant une place particulière, grâce à l’équilibre que Paoustovski parvient à maintenir entre la poésie de la nature et l’évocation de problèmes techniques et entre l’aventure et l’actualité politique. Les récits historiques Soudba Charlia Lonsevillia (le Destin de Charles Lonceville, 1933), qui peint la solitude d’un ancien jacobin resté dans une Russie écrasée par le servage après la retraite de 1812, et Severnaïa povest (le Récit du Nord, 1938), qui évoque un épisode de l’époque des décembristes, concilient de la même façon la vérité humaine avec les impératifs idéologiques.

À mesure que son talent mûrit, le « romantisme » de Paoustovski se manifeste moins par l’invention romanesque, dont le rôle décroît dans son œuvre, que par une certaine aptitude à poétiser le détail, à mettre en valeur l’étincelle de merveilleux ou d’extraordinaire que peuvent receler l’objet ou l’événement en apparence les plus insignifiants. D’où la place centrale qu’occupe désormais dans son œuvre la nouvelle ou le bref récit où le « sujet » se réduit à une suite d’instants privilégiés (Letnie dni [Jours d’été], 1937). Les récits plus longs ont en général une base documentaire ou autobiographique et sont composés comme une suite de nouvelles reliées par un fil assez ténu. Ce sont des biographies de peintres ou d’écrivains (Orest Kiprenski, 1937 ; Isaac Levitan, 1937 ; Taras Chevtchenko, 1939), ou des réflexions sur les racines de l’art (Povest o lessakh [le Récit des forêts], 1948 ; Zolotaïa roza [la Rose d’or], 1955). Ce sera, commencée au lendemain de la guerre et reprise après la mort de Staline, une autobiographie (Povest o jizni [l’Histoire d’une vie]) qui comprend six volumes (Dalekie gody [les Années lointaines], 1946 ; Bespokoïnaïa iounost [Une jeunesse inquiète], 1955 ; Natchalo nevedomogo veka [Une ère inconnue commence], 1956 ; Vremia bolchikh ojidani [le Temps des grandes espérances], 1959 ; Brossok na ioug [Incursion vers le sud], 1960 ; Kniga skitani [le Livre des pérégrinations], 1963) et qui est sans doute son chef-d’œuvre.

Appliqué aux personnages qu’il met en scène, le principe de poétisation du réel, qui est à la base de l’esthétique de Paoustovski, rejoint l’impératif optimiste du réalisme socialiste, mais constitue en même temps une entorse à la morale « de classe » prêchée par ses adeptes. D’autre part, l’art de la nouvelle tel qu’il le pratique va à l’encontre de l’esthétique monumentale de l’époque stalinienne. C’est ce qui explique le relatif effacement de son œuvre pendant les années de la guerre et de l’après-guerre, et l’importance qu’elle acquiert au contraire à l’époque du dégel, où elle sert de modèle à toute une génération de jeunes prosateurs. Le récit Zolotaïa roza, où il définit son esthétique, a en 1955 la valeur d’un manifeste, de même que l’almanach Tarousskie stranitsy (les Pages de Taroussa), où de nombreux jeunes auteurs font leurs débuts sous son égide.

M. A.

 S. L. Lvov, Konstantine Paoustovski (en russe, Moscou, 1956). / L. Levicki, Konstantine Pooustovki (en russe, Moscou, 1963). / V. Iline, K. Paoustovski. Poésie des voyages (en russe, Moscou, 1967).

papauté

Dignité et pouvoir dont l’évêque de Rome, considéré comme pasteur suprême des chrétiens (le pape), est revêtu dans l’Église* catholique romaine.


Dans l’Église catholique, il est de foi que le Christ a voulu son Église fondée sur saint Pierre*, établi par lui chef du collège apostolique. Pierre, venu d’abord de Jérusalem à Antioche, fixe son siège à Rome*, où il subit le martyre sous l’empereur Néron.

« Le fait de Pierre » a comme conséquence que la capitale du monde devient, pour la suite des siècles, le centre de l’unité chrétienne et de la catholicité, ayant le privilège de garder en son sol le rocher sur lequel est bâtie l’œuvre temporelle du Christ. Paul VI est, comme tous ses prédécesseurs, à la fois évêque de Rome et chef de l’Église universelle.