psychasthénie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Terme forgé par Pierre Janet sur « neurasthénie », pour mettre l'accent non sur l'épuisement nerveux ou l'émotivité anxieuse, mais sur les aspects à la fois psychiques et intellectuels d'une famille de névroses.
Morale, Psychologie
Trouble psychique qui consiste en un abaissement de la tension psychologique.
La psychasthénie se manifeste par le doute, le scrupule, l'inhibition, l'indécision, la rigidité méticuleuse et la ratiocination morale. Tout acte y devient interminable (« sentiment d'incomplétude ») et abstrait (perte du « sens du réel »). C'est le fond mental de la névrose obsessionnelle, l'idée freudienne de conflit en moins. Pour Janet, c'est le symétrique inverse de l'hystérie, et donc, non pas un rétrécissement du champ de conscience (en extension), mais (en intension) une chute du niveau de l'énergie psychique censé culminer dans un rapport au concret dont témoignent l'action et la force de croire, entendus comme des idéaux intellectuels et moraux.
Décriée sur le plan nosologique, cette idée psychopathologique s'impose pourtant conceptuellement dès qu'on dresse le tableau d'un déficit quantitatif du « tonus mental », ou d'un ralentissement psychique global, etc. Elle décrit un style de vie typique, et a été articulée au thème de la « faiblesse de la volonté » à la fin du xixe s., chez Schopenhauer, Barrès et Nietzsche.
Pierre-Henri Castel
Notes bibliographiques
- Janet, P., Les obsessions et la psychasthénie, 2 vol., Paris, 1903-1904.