hystérie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec hystera, « matrice ». En allemand : Hysterie.

Psychanalyse

Névrose de transfert dont les symptômes ont l'apparence de troubles organiques atteignant la mémoire, la sensorialité, la motricité, la sexualité, l'hystérie a inspiré à Freud nombre de concepts fondamentaux : dynamique de conflit psychique, refoulement, inconscient, après-coup, identification, pluralité des personnes psychiques.

Le terme « hystérie », utilisé dès Hippocrate et toujours en usage en psychiatrie et en psychanalyse, relève d'une théorie étiologique sexuelle de troubles psychiques des femmes. La psychogenèse des troubles hystériques et leur présence dans les deux sexes sont démontrées par Charcot(1). Freud construit ensuite la théorie dynamique de l'hystérie comme psychonévrose de défense(2),(3), dont les symptômes – de conversion et d'angoisse – actualisent les vœux sexuels refoulés. L'insatisfaction que l'hystérie manifeste devant tout objet est interprétée par Lacan comme preuve que le désir humain est désir de désir.

Réduisant à l'impuissance la science et la médecine classiques, dont elle démontre les limites, se jouant de la séparation de l'âme et du corps, l'hystérie montre l'efficience du langage dans ses conversions (« c'est dur à digérer » : troubles digestifs, « j'en ai plein le dos » : lombalgie, etc.). Elle retrouve l'expressivité corporelle de l'enfance et impose l'étude de la dynamique du sens.

Abdelhadi Elfakir, Michèle Porte

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Charcot, J.-M., Leçons du mardi à la Salpêtrière (1887-1888 et 1888-1889), 2 vol., Progrès médical-Bataille, Paris, 1892.
  • 2 ↑ Freud, S., « Les psychonévroses de défense » (1894), in Névrose, psychose et perversion, PUF, Paris, 1973, pp. 1-14.
  • 3 ↑ Freud, S., « Fragments d'une analyse d'hystérie (Dora) » (1905), in Cinq Psychanalyses, PUF, Paris, 1967, pp. 1-91.

→ conversion, masculin / féminin, névrose, transfert