inertie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin inertia.
Physique, Histoire des Sciences
Propriété des corps par laquelle ils conservent leur état de mouvement ou de repos en l'absence de forces extérieures qui leur seraient appliquées.
Newton fait de l'inertie une loi du mouvement, la première, dans les Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica, publiés en 1687 : « tout corps persévère dans son état de repos ou de mouvement rectiligne uniforme, tant qu'aucune force imprimée ne le contraint à en changer »(1). Newton fait crédit de cette loi d'inertie à Galilée bien que le Florentin ait toujours affirmé l'existence, dans la nature, d'un mouvement uniforme en cercle et non en ligne droite(2). Seules quelques expériences de pensée et la décomposition théorique du mouvement des projectiles en deux termes (un mouvement de chute et un mouvement rectiligne uniforme) renferme les prémisses galiléenne d'une loi d'inertie. Le concept galiléen qui s'approche au plus près de l'inertie est le principe de « non-influence du mouvement commun » par lequel se trouve justifié le fait qu'un système de corps emporté à une vitesse uniforme ne ressent aucun effet de ce mouvement : ainsi les papillons emportés de Venise à Corfou dans une cage de bateau volent en tous sens comme si le bateau était au repos. C'est à Descartes qu'il faut attribuer, sans doute, une première formulation – conjointe à celle que l'on trouve chez Isaac Beeckman – complète de cette loi fondamentale de la mécanique. Dans les Principes de la philosophie, Seconde Partie, article 37, Descartes énonce ce principe sous le nom de « première loi de la nature » : « (...) que chaque chose demeure en l'état qu'elle est, pendant que rien ne le change(3) ». Descartes ajoute en outre à l'article 39 une notation décisive : « (...) que tout corps qui se meut, tend à continuer son mouvement en ligne droite(4). » Placées l'une en regard de l'autre, ces deux lois forment l'unique première loi de Newton dont l'application à la translation du centre de gravité d'un système de corps liés est à l'origine de nombreuses lois d'équilibre, des règles du choc établies par Christiaan Huygens(5), ainsi que de l'étude générale des transformations par lesquelles on peut traduire les états de mouvement et de force d'un système inertiel donné dans ceux d'un autre, animé d'un mouvement quelconque par rapport au premier.
Fabien Chareix
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Newton, I., Philosophiæ naturalis principia mathematica, édition I.B. Cohen & A. Koyré, 2 vol., Cambridge : Harvard University Press, 1972. Axiomata, Lex I, p. 54.
- 2 ↑ Galilée, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, trad. F. De Gandt et M. Fréreux, Paris : Seuil, 1992.
- 3 ↑ Descartes, R., Seconde Partie des Principes de la philosophie, art. 37 (Paris, Vrin-reprise, vol. IX – Reprint de l'Éd. Adam et Tannery, Paris, Vrin, 1971).
- 4 ↑ Ibidem, art. 39.
- 5 ↑ Christiaan Huygens, Œuvres complètes, La Haye, Société hollandaise royale des sciences-Nijhoff, 1880-1950, 22 volumes, vol. XVI, pp. 90 et suiv.
