impetus
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Mot latin (n. m.) pour « impulsion », « tendance », traduisant le grec hormê. C'est le terme utilisé par Sénèque(1) pour traduire le grec hormê ; Cicéron(2) utilise appetitio.
Tirant son origine des facultés de l'âme, l'impetus prend en philosophie naturelle la valeur d'une première ébauche de la notion de force chez Galilée. Abandonnée au profit de l'inertie proprement dite, elle a tout de même été l'occasion des premières critique de la physique aristotélicienne (en particulier : l'antiperistasis) chez Philopon et Nemorarius, dès les premiers siècles de notre ère.
Philosophie Antique
Mouvement de l'âme qui la pousse vers un objet ou qui l'en éloigne ; c'est l'une des quatre facultés de l'âme distinguées par les stoïciens, avec la représentation, l'assentiment et le logos.
Il existe deux sortes d'impulsion : l'impulsion « pratique », qui nous pousse à agir ; et les impulsions purement réactives, comme le plaisir et la peine. L'impulsion première, réaction spontanée de l'âme accompagnant une représentation, se distingue de l'impulsion propre aux animaux rationnels, qui se développe une fois donné l'assentiment à la représentation. « Il serait bon de marcher : je ne marcherai que si je me le suis dit et si j'ai ensuite donné mon assentiment à cette opinion.(3) »
Les stoïciens distinguent l'impulsion raisonnable (joie, volonté, crainte) de l'impulsion déraisonnable, ou passion, pathos (plaisir, souffrance, désir et peur)(4).
Jean Baptiste Gourinat
Notes bibliographiques
Philosophie des Sciences
Attribution à un mobile, par exemple un corps lancé, du seul fait de sa mise en mouvement et par suite de son association avec un moteur, par exemple la main, d'une espèce de qualité, de puissance ou de vertu qui s'y serait imprimée ou qui l'imprégnerait.
Cette conception, tout à fait étrangère à l'esprit de la « dynamique » aristotélicienne, apparaît dans les écrits de Philopon (v. 490-v. 566). Cependant, elle a été pour l'essentiel développée par la physique parisienne du xive s., illustrée principalement par les travaux d'Oresme (1323 [?]-1382) et de Buridan (1300-1358). Ces derniers précisent entre autres que la qualité acquise par le mobile est, d'une part, d'autant plus grande que l'association au moteur dure plus longtemps mais aussi, d'autre part, qu'elle s'épuise dans le mouvement. Reprise dans ses écrits de jeunesse (époque pisane), puis critiquée par Galilée, la notion d'impetus, qui ne peut être comprise comme première forme du principe d'inertie, disparaît de la science du mouvement. La Définition IV des Philosophiae Naturalis Principia Mathematica de Newton, publiés à Londres en 1687, en témoigne clairement : « La force imprimée est une action exercée sur le corps, qui a pour effet de changer son état de repos ou de mouvement rectiligne uniforme. Cette force consiste dans l'action seule, et elle ne persiste pas dans le corps dès que l'action vient à cesser [...]. »
Michel Blay
Notes bibliographiques
- Dugas, R., Histoire de la mécanique, Éditions du Griffon, Neuchâtel, 1950.
- Jouguet, E., Lectures de mécanique, Gauthier-Villars, Paris, 1924.
- Koyré, A., Études galiléennes, Hermann, Paris, 1966, rééd. 1980.