idéal

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec, via le latin idea et idealis. En allemand : Ideal.

Philosophie Générale

Principe de la connaissance qui ne peut être qu'une façon régulatrice de fonder les lois.

Chez Kant, un Idéal de la raison pure est considéré comme valide s'il prend la signification d'un principe régulateur(1), par opposition à tout principe constitutif. On fait usage d'un Idéal lorsque l'on ne parvient pas à totaliser l'expérience par la découverte d'une loi générale tirée des phénomènes seuls. L'Idéal transcendantal est typiquement, dans la métaphysique dogmatique, une condition originaire, située hors de la série des causes et effets. Lorsqu'un Idéal se présente de façon subreptice comme réel, il prend la valeur d'un principe constitutif qui voudrait penser les conditions de possibilité d'un objet du savoir, c'est-à-dire l'inconditionné. La critique kantienne consiste à purger la philosophie de tels principes, lorsqu'ils se présentent comme constitutifs (immutabilité de Dieu, principe de moindre action, finalité dans la nature). Kant aura une approche plus différenciée des idéaux de la raison pure et spéculative lorsqu'il en viendra, dans la Critique de la faculté de juger, à poser l'existence sans doute réelle d'une finalité interne et externe (ou relative) entre les parties du monde.

Fabien Chareix

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Kant, E., Critique de la raison pure, Paris : PUF, 1968, Dialectique transcendantale, Livre II, Ch. 3, sections 4 et suiv.

→ critique (philosophie), inconditionné, principe

Mathématiques

(A, +, ×) étant un anneau commutatif, un idéal de A est une partie I, non vide, de A, telle que :
1. pour tout couple (xy) d'éléments de A, x – y ∈ I
2. pour tout élément x de I et tout élément z de A, xz ∈ I
Les ensembles {0A} et A sont des idéaux de A. Un idéal est aussi un sous-groupe de (A, +).

Les idéaux de l'ensemble ℤ des entiers relatifs sont les ensembles de la forme nℤ où n est un entier quelconque.

Dans la théorie des coupures de Dedekind, la notion d'idéal joue un rôle important puisque, si l'on considère l'ensemble ℚ des rationnels muni des deux opérations ensemblistes ∩ et ∪, alors, toute coupure (c'est-à-dire tout nombre réel) est un idéal de (ℚ, ∩, ∪).

Vincent Jullien

Psychanalyse

Modèle de perfection, pôle de vœux et de valeurs qui motivent les actes, ou se révèlent une fiction opposée au réel. En psychanalyse la dimension idéale est signifiée par le concept d'Idéal du Moi (Ichideal), en tant que modèle de référence du Moi.

Introduit en 1914(1), l'idéal est vu comme héritier du narcissisme primaire et agent du refoulement. Incapable de renoncer à l'état où, enfant, il « était lui-même son propre idéal »(2), l'homme cherche à le regagner dans la forme de l'Idéal du Moi. Le refoulement procède alors de l'incompatibilité entre les vœux et les conditions narcissiques-idéales. Plus tard(3), Freud montre que l'idéalisation d'un objet commun – guide réel ou abstraction –, tenant lieu d'idéal, soudent les membres d'un collectif par identification. L'idéal devient enfin(4) une fonction du surmoi, qui veille à conserver sa valeur narcissique à l'objet ainsi qu'au Moi.

Une idéalité abstraite eût entraîné un spiritualisme de type junguien. Freud y échappe en concevant une formation érigée dans le Moi par une dynamique narcissique, impliquant le rapport libidinal de la personne à elle-même. Les origines infantiles de la formation de l'idéal élucident la puissance de ses avatars, dans la passion amoureuse, l'hypnose et les aliénations collectives, politiques ou religieuses. Ainsi, la métapsychologie compliquée de l'idéal demeure une recherche d'actualité.

Mauricio Fernandez

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., « Pour introduire le narcissisme », in la Vie sexuelle, PUF, Paris, 1969.
  • 2 ↑ Freud, S., « Psychologie des foules et analyse du moi », in Essais de psychanalyse, Payot, Paris, 1981.
  • 3 ↑ Freud, S., Totem et tabou, Payot, Paris, 1965.
  • 4 ↑ Freud, S., « le Moi et le Ça », in Essais de psychanalyse, Payot, Paris, 1981.

→ amour, guide, masse, moi, narcissisme, objet, sexualité