hypostase

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec hupostasis, de hupo « sous » et stanai « se tenir » : « fondement, support ».

Philosophie Antique, Théologie

1. Dans la philosophie alexandrine, principes divins émanant de toute éternité l'un de l'autre. – 2. Dans la théologie chrétienne, synonyme à la fois de sujet, en tant que substance première ou individuelle, et de personne, lorsqu'on parle d'hypostase rationnelle, ainsi les trois personnes de la Trinité, par opposition à leur nature commune, et l'unique personne du Christ par rapport à la dualité de ses natures.

Le terme « hypostase », bien que présent dans l'œuvre d'Aristote qui le prend dans le sens de résidu, voire de réalité consistante (par opposition à l'illusoire), n'acquiert de sens philosophique que dans la tradition stoïcienne, où il désigne une réalité dépendante, et surtout néoplatonicienne. Ainsi, chez Plotin, l'univers est hiérarchisé en trois stades désignés chacun par le nom d'hypostase : l'Un absolu, d'où émane l'Intellect, lequel comprend toutes les intelligences particulières et engendre lui-même l'Âme du monde, troisième hypostase, source du monde sensible et, par là même, de multiplicité et de dispersion(1). Accordant ces spéculations à leurs problématiques propres, les Pères de l'Église, aux ive et ve s., adopteront le terme « hypostase » pour désigner la personnalité distincte du Père, du Fils et de l'Esprit saint, en opposition à l'ousia (« substance »), qui exprime la nature commune à ces trois hypostases. De même, ils expliquent le mystère de l'union du Verbe incarné par la rencontre de deux natures en une seule hypostase, synonyme de prosôpon (« personne »). Chez les scolastiques, la notion, tout en gardant le sens d'individu, désigne aussi plus spécialement la substance première, voire la personne morale : « Les substances individuelles sont appelées hypostases ou substances premières. »(2).

Michel Lambert

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Plotin, Ennéades, V, 1-3 ; 6-7, tr. E. Bréhier (1931), Les Belles Lettres, Paris, 1991.
  • 2 ↑ D'Aquin, Th. (saint), Somme théologique, I, q.29, a.1c ; voir III, q.2, Cerf, Paris, vol. I, 1984.
  • Voir aussi : Dörrie, H., « Hupostasis. Wort- und Bedeutungsgeschichte », in Nachrichten der Akademie der Wissenschaften in Göttingen, no 3, pp. 35-92, 1955.

→ émanation, nature, personne, substance