humeur

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin humor, « liquide » (en particulier corporel).

Philosophie Générale, Histoire des Sciences

Dans la médecine ancienne, fluide corporel dont la répartition conditionne ponctuellement l'état de santé de l'individu et détermine généralement son caractère. Les quatre humeurs de la médecine galénique sont le flegme, la bile ou cholère, la bile noire ou atrabile, le sang.

Chez Galien(1), les humeurs sont les liquides physiques dont la circulation, la production et la combinaison définissent deux formes d'équilibre : d'un point de vue général, la balance durable des humeurs détermine un tempérament, c'est-à-dire une disposition fondamentale du corps et de l'âme (de telles dispositions permettent alors une classification des types de caractère) ; d'un point de vue particulier, l'équilibre des humeurs dans l'instant détermine la maladie ou la santé dans un individu(2). En tant que ces humeurs correspondent à des combinaisons de qualités physiques (chaud ou froid, sec ou humide), mais aussi à des éléments naturels ou à des influences astrales, la médecine humorale peut intégrer l'idée de complexion individuelle dans un cosmos qui lui répond point par point.

Parce qu'elle désigne un équilibre fluide et fluctuant par lequel les états du corps peuvent conditionner les états de l'âme, l'humeur a fini par excéder le seul champ médical pour désigner les dispositions du caractère(3), mais aussi les états de l'âme, et parfois même les dispositions collectives des peuples(4).

Laurent Gerbier

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Galien, L'âme et ses passions, tr. V. Barras, T. Birchler et A.-F. Morand, Les Belles Lettres, Paris, 1995.
  • 2 ↑ Grmek, M. D. (dir.), Histoire de la pensée médicale en Occident, vol. I, « Antiquité et Moyen Âge », Seuil, Paris, 1995.
  • 3 ↑ Burton, K., Anatomie de la mélancolie (1621), tr. B. Hoepffner, Corti, Paris, 2000.
  • 4 ↑ Machiavel, N., Le Prince (1513), ch. ix, tr. J.-L. Fournel et J.-Cl. Zancarini, PUF, Paris, 2000, pp. 99-101.

→ caractère, médecine, mélancolie