extase

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec ekstasis, « fait d'être hors de soi », « égarement ».

Phénoménologie, Théologie

Expérience dans laquelle la conscience s'échappe à elle-même.

Dans le néoplatonisme, l'extase désigne le détachement de soi et du monde par lequel l'âme parvient à l'union avec l'Un : l'extase est alors purification et séparation en vue d'une union(1). La possibilité de cette union fait l'objet d'un débat qui traverse tous les néoplatonismes arabes, médiévaux ou datant de la Renaissance : l'enjeu en est la possibilité pour l'âme d'atteindre cet état de béatitude suprême.

L'extase signifie en effet aussi et par extension l'état de plaisir parfait dans lequel l'âme ne s'appartient plus et, se perdant soi-même, cesse tout commerce avec le monde. Dans cet état l'expérience mystique rejoint le paroxysme érotique et la pathologie de l'esprit.

Cette sortie de soi qui caractérise l'extase se retrouve dans l'expérience de la distance à soi que cherchent à saisir les philosophies de l'existence : ainsi chez Heidegger les trois dimensions classiques du temps (passé, présent, avenir) sont recomprises comme ekstases au sens où « la temporalité est le hors-de-soi originaire »(2). Pour Sartre, cette triple « ek-stase » de la temporalité correspond au mode de présence à soi de la conscience, qui se caractérise comme distance et écart à soi-même(3).

Laurent Gerbier

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Plotin, Ennéades, IV, 8, tr. E. Bréhier (1927), Les Belles Lettres, Paris, 1993.
  • 2 ↑ Heidegger, M., Être et temps (1927), § 65, tr. F. Vezin, Gallimard, Paris, 1987.
  • 3 ↑ Sartre, J.-P., L'Être et le néant (1943), II, 2, Gallimard, Paris, 1976, p. 168-189.
  • Voir aussi : Couliano, I. P., Expériences de l'extase, Payot, Paris, 1984.

→ amour, béatitude, temporalité, transcendance, un