encyclopédie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec kuklos, « cercle », et paideia, « science, institution », d'où egkuklopaideia, « cycle complet d'études ».

Philosophie Générale, Philosophie des Sciences

Enchaînement des sciences ou des connaissances.

Il importe de distinguer les notions d'encyclopédisme et d'encyclopédie. Par encyclopédisme, on désigne l'attitude de l'homme face au savoir, qui cherche à totaliser de manière systématique ce qu'il sait et ce qu'il veut savoir. L'encyclopédie est la forme que prend, à un moment donné du savoir, l'accomplissement de cette volonté encyclopédiste : elle consiste à la fois en une production intellectuelle et une production littéraire spécifique. L'encyclopédie a pour objet de mettre en ordre les connaissances que recouvrent les mots, c'est un dictionnaire raisonné des connaissances ou dictionnaire encyclopédique qui se distingue du dictionnaire de langue qui a pour objet les mots et leur histoire (étymologie, description du sens propre, du sens par extension d'un mot, etc.).

Dès l'Antiquité, deux tendances se manifestent dans l'encyclopédie. Le meilleur représentant de la première tendance « rationnelle » est Aristote, selon qui le savoir a pour fin la sagesse si bien que philosophie et encyclopédie tendent à s'identifier(1). Pour parvenir à la sagesse, il importe de lier les connaissances, mais aussi de les hiérarchiser et, donc, de les unifier (l'unité du savoir étant assurée par une méthodologie générale). Cette conception rationnelle de l'encyclopédie est corrélée à la païedia, c'est-à-dire à l'éducation : le cycle d'études doit permettre d'accéder au savoir comme totalité. La seconde tendance, « empirique », est représentée par l'approche « alexandrine » de l'encyclopédie, c'est-à-dire par une conception qui tend à associer la notion d'encyclopédie à celle de catalogue, voire à identifier l'encyclopédie à la bibliothèque ou au recueil des ouvrages. À l'âge classique, ces deux tendances parviennent à s'unir dans l'Encyclopédie(2) de Diderot et de d'Alembert, qui est l'héritière de la conception empirique repensée par Bacon (une des grandes références de Diderot et d'Alembert), manifeste dans l'exigence d'exhaustivité et dans le choix de l'ordre alphabétique, mais qui est clairement aussi l'héritière de la conception rationnelle d'Aristote dans son exigence d'ordre et d'unité (voir « Le système figuré des connaissances », où l'arbre encyclopédique et le système des renvois d'un article à l'autre visent à instaurer l'ordre encyclopédique et ainsi pallier les insuffisances de l'ordre alphabétique). Cela explique le succès de cet ouvrage. Cependant, à partir du xixe s. et jusqu'à aujourd'hui, les dictionnaires encyclopédiques prennent pour modèle l'Encyclopædia Britannica, qui a su profiter du succès de l'Encyclopédie de Diderot et de d'Alembert, mais s'est écartée du pur ordre alphabétique par l'alternance de traités assez longs sur une question et d'entrées plus brèves. C'est, sur le plan international, le prototype du genre encyclopédique.

Véronique Le Ru

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Aristote, Métaphysique, trad. Tricot, Vrin, Paris, 1966.
  • 2 ↑ Encyclopédie des sciences, des arts et des métiers, éditée par d'Alembert et Diderot, Briasson, David, Le Breton et Durand, 35 vol., Paris, 1751-1780.
  • Voir aussi : Rey, A., Encyclopédies et Dictionnaires, PUF, Paris, 1982.
  • Eco, U., Sémiotique et philosophie du langage, PUF, Paris, 1988.

→ classification, encyclopédisme, ordre