antinomie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin antinomia, du grec stymo.

Philosophie Générale, Logique, Mathématiques

Formulation contradictoire ou paradoxale qui n'admet pas de solution.

Découvrant les paradoxes, les Mégariques y virent une menace grave pour l'usage de la dialectique : certaines questions n'admettaient pas de réponse par oui ou non. Ainsi de la question « Est-ce que je mens ? »(1).

Pour Kant, la raison pure se heurte à des antinomies dès lors qu'elle prétend s'émanciper de l'expérience possible. Ainsi, elle peut par exemple admettre la thèse selon laquelle le monde a un commencement dans le temps et est limité dans l'espace et son antithèse selon laquelle le monde n'a ni commencement ni n'est limité(2).

À l'aube du xxe s., les antiques antinomies resurgirent au cœur même de l'entreprise de fondation des sciences formelles, ouvrant la « crise des mathématiques ». Sur le modèle du paradoxe des classes de Russell, d'innombrables antinomies prenaient la forme d'alternatives dont chacune des branches conduisait à une impasse.

Ainsi, loin de s'avérer de simples erreurs de raisonnements, d'usage de règles fiables, les antinomies mettent directement en cause la pertinence des « lois » (nomos) et principes de la pensée et de la raison.

Denis Vernant

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Muller, R., Les Mégariques, Fragment et témoignages, Vrin, Paris, 1985.
  • 2 ↑ Kant, E., Critique de la raison pure, Dialectique transcendantale, livre II, chap. II (L'antinomie de la raison pure).

→ classes (paradoxe des), menteur (paradoxe du)