Wernher von Braun

Ingénieur allemand, naturalisé américain (Wirsitz, aujourd'hui Wyrzysk, Pologne, 1912-Alexandria, Virginie, 1977).

Une passion pour les fusées

À 13 ans, la lecture d’un ouvrage d’Hermann Oberth déclenche chez lui une passion pour les fusées qui ne le quittera plus. Il étudie aux instituts technologiques de Zurich et de Berlin, puis à l'université de Berlin, tout en consacrant ses loisirs, à partir de 1930, à construire de petites fusées expérimentales au sein d’un groupe animé par Hermann Oberth. En 1932, alors qu’il vient d’obtenir son diplôme d’ingénieur, il décroche un contrat d’études de fusées de l’armée allemande ; celle-ci met à sa disposition, pour qu’il poursuive ses expériences, le camp d’artillerie de Kummersdorf, dirigé par le capitaine Walter Dornberger, dont il devient l’ami. Il y met au point les fusées A1 et A2 (abréviation de Aggregat, combiné). Parallèlement, il soutient en 1934 une thèse de doctorat sur la propulsion des fusées. En 1937, il adhère au parti nazi. Nommé, la même année, directeur technique du nouveau centre d'essais de fusées de Peenemünde, puis devenu officier SS en 1940, il supervise pendant la Seconde Guerre mondiale la mise au point et la production du V2 (abréviation de Vergeltungswaffen, arme de représailles), missile conçu pour répondre aux bombardements des Alliés. Quelque 8 000 ingénieurs ou techniciens ainsi que des prisonniers et déportés du camp de concentration de Dora seront affectés à cette tâche.

De l’Allemagne nazie au programme spatial américain

En 1945, après sa reddition à l’armée américaine, avec quelque 120 de ses meilleurs ingénieurs, von Braun est emmené aux États-Unis, où il est d'abord nommé chef des projets de missiles guidés de l'armée, au centre de Fort-Bliss (Texas). Avec son équipe de spécialistes, il aide l’armée de terre américaine à reconstruire des V2 récupérés dans les usines d’assemblage et acheminés aux États-Unis par bateau. En 1950, il devient directeur civil du plan de recherches et de développement du Redstone Arsenal à Huntsville (Alabama) ; il est ainsi à l'origine de la fusée Redstone, qui sera le premier missile balistique guidé de l'armée américaine et assurera, en 1961, le lancement dans l'espace des premiers astronautes américains. Naturalisé américain en 1955, il devient, en 1956, directeur des recherches de l’Army Ballistic Missile Agency. À ce poste, il assure la mise au point des missiles Pershing et Jupiter. En 1957, la mise en orbite du premier satellite artificiel, Spoutnik 1, par l’U.R.S.S., et l’échec du premier programme spatial américain, Vanguard, placé sous la responsabilité de la Marine, sont ressentis aux États-Unis comme des humiliations. Von Braun sauve l’honneur en mettant au point en moins de deux mois le lanceur Juno, qui réussit à placer sur orbite, le 31 janvier 1958, le premier satellite américain. En 1960, il entre à la NASA, dont il devient directeur du Marshall Space Flight Center, à Huntsville. L’année suivante, à l’instigation du président John Fitzgerald Kennedy, la décision est prise d’envoyer des hommes sur la Lune et l’activité de von Braun va désormais se concentrer sur le développement de la famille des lanceurs Saturn, clé de voûte du programme Apollo. Il met notamment au point le lanceur géant Saturn 5, grâce auquel des astronautes américains vont atteindre la Lune et qui sera utilisé à 13 reprises entre 1967 et 1973, sans aucun échec. En 1970, après le succès des premiers débarquements d’astronautes sur la Lune, von Braun est promu administrateur délégué de la NASA, chargé des programmes futurs, et rejoint Washington. Deux ans plus tard, avec l’interruption prématurée du programme Apollo, il quitte ses fonctions. Il entre alors comme directeur adjoint à la société Fairchild, un sous-traitant de la NASA, et milite notamment pour le développement des télécommunications spatiales dans les pays du tiers-monde. Il prend sa retraite à la fin de 1976, diminué par un cancer du foie qui l’emporte quelques mois plus tard.