orphisme
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Courant religieux qui propose à ses adeptes le salut de l'âme par l'ascèse et l'initiation.
Le point de départ historique de l'orphisme, rattaché au Thrace Orphée, se situe au vie siècle av. J.-C., fondé sur le mythe de la naissance de Dionysos-Zagréus. Les premiers écrits de la tradition orphique sont attribués à Onomacrite. Les Hymnes orphiques et les Argonautiques orphiques sont datés, quant à eux, entre le iie et le ve siècle apr. J.-C.
Zeus s'unit à Perséphone qui donne naissance à Zagréus. Afin de le soustraire à la colère d'Héra, Zeus confie l'enfant illégitime aux Curetés. Mais Héra, l'ayant découvert, charge les fils de Gaia du soin d'éliminer le petit Zagréus. Les Titans le capturent, le démembrent et le dévorent. Athéna récupère le cœur de l'enfant, qui bat encore, et le porte à Zeus, qui l'avale. Zagréus ressuscite, donnant, par là même, naissance à un nouveau dieu, Dionysos. Les Titans sont foudroyés par le maître de l'Olympe ; de leurs cendres naît le genre humain, fait du bon et du mauvais – du dionysaque (divin), que les Titans se sont approprié en mangeant le dieu, et du titanique.
Le principe de l'orphisme vise à éliminer le côté titanique présent en chaque individu afin de ne conserver que la partie divine. Mais l'homme seul n'a pas la force de le faire : il lui faut l'aide et la grâce divine. Or cette aide et cette grâce, il ne peut les obtenir qu'après avoir été instruit, c'est-à-dire initié aux mystères. De là un certain nombre de pratiques purificatrices ; celle, par exemple, qui consiste en un refus absolu de manger de la viande. Référence au mythe de Dionysos-Zagréus, mais aussi à la ruse de Prométhée : lorsqu'il faut connaître quelle nourriture sera attribuée aux hommes et aux dieux, Prométhée veut favoriser les mortels. Du bœuf sacrifié, il convient de savoir quelles parties de l'animal seront consacrées aux dieux, lesquelles aux humains. Prométhée fait le partage : d'un côté il glisse la meilleure viande sous la peau du bœuf ; de l'autre côté, il place les os et les abats, mais recouverts d'une graisse au fumet appétissant. Puis il demande à Zeus de faire son choix. Sans doute conscient de la tromperie, le maître de l'Olympe choisit néanmoins la part qui a le plus bel aspect. Ainsi, en voulant agir pour le bien de l'humanité, Prométhée condamne celle-ci au besoin de se nourrir (en effet, les parfums suffisent aux dieux) et consacre la suprématie des divinités. D'où le refus, pour les adeptes de la nouvelle religion, de consommer de la viande, mais aussi de participer aux sacrifices sanglants.
Cette morale ascétique permet d'expier le meurtre originel, de libérer l'âme de sa prison, de son tombeau (séma), le corps (soma) ; ce faisant, l'existence est considérée comme une peine à accomplir, la seule vie véritable se trouvant entre les mains de Perséphone dont il faut mériter qu'elle accorde la résurrection et le salut. L'accès au salut vient en son temps (le suicide est proscrit), après trois réincarnations vertueuses de l'âme. Des lamelles d'or ont été retrouvées en Crète et en Grande-Grèce, à l'intérieur de tombes. Sur ces tablettes sont gravées des formules que l'initié, arrivé aux portes des Enfers, doit prononcer pour accéder à l'eau de la vie. Ainsi, on peut rechercher l'origine de cette doctrine en Crète.
D'après Hérodote et Plutarque, la doctrine orphique du jugement après la mort serait issue du culte d'Isis et d'Osiris. Par ailleurs, ne rencontre-t-on pas les signes d'une vie meilleure dans le mythe de Cronos-Saturne ? Chassé du ciel (mort symbolique), Cronos retrouve toute sa grandeur (résurrection) dans le Latium.
Variante
Certains disent que Mélampous, parce qu'il institue le culte de Dionysos en Grèce et la procession du phallus après avoir guéri les filles de Proétos de leur délire dionysiaque, est l'initiateur légendaire de l'orphisme.