Muses

Les Muses.
Les Muses.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Divinités protectrices et inspiratrices des arts.

Jamais sculpteur ni peintre ne présenta les Muses armées : ce qui s'accorde avec l'opinion où l'on a toujours été, que l'esprit de paix et de douceur est nécessaire dans le commerce des Muses.

À l'origine, les Muses sont trois : Mélété (« Pensée »), Mnémé (« Souvenir »), Aédé (« Chant »). Tantôt filles d'Ouranos et de Gaia, tantôt filles d'Harmonie. Selon la tradition la mieux établie, les Muses, conduites par Apollon (Musagète), sont au nombre de neuf, nées des neuf nuits où Zeus s'unit à Mnémosyne. Selon Pindare, les dieux exhortent leur souverain à créer les Muses afin qu'elles commémorent, par leur chant, la victoire des dieux sur les Titans. Pour les poètes, elles sont non seulement les protectrices de leur art, mais leur voix même et les inspiratrices qui leur confient ce pouvoir de transmettre les « belles choses » au commun des mortel.

Ce sont les Muses qui, alors qu'il fait paître ses troupeaux, consacrent Hésiode poète.

Leur culte est très vivace à Sparte, lié à la musique qui fait partie intégrante de l'éducation. Un temple des Muses s'élève sur l'acropole, où les jeunes en armes se rendent en procession solennelle. À la guerre, les guerriers marchent « en cadence au son de la flûte », après que le roi a sacrifié aux Muses.

Homère invoque la Muse au début de l'Iliade. Véritables divinités, on les salue au début des festins comme on boit aujourd'hui à la santé de quelqu'un.

Elles vivent sur l'Olympe, mais aussi sur Terre, sur l'Hélicon (près de la fontaine d'Aganippé), sur le Pinde, le Parnasse, le Piérie, près des fontaines de Castalie, à Delphes, et d'Hippocrène.

Il est dangereux de se les aliéner. Ainsi les Sirènes, voulant rivaliser avec elles, y laissent leurs plumes ; les neuf filles de Piéros, quant à elles, y gagnent leurs plumes, puisqu'elles sont, par punition, changées en oiseaux. À la suite de quoi, les victorieuses ont pris le nom de Piérides. On a pu distinguer deux groupes de Muses : les Thraces de Piérie, liées à Orphée et à Dionysos, et les Béotiennes dirigées par Apollon.

Les Romains identifient les Muses aux Camènes.

Voir aussi : Piérides, Camènes

1. Calliope (« À la belle voix ») est la Muse de la poésie épique, de l'éloquence. Probablement supérieure aux autres (première de toutes à l'époque d'Hésiode), elle va couronnée d'or et un livre à la main, ou bien encore « couronnée de lierre et cheveux épars ». Elle est la mère d'Orphée qu'elle a eu d'Œagre et peut-être aussi de Rhésos. Elle marche au hasard dans les bois, jouant de la flûte ou chantant.

2. Clio (« Célèbre ») est la Muse de l'Histoire. Assise ou debout, couronnée de lauriers, elle a près d'elle une caisse de livres ; elle tient parfois dans la main droite une trompette, dans la gauche un livre. Parce qu'elle a colporté des médisances sur l'amour d'Aphrodite avec Adonis, la déesse la condamne à tomber amoureuse de Piéros, le fils de Magnétès. Elle met au monde un fils, Hyacinthos.

3. Érato (« Aimée ») est la Muse de la poésie lyrique et érotique ; elle prend son nom d'Éros. Enjouée, couronnée de rosés, elle tient une lyre dans la main droite, un plectre dans la gauche. C'est Érato qu'Apollonios de Rhodes invoque au début du troisième chant des Argonautiques afin de savoir comment, grâce à l'amour de Médée, Jason s'empare de la Toison d'or. Elle passe pour avoir découvert la géométrie.

4. Divinité de la joie et du plaisir à ses débuts, Euterpe (« Réjouissante ») devient la Muse de la musique. Des couronnes sur la tête, elle joue de la flûte, au milieu d'autres instruments. Unie au fleuve Strymon, elle est la mère de Rhésos.

5. Melpomène (« Chanteresse ») est la Muse de la tragédie. Solennelle, elle tient à la main un sceptre, parfois une épée, parfois la massue d'Héraclès. Horace, qui invoque souvent Melpomène, la remercie d'être devenu ce qu'il est.

6. Polymnie (« Aux nombreux hymnes ») est la Muse de l'hymne, de la rhétorique. Revêtue d'un long drap blanc, elle apparaît si pensive qu'on l'associe parfois à (sa mère ?) Mnémosyne.

7. Terpsichore (« Celle que la danse réjouit ») est la Muse de la danse. Enthousiaste, elle est représentée avec une lyre. Elle est la mère de Rhésos et passe également pour avoir engendré les Sirènes.

8. Thalie (« Florissante »), la « spécialiste de la lyre courbe », est la Muse de la comédie. Coiffée de lierre, elle tient à la main un masque et un bâton de berger. Elle préside également aux études agricoles ; il semble qu'à l'origine, elle ait été une Muse rustique. Unie à Apollon, elle serait la mère des Corybantes.

9. Uranie (« Céleste ») est la Muse de l'astronomie. Vêtue de bleu et couronnée d'étoiles, elle tient dans une main un bâton, dans l'autre un globe et, parfois, des instruments de mesure. Elle passe pour être la mère de l'aède Linos qu'elle a eu d'Apollon. Séduite par Dionysos, Uranie a, selon Catulle, donné le jour à Hymen (Hyménée).

Voir aussi : Hélicon

Hésiode et les Muses

Elles-mêmes enseignèrent leurs beaux chants à Hésiode, tandis qu'il paissait son troupeau au pied de l'Hélicon. Voici comme me parlèrent ces déesses de l'Olympe, ces filles de Zeus : « Pasteurs qui dormez dans les champs, race grossière et brutale, nous savons des histoires mensongères qui ressemblent à la vérité ; nous pouvons aussi, quand il nous plaît, en raconter de véritables. Ainsi dirent les filles éloquentes du grand Zeus, et elles placèrent dans mes mains un sceptre merveilleux, un verdoyant rameau d'olivier : elles me soufflèrent une voix divine pour annoncer ce qui doit être et ce qui fut ; elles m'ordonnèrent de célébrer la race des immortels, les bienheureux habitants du Ciel, elles surtout, dont la louange devait toujours ouvrir et terminer mes chants.

Hésiode

À Melpomène

Celui que tu as une seule fois, Melpomène, regardé d'un œil bienveillant au moment de sa naissance, celui-là ne s'illustrera pas comme pugiliste aux jeux Isthmiques, il ne devra pas la victoire au char achéen traîné par un cheval ardent, il ne sera pas un chef honoré, pour ses exploits guerriers, du laurier d'Apollon et contemplé par tous au Capitole pour avoir abattu les rois superbes qui menaçaient Rome. Non, mais les eaux qui arrosent la fertile Tibur et les bois épais le rendront célèbre dans la poésie éolienne. À Rome, la reine des villes, on me juge digne de figurer dans les aimables chœurs des poètes ; et déjà je sens moins les morsures de l'envie. Ô Piéride, sur la lyre d'or tu modules des chants harmonieux ; si tu le voulais, tu pourrais donner aux poissons muets le chant du cygne. C'est uniquement à toi que je dois d'être montré par les passants comme le poète qui fait résonner la lyre latine. Mon inspiration et ma gloire, si j'ai de la gloire, c'est ton bien.

Horace

Les Muses.
Les Muses.