Cygnos

(Variantes : Cycnos)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Fils de Poséidon et de Calycé (Calycia), ou de Scamandrodicé, ou d'Harapalé.

Cygnos, qui doit son nom à la blancheur de sa peau, a massacré quantité de guerriers lors du siège de Troie, et le voici à présent face au redoutable Achille. Celui-ci a beau le frapper à plusieurs reprises, rien n'y fait : le javelot rebondit sur le corps de son adversaire. Cygnos n'a-t-il pas déclaré, un instant auparavant, que son armure n'est que décoration, sur un corps invulnérable ? Humilié, fou de colère, doutant de ses forces, le fils de Pélée frappe Cygnos trois ou quatre fois en plein visage, avec son bouclier ; de la garde de son épée, il lui martèle les tempes. Pour la première fois, l'ennemi prend peur. Il tombe. Achille se rue sur lui. Ayant saisi la jugulaire, il serre, toujours plus fort la courroie autour de la gorge de Cygnos, qui finit par périr étouffé. Au moment de le dépouiller de ses armes, Achille n'aperçoit qu'un oiseau blanc. Poséidon a métamorphosé son fils en cygne. Cygnos est le premier des guerriers de l'armée troyenne tué par Achille, pour n'avoir pas respecté la trêve imposée par les funérailles rendues à Protésilas. Thétis remet son armure à Agapénor qui s'est distingué lors des jeux funèbres célébrés à la mémoire de son fils.

Variantes

I. Seule une partie du corps de Cygnos est vulnérable : sa tête. C'est en le frappant à cet endroit qu'Achille vient à bout de son adversaire. (Notons au passage qu'Achille également n'a qu'un point vulnérable : le talon.)

II. Cygnos n'est pas plus invulnérable que n'importe quel autre homme. La pierre lancée par Achille l'a tué, bien qu'elle n'ait provoqué aucune plaie apparente. C'est pourquoi, en voyant son cadavre, on a cru qu'il ne pouvait jamais être atteint, comme on dit d'un lutteur, qui n'a été battu par personne, qu'il est invulnérable. Voyez ce qu'on rapporte d'Ajax Télamon : qu'il était lui aussi invulnérable ; il n'en a pas moins trouvé la mort, de sa propre main, de sa propre épée. Ce Cygnos-là est parfois confondu avec le père de Ténès, qui vit sur l'île de Ténédos, et qui est également tué par Achille. Son meurtre, d'après une version, signale le début de la guerre de Troie, alors que la tradition homérique veut que le commencement des hostilités ait été marqué par la mort de Protésilas due à Hector.

Voir aussi : Ténès, Protésilas

2. Fils de Sthénélos et roi des Ligures.

Cygnos est très lié à Phaéton. Lorsque celui-ci meurt, foudroyé par Zeus, il abandonne le pouvoir et se retire sur les rives du Pô. Apollon le métamorphose en cygne, ami des lacs, des étangs et des fleuves, ennemi du feu qui a tué son ami. C'est ainsi qu'il vieillit et sa voix recherche les étoiles.

Son fils, des plumes de cygne sur son casque, participe, dans les rangs troyens, au conflit qui oppose Énée et Turnus.

3. Fils d'Apollon et de Thyrié, vivant en Béotie, dans la ville de Tempé.

Cycnos est un enfant capricieux, vaniteux, exigeant envers ses amis auxquels il demande sans cesse une preuve de fidélité, et n'est jamais satisfait quand ils la lui apportent. Un jour il demande à Phylios, son ami fidèle, de combattre sans armes le lion qui sévit dans la région. Connaissant les habitudes de l'animal, Phylios se gave de nourriture et engloutit un grand volume de vin. Quand le fauve approche, il vomit sur lui tout ce qu'il a ingurgité. Le lion affamé dévore cette nourriture et est enivré par le vin. Phylios place son vêtement dans la gueule de la bête, la tue et la porte à Cycnos.

Mais Cycnos lui impose une autre épreuve : il lui ordonne de capturer vivants deux vautours. Phylios, par ruse, s'acquitte de la tâche. L'enfant n'est toujours pas satisfait : il réclame un taureau à tout prix. Phylios, qui n'a toujours pas gagné l'amitié de l'enfant, refuse. Vexé, Cycnos se jette du haut d'un rocher en clamant que c'est à cause de son ami. Dans sa chute, l'enfant est changé en cygne. Mais sa mère, Hyrié, croyant que son fils s'est écrasé sur la rocaille, se met à pleurer de chagrin ; elle verse tant de larmes qu'elle fond en eau et forme un étang qui prend son nom.

Sont ici mêlées deux versions de la même légende, rapportées par Ovide et par Antonius Liberalis. Dans la version racontée par ce dernier, Phylios capture le taureau grâce à Héraclès ; mais sur les conseils du héros, renonce à l'apporter à Cycnos.

4. Bandit sévissant sur le chemin de Delphes, fils d'Arès et de Pélopia.

Apollon, irrité que Cygnos s'empare des offrandes qui lui sont dues, fait en sorte que son chemin croise celui d'Héraclès qui se rend à Trachis, chez le roi Céyx dont Cygnos a épousé la fille, Thémistonoé. Les deux hommes courent l'un vers l'autre en hurlant. Cygnos lance son javelot, qui rebondit sur le bouclier d'Héraclès ; celui-ci ne manque pas son coup lorsque, de sa lance, il frappe son adversaire à la gorge. Cygnos est enseveli par Céyx dans une grande solennité ; un tombeau et un monument sont élevés à sa mémoire. Mais Apollon, qui n'a aucune estime pour ce pilleur d'offrandes divines, provoque une tempête qui réduit à néant les édifices. Arès, qui veut venger la mort de son fils, défie Héraclès au combat. Zeus les sépare, en lançant sa foudre entre eux.

Variante

Héraclès et Cygnos se mesurent par une course de chevaux, dans le sanctuaire d'Apollon, à Pagases. Et peut-être bien qu'Héraclès, qui monte Arion, finit par tuer son adversaire.