Calchas

Calchas examine le foie d'un animal.
Calchas examine le foie d'un animal.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Célèbre devin.

Fils de Thestor, descendant direct d'Apollon, le Mycénien Calchas est l'un des plus célèbres devins de la mythologie grecque, grâce à sa connaissance du vol des oiseaux, de la course des astres et de tous les autres signes envoyés par les dieux.

Comme les Grecs sont encore stationnés à Athènes, et après qu'Agamemnon a rappelé à ses sujets le motif de leur présence, Achille, choisi entre tous, s'en va à Delphes s'enquérir de l'issue de la guerre qui se prépare. Le même jour, les Troyens, pour la même raison, y dépêchent Calchas. Après avoir sacrifié à Apollon à la manière troyenne, il reçoit cette réponse : « Rejoins le camp des Grecs ; avec eux tu resteras et tu les conseilleras, car ils auront constamment besoin de toi. Et tu demeureras avec eux jusqu'à ce que la cité soit prise, les Troyens taillés en pièces et vaincus et Troie mise à feu et à sang. Voilà ce que je veux que tu fasses, car tel est mon bon plaisir. » Calchas rencontre ensuite Achille qui le mène auprès des Achéens.

Les Achéens, auxquels il s'est donc joint dans leur guerre contre Troie, et qu'il guide jusqu'à Ilion, sollicitent son avis lorsqu'une décision doit être prise. Calchas prédit que la guerre durera dix années, neuf plus précisément lorsque, au cours d'un sacrifice en l'honneur des dieux, il aperçoit, jaillissant de sous l'autel, un serpent effroyable. Le reptile rampe à toute vitesse sur la branche d'un platane et se jette sur de jeunes passereaux, qu'il dévore. Les oisillons sont au nombre de huit. Puis le serpent ne fait qu'une bouchée de leur mère. Après quoi, le prédateur disparaît comme il est apparu, métamorphosé soudainement en pierre.

Lorsque les vents sont défavorables à Aulis, il certifie que seul le sacrifice d'Iphigénie, la fille du roi Agamemnon, apaisera Artémis ; lorsque la peste s'abat sur leur camp, il informe les Grecs qu'Apollon est courroucé parce que la jeune Chryséis a été enlevée à son père, prêtre du dieu ; il prédit que la victoire ne pourra revenir aux Grecs sans le concours d'Achille ; il assure que la victoire est compromise si l'on n'utilise pas l'arc et les flèches d'Héraclès, détenus par Philoctète ; qu'Hélénos connaît les oracles qui protègent Troie ; c'est sur ses instances que Diomède et Ulysse partent à la recherche de Néoptolème, après la mort d'Achille, sans lequel il ne peut y avoir de victoire ; c'est lui qui inspire aux Grecs l'idée d'une ruse pour en finir avec les Troyens. Lui encore qui, durant le désastre de Troie, recommande au Grecs d'épargner Énée, certifiant qu'il est le protégé des dieux, appelé à fonder une magnifique cité sur les rives du Tibre et à commander à un peuple puissant ; enfin, son destin est d'être placé parmi les dieux – et puis, n'est-il pas le fils d'Aphrodite ? Quel crime ce sera donc que de le tuer !

Enfin, alors que Troie n'est que ruines, il indique aux Grecs que la flotte ne lèvera l'ancre qu'à deux conditions : qu'Astyanax, le fils d'Andromaque soit jeté du haut de la citadelle, et que Polyxène, la fille du roi Priam, leur ennemi, soit immolée sur le tombeau d'Achille.

Il n'est pas écouté lorsque, prévoyant le naufrage de la flotte grecque au milieu des écueils de Capharée, il cherche à retenir ses compagnons.

La guerre terminée, Calchas rencontre un autre devin dans les environs de Colophon : Mopsos. Ce dernier se révélant meilleur devin que lui, Calchas en meurt de chagrin et d'amertume, ainsi que le lui a prédit un oracle. Il est enseveli dans les vallées boisées du Cercaphos, près de Colophon, en Lydie.

Voir aussi : Mopsos (Variante 1)

Calchas a eu son oracle sur une petite île, au large du promontoire du Gargano.

Variantes

I. Selon Lycophron, Calchas est enterré à Colophon ou, peut-être, à Siris, en Italie du Sud, version attestée par Pline qui mentionne les Lucaniens comme un peuple soumis par le devin ; on a ainsi pensé qu'il a pu exister deux Calchas, car certains commentateurs font mourir Calchas d'un coup de poing assené par Héraclès : ce dernier n'aurait pas apprécié que le devin le mette dans l'embarras par ses subtilités et se moque de lui ensuite. De fait, ce Calchas-là, pour avoir pu rencontrer le fils d'Alcmène, doit être plus jeune d'un demi-siècle que le Calchas d'Homère. Et, ce qui n'arrange rien, Lycophron évoque une troisième tombe de Calchas à Argos. Sans résoudre vraiment le problème, on a émis l'hypothèse que telle ville pouvait abriter la tombe de Calchas et telle autre son cénotaphe.

II. Il s'agit de savoir qui de Calchas et de Mopsos est le meilleur devin. Le premier désigne un caprifiguier et met son rival au défi de trouver le nombre de fruits que l'arbre produira. Mopsos passant l'épreuve avec succès, Calchas meurt. Peut-être les deux adversaires ont-ils eu comme arbitre, Amphimaque, le roi des Lyciens.

III. Héraclès pose le problème des figues à Calchas ; après quoi, Héraclès le tue d'un coup de poing et l'enterre près de l'arbre.

IV. D'après Strabon, qui rapporte l'opinion de Phérécyde, dans la question posée par Calchas, il s'agit non d'un figuier, mais d'une truie pleine et du nombre des petits qu'elle porte ; à cette question, Mopsos répond : « Trois – deux mâles et une femelle » ; sa réponse se vérifie et Calchas en meurt de dépit. Et suivant d'autres, toujours d'après Strabon, Calchas pose la question de la truie, et Mopsos celle du figuier ; la réponse de Mopsos est reconnue exacte, mais non celle de Calchas qui, de chagrin, meurt sur-le-champ, réalisant ainsi un oracle rendu anciennement. Cet oracle aurait été rapporté par Sophocle dans la Revendication d'Hélène : il annonçait à Calchas que sa destinée était de mourir quand il aurait trouvé son maître dans l'art de la divination.

V. Dans l'Épitome d'Apollodore figurent les deux versions de la compétition entre Calchas et Mopsos, celle du figuier et celle de la truie.

Cette dernière est ainsi présentée : devant une truie pleine, Mopsos demande à Calchas combien de petits elle porte. « Huit », répond Calchas. Mopsos sourit et dit : « L'art mantique de Calchas ne brille pas par sa précision. Moi, qui suis fils d'Apollon et de Mantô, je possède une vision parfaite, grâce à l'exactitude de mon art, et je dis que la truie a dans son ventre, non huit porcelets, mais neuf, tous mâles, et que l'animal mettra bas demain, à la sixième heure. » C'est ce qu'il arrive et Calchas meurt de chagrin. Cette compétition entre les deux devins s'est déroulée sous l'arbitrage d'Amphimaque, le roi des Lyciens.

Voir aussi : Devin

Calchas examine le foie d'un animal.
Calchas examine le foie d'un animal.