Danemark : géographie physique

Île de Møn
Île de Møn

Entièrement tourné vers la mer, doté de 7 400 km de côtes, le Danemark comprend plus de 500 îles (les principales étant celles de Sjaelland, Fyn, Lolland, Falster, Møn et Bornholm) et est rattaché à l'Europe au niveau du Jylland (Jütland) par un étroit pédoncule de 68 km de large. L'environnement maritime – aucun point n'est situé à plus de 52 km de la mer, le plus long des cours d'eau, le Gudena, ne parcourt pas plus de 158 km – et la faiblesse du relief (le point culminant, le Yding Skovhøj, n'atteint que 173 m) expliquent la douceur du climat, alors que la latitude devrait lui valoir des rigueurs hivernales.

1. Le sous-sol

Surmontant un substratum formé principalement de sables et argiles tertiaires et de calcaires crétacés, les dépôts morainiques sableux et argileux du quaternaire recouvrent l’archipel danois et la presqu’île du Jylland. Le socle primitif n’apparaît qu’à Bornholm, située sur la bordure méridionale du bouclier fennoscandien.

Bornholm est un horst basculé vers le sud, s’apparentant à ceux de Scanie, tandis que le Jylland et l’archipel correspondent à une zone d’affaissement depuis le Secondaire. Le socle cristallin est recouvert en Fionie par 900 m de terrains sédimentaires, qui atteignent 1 275 m d’épaisseur au nord du Jylland près de Frederikshavn et plus de 5 000 m au centre de la péninsule. Seuls affleurent, rendus visibles par l’incision des vallées et l’attaque de la mer, les terrains du crétacé et du tertiaire appartenant au bassin sédimentaire de la mer du Nord.

En allant du nord-est vers le sud-ouest, on rencontre d’abord les calcaires crétacés, qui peuvent être très épais (jusqu’à 700 m d’épaisseur dans l’est du Jylland) et sont utilisés pour la fabrication de la chaux ou du ciment.

Les formations sédimentaires du tertiaire occupent le reste du pays (environ 60 % du territoire). Il s’agit presque exclusivement de sédiments terrigènes, les calcaires purs y étant très rares. Ce sont surtout des marnes et des argiles, avec des sables et des grès.

Les formations superficielles quaternaires recouvrent la quasi-totalité du pays avec une épaisseur moyenne de 50 m, qui peut atteindre jusqu’à 200 m.

Mis en place par les processus morphogénétiques glaciaires et périglaciaires qui ont affecté la Scandinavie, ces terrains appartiennent principalement aux deux dernières périodes de glaciation, Riss-Saale et Würm-Vistule (sur les trois qui ont été décelées au Danemark). Les dépôts morainiques, formés d’argile à blocaux sans stratifications, dominent avec des sables et des graviers. Les formations fluvio-glaciaires déposées par les eaux de fonte de la glace sont particulièrement abondantes dans les parties basses du sud-ouest du Jylland, donnant des dépôts d’argile fine, de sables, de graviers et de galets roulés bien stratifiés.

Depuis la fin de l’époque glaciaire, le soulèvement isostatique des terres, dû à la décharge des glaces, qui est environ d’un millimètre par an, fut accompagné de transgressions marines (mer à Yoldia en 8000 av. J.-C., mer à Littorina en 5000 av. J.-C.) qui, à plusieurs reprises, ont submergé différentes parties du territoire, déposant alors des alluvions marines (sables, galets, argiles) formées en grande partie à partir du matériel morainique remanié.

Les données physiques

Données physiques

Distance du nord au sud

environ 360 km

Distance de l'est à l'ouest

environ 400 km

Longueur totale des côtes

7 474 km

Superficie des lacs et des étangs

536 km2

Le plus grand lac

Lac Arreso (40,63 km2)

Le plus long fjord

Limfjord (180 km)

Le plus long fleuve

Gudena (160 km)

Les détroits (largeur minimale)

Le Grand-Belt (Store Baelt : 15 km) ; le Sund (Oresund : 4 km) ; le Petit-Belt (Lille Baelt : 0,67 km)

Le point le plus élevé

Yding Skovhoj (173 m)

2. Le relief

Les calottes de glace qui, à plusieurs reprises, ont recouvert le territoire ont profondément marqué les paysages actuels.

Le nord de Bornholm montre un paysage particulier dépendant surtout de la nature granitique et gneissique du substratum qui affleure largement et culmine à 165 m au Rytterknaegten. On y trouve, plus ou moins disséquée, une vieille surface d’érosion marquée par l’érosion glaciaire, avec un moutonnement de roches polies, striées et de blocs erratiques. Elle est accidentée de vallées aux versants raides et aux fonds plats avec de petits lacs allongés et en ligne. La côte est rocheuse, souvent élevée, avec des falaises granitiques.

Les principales régions

Îles et régions

Presqu'île du Jylland

29 652 km2

Île de Sjaelland

7 548 km2

Île de Fionie

3 486 km2

Îles de Lolland et Falster

1 795 km2

Île de Bornholm

588 km2

2.1. Les paysages glaciaires

Les formes du relief au sud-ouest du Jylland diffèrent de celles de la partie orientale et de l’archipel, les dépôts morainiques plus anciens (glaciation Saale-Riss) ayant été soumis à une plus longue période d’érosion et de transformation que ceux qui sont issus de l’inlandsis de la dernière glaciation (Vistule-Würm), dont la bordure n’a pas dépassé vers l’ouest une ligne partageant dans le sens méridien la moitié méridionale de la péninsule. Ce relief du Sud-Ouest danois n’est pas typiquement morainique, mais correspond à des formes d’érosion et d’accumulation provenant de la destruction et du remaniement des moraines primitives. De basses croupes parsèment de vastes plaines d’accumulation de matériaux fins, parcourues par de larges vallées mal drainées. Ces basses plaines fluvio-glaciaires ont été radicalement transformées par l’homme depuis un siècle. La lande a fait place aux champs avec de longues haies d’arbres, protégeant les cultures des vents d’ouest contre la déflation et l’évaporation. D’importants boisements de conifères marquent aussi le paysage.

Les formations morainiques de la dernière glaciation recouvrent le nord et l’est du Jylland, ainsi que tout l’archipel, et donnent des reliefs plus accentués. La longue croupe méridienne qui marque le front de stationnement de l’inlandsis porte le point culminant du Danemark avec le « Yding Skovhøj » (173 m). Sous sa couverture forestière, elle constitue l’ossature de la presqu’île.

Les paysages de collines correspondent souvent aux crêtes terminales de moraine frontale formant de longues rides arquées, dominant assez nettement les plaines environnantes et reflétant les positions successives du front de glace.

D’autres collines elliptiques, correspondant aux dépôts des moraines de fond, sont des drumlins ayant leur axe longitudinal aligné dans le sens du mouvement des glaces. La fonte rapide sur place de la glace a donné souvent un paysage de bosses et petites collines en désordre alternant avec des dépressions humides et mal drainées.

Lorsque la moraine de fond s’est déposée sur une surface d’abrasion glaciaire au relief inégal et qu’elle l’a recouverte d’un manteau peu épais, on a des plaines, mollement ondulées, comme dans l’île de Lolland ou celle de Sjaelland, autour de Copenhague.

Des collines allongées, remarquables par l’altitude uniforme de leurs sommets, forment des chaînes orientées principalement dans le sens est-ouest en Fionie et en Sjaelland. Ce sont des eskers ; les parties dilatées à sommet plat seraient des formes de comblement alluvial de lacs entourés par la glace, les parties filiformes seraient des moulages de tunnels sous-glaciaires joignant ces lacs. Des buttes isolées, à sommet plat, du type kame dominent de 5 à 30 m la plaine morainique et ont la même origine que les chaînes d’eskers.

Comparés à ceux du reste de la Scandinavie, les cours d’eau danois sont très modestes, et leurs vallées récentes, tracées à travers le matériel morainique, n’ont pas l’ampleur de celles des cours d’eau alimentés par la fonte des glaces lors de la dernière période de glaciation. Les vallées sous-glaciaires, creusées dans la moraine de fond sous l’inlandsis par les eaux de fonte, sont une des formes les plus remarquables du relief glaciaire au Danemark. Encaissées souvent d’une centaine de mètres, elles peuvent atteindre un à deux kilomètres de large. Les profils longitudinaux sont irréguliers, montrant des dépressions occupées par des lacs et étangs, formant en particulier près de Silkeborg, au centre du Jylland, le district d’Himmelbjergsøerne, dont les lacs attirent de nombreux touristes. Orientées vers l’ouest dans le sens de l’écoulement des glaces, ces vallées ont été submergées, à l’est du Jylland, donnant de beaux fjords aux versants boisés et au fond desquels se sont fixées de petites villes, ports et centres commerciaux actifs : Åbenrå, Haderslev, Kolding, Vejle et Horsens.

2.2. Reliefs marins et éoliens

Environ un dixième de la superficie du Danemark a été construit par la sédimentation marine depuis la dernière période glaciaire. Les plaines d’origine marine les plus anciennes, mais déjà modifiées par l’érosion fluviatile et surélevées par le soulèvement isostatique postglaciaire, occupent le nord du Jylland, en particulier dans le Vendsyssel. Les plaines de marais maritime aux terrains argilo-sableux sont particulièrement développées dans le sud-ouest du Jylland, en bordure des grandes baies protégées du large par des cordons dunaires et des îles, côtes à « haff » avec le Ringkøbingfjord, le Ho Bugt et le Vadehavet (mer des Wadden). L’homme a transformé ces plaines marécageuses et salées en polders (« kog »), qui existent aussi autour du Limljorden, vaste plan d’eau qui coupe en deux le nord du Jylland, près d’Odense en Fionie, en Sjaelland et à Lolland.

Les dunes ne couvrent guère plus de 1,6 % de la superficie totale du Danemark, mais elles forment un cordon presque continu, pouvant atteindre une dizaine de kilomètres de large, sur presque toute la côte ouest du Jylland, depuis Skagen au nord jusqu’à la péninsule de Skallingen à l’ouest d’Esbjerg et se poursuivant plus au sud dans les îles de Fanø et Rømø. Cette distribution occidentale des dunes est en rapport avec les forts vents d’ouest dominants, soufflant sur les estrans sableux. Des lagunes subsistent en arrière du cordon dunaire. Aux côtes basses s’opposent des littoraux à falaises, généralement peu élevées et entaillant un matériel morainique peu résistant. Rares sont les hautes falaises qui, comme à Bornholm, à l’est de Sjaelland, dans le nord-ouest du Jylland, se dressent en promontoire, taillées dans le substratum calcaire ou cristallin (Bornholm).

3. Les sols et la végétation

Les moraines offrent un éventail de terrains allant des formations graveleuses stériles aux fertiles argiles à blocaux enrichies par le carbonate de calcium provenant du calcaire arraché au substratum par l’érosion glaciaire. Sur ces formations morainiques se sont développés des podzols et des sols bruns forestiers qui se partagent, de part et d’autre de la ligne principale de stationnement de la moraine frontale Vistule-Würm, le territoire du Danemark. Au sud-ouest du Jylland, les sols podzoliques sur les sables s’opposent aux sols bruns forestiers dominant dans le reste du pays. Ces podzols proviennent surtout de la dégradation de sols bruns forestiers, et la bruyère a remplacé au cours des siècles d’anciennes forêts de chênes détruites par une exploitation abusive.

Les sols bruns couvrent l’aire d’extension naturelle de la forêt tempérée atlantique, chênaie-hêtraie aujourd’hui en grande partie disparue, accompagnée d’ormes et de tilleuls. L’arbre est partout présent dans les paysages danois, mais la forêt ne couvre plus que 10 % du territoire. Les sols sur lesquels elle poussait, transformés par le travail incessant de l’homme, sont devenus les meilleures terres agricoles.

4. Le climat

Le climat est de type maritime, venté, frais et humide ; les étés sont pluvieux avec maximum de précipitations au mois d’août (température moyenne : 16 °C) ; les hivers, froids, ont des moyennes mensuelles de température en janvier et février voisines de 0 °C. L’influence de la Baltique est loin d’être négligeable et épargne au Danemark la plupart des hivers rigoureux qui sévissent dans l’Europe de l’Est. Au creux de l’hiver, la Baltique est une voie très fréquentée par les dépressions qui cheminent du sud-ouest vers le nord-est, le long du front polaire, et le pays est alors balayé par les pluies, qui, en cette saison, sont aussi courantes que la neige. Les hivers très rigoureux sont rares, en moyenne cinq par siècle (au cours de l’hiver 1939-1940, le thermomètre descendit à – 31 °C). Les eaux danoises de la Baltique sont englacées tous les hivers, ainsi que celles des baies du littoral de la mer du Nord. Les détroits sont pris par les glaces une cinquantaine de jours par an, et l’assistance des brise-glace peut être nécessaire pour assurer la circulation des navires.

Les précipitations sont principalement d’origine cyclonique. La moyenne annuelle, qui atteint 600 mm pour l’ensemble du pays, varie de 800 mm au sud-ouest du Jylland à 400 mm au milieu du Grand-Belt. Les précipitations apportées par les vents d’ouest diminuent régulièrement de l’ouest vers l’est. Le Jylland et la Fionie sont plus arrosés que les îles de Falster, Lolland et Sjaelland. Cette division régionale se retrouve dans le contraste des températures qui oppose la côte ouest du Jylland, avec des moyennes mensuelles de 0,5 °C pour le mois le plus froid et de 15 °C pour le mois le plus chaud, à l’île de Bornholm, à l’est, avec respectivement, pour ces mêmes mois, des températures moyennes de – 1,5 °C et 17 °C. La température moyenne annuelle pour l’ensemble du Danemark est de 8,5 °C. Quatre mois et demi par an ont une moyenne de température supérieure à 10 °C, ce qui permet le développement de la forêt et des herbages, mais la maturation des céréales est gênée par l’abondance des précipitations estivales.

Les vents d’ouest au début de l’été activent l’évaporation, responsable de la diminution du débit des petits cours d’eau et de l’assèchement des sols, ce qui ralentit sérieusement la croissance des plantes. L’irrigation et les plantations de haies arbustives sont une nécessité, en particulier dans le sud-ouest du Jylland. En hiver et au printemps, malgré des précipitations assez faibles, l’insuffisance de l’ensoleillement et de la température multiplie les flaques, les mares, les petits étangs et les champs détrempés, réduisant la surface cultivable. Il est alors nécessaire de drainer les basses terres ; un quart de la superficie cultivable est drainé artificiellement.

Pour en savoir plus, voir l'article activités économiques du Danemark.