Aussi renforce-t-elle le pouvoir exécutif, en particulier le rôle du président. Celui-ci, élu pour sept ans par une Chambre unique, pourra désormais dissoudre le Parlement. Il nommera les membres des grands corps de l'État (même le gouverneur de la Banque centrale). Le gouvernement de son côté pourra à tout moment décréter l'état d'urgence et diriger par décrets-lois.

Autoritarisme

La nouvelle Constitution maintient également un contrôle étroit sur la vie politique (interdiction des partis d'inspiration marxiste ou islamique) et impose de sérieuses restrictions aux libertés fondamentales. Ce texte — bien que critiqué pour son autoritarisme par les libéraux, les intellectuels et les hommes politiques de l'ancien régime — laisse néanmoins la possibilité d'un retour des civils au pouvoir.

Mais les articles transitoires votés le 15 septembre par l'assemblée consultative écartent cette éventualité. Les militaires entendent désormais rester constitutionnellement au pouvoir pour sept ans. Ces articles font, en effet, du général Kenan Evren, chef de la junte, le nouveau président de la République, assisté d'un conseil où prennent place les chefs des armées. Ils excluent pour dix ans de la vie politique tous les dirigeants des partis dissous.

Approbation

Le 7 novembre, 22 700 000 électeurs turcs sont appelés à se prononcer. C'est le général Evren qui a assuré seul la campagne du référendum, l'opposition n'ayant pas droit à la parole. La nouvelle Constitution est approuvée par près de 92 % des suffrages. Plus encore que pour le général Evren, les Turcs ont voté massivement contre le désordre, l'anarchie et la terreur, contre la pénurie aussi qui avait marqué la fin du régime parlementaire et dont la gestion des militaires a su les délivrer.

Ils n'ont pas tenu compte des rigueurs de la répression (Journal de l'année 1981-82) : 25 000 condamnations en deux ans, dont 103 à mort, près de 60 000 arrestations. À la veille du référendum, le gouvernement n'a pas craint de retirer sa nationalité au cinéaste Yilmaz Guney, palme d'or au festival de Cannes, évadé d'une prison où il purgeait une peine de 19 ans pour participation à un attentat.

Viêt-nam

Hanoi. 52 300 000. 159. 2,4 %.
Économie. Énerg. (80) : 148.
Transports. (77) : 4 043 M pass./km, 980 Mt/km. (*74) : 70 000 + 100 000.
Information. (77) : 5 quotidiens ; tirage global : 250 000. (77) : 100 000 fauteuils ; fréquentation : 288,2 M.
Santé. (77) : 8 956.
Éducation. (76). Prim. : 7 722 524. Sec. et techn. : 3 200 912. Sup. : 100 027.
Armée.  : 1 029 000.
Institutions. « République socialiste du Viêt-nam », nom officiel du nouvel État né de la réunification du Viêt-nam du Sud et de la République démocratique du Viêt-nam du Nord (2 juillet 1976). Nouvelle Constitution, adoptée par l'Assemblée nationale le 18 décembre 1980. Président de la République par intérim : Nguyen Huu Tho ; succède à Ton Duc Than, décédé le 30 mars 1980. Premier ministre : Pham Van Dong.

Homme clé

Le conflit du Cambodge demeure la pierre d'achoppement de la crise indochinoise, sur laquelle pèse la perspective d'une détente entre l'Union soviétique et la Chine populaire.

Face au Viêt-nam et à son allié, le gouvernement de Phnom Penh, les Khmers rouges, soutenus par Pékin, ne sont plus les seuls à mener le combat. Après de laborieuses négociations, le prince Sihanouk a constitué avec Son Sann, nationaliste, et Khieu Samphan, Khmer rouge, un gouvernement de coalition antivietnamien, qu'il proclame en juillet 1982 lors d'un voyage dans les maquis du Cambodge.

La puissance militaire des Khmers rouges paraît diminuée devant l'action des troupes vietnamiennes ; et, pourtant, Norodom Sihanouk marque des points sur le plan diplomatique ; il paraît de plus en plus l'homme clé de la crise indochinoise. Dans une intervention à l'ONU, l'ex-chef de l'État cambodgien propose à Hanoi de signer un traité de paix après le retrait total des troupes vietnamiennes ; le prince parvient, en dépit des efforts de Hanoi et de Moscou pour faire déclarer vacant le siège du Cambodge à l'ONU, à le conserver au gouvernement du Kampuchea démocratique.