À l'occasion des élections présidentielles, il n'est guère de pays au monde où les médias ne se soient livrés au jeu de l'évaluation du rôle mondial des États-Unis. Et, finalement, ceux-ci s'autorisent un étonnant pied de nez. Al Gore conteste le résultat des élections en Floride, favorables de trop extrême justesse au républicain George W. Bush. Avocats et juges se déchaînent. 35 jours durant les États-Unis restent en suspens d'un président élu jusqu'à l'arrêt de la Cour suprême qui non sans ambiguïté confirme le candidat républicain. Le monde en conclut trop vite à la faillite de la démocratie alors que le système effectue plutôt un retour à la tradition de la culture politique américaine. L'exécutif ayant joué un rôle excessif durant la guerre froide, en temps de paix, retrouve les limites naturelles d'une constitution fédérale. Pour le reste, et faute d'intérêts communs, le front commun anti-américain n'est pas près de se former.

François Géré, directeur scientifique à la Fondation pour la recherche stratégique