Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Plusieurs hommes politiques (dont le président portugais Jorge Sampaio ou le prince Charles) ont décidé de repousser « jusqu'à une date indéterminée » des visites officielles qu'ils devaient effectuer à Vienne. Certains pays ont même envisagé des sanctions plus sévères. Les responsables politiques de Wallonie ont décidé d'annuler les classes de neige prévues en Autriche, en réponse aux déclarations du ministre des Affaires étrangères belge Louis Michel, qui avait déclaré qu'il « serait immoral d'aller en ce moment faire du ski en Autriche ». Les milieux culturels et artistiques du monde entier ont exprimé leur inquiétude, signant des pétitions et décidant, au cas par cas, de mesures de boycottage appropriées. L'isolement du pays sur la scène internationale n'est cependant pas total, les ministres autrichiens continuent d'être invités aux réunions informelles de l'Union européenne.

La formation du nouveau gouvernement a suscité aussi un important malaise en Autriche. Des manifestations de protestation ont eu lieu à Vienne et dans d'autres villes du pays. Le 19 février, une grande manifestation contre la coalition gouvernementale a réuni dans la capitale plusieurs centaines de milliers de personnes. Mais 70 % des Autrichiens (dont la moitié des électeurs socialistes) approuvent la nouvelle coalition. Une fois les émotions retombées, les Autrichiens se révoltent contre le maintien des sanctions internationales, qu'ils jugent profondément injustes. Le 21 mars, le président Thomas Klestil a demandé, dans une lettre adressée au Premier ministre portugais António Guterres, la levée des sanctions. Un appel pour mettre fin à l'isolement politique de Vienne a été signé par des personnalités importantes, notamment Simon Wiesenthal, Ariel Muzicant et Luc Bondy. De toutes façons, l'éventuelle levée des sanctions se heurte à l'intransigeance française et belge, alors que d'autres pays de l'UE, le Danemark, la Suède et la Finlande, ont manifesté leurs préférences pour des solutions de rechange, redoutant un fiasco de la Conférence intergouvernementale et le blocage par Vienne de nouvelles décisions communautaires.

Marcin Frybes

Wolfgang Schüssel

Wolfgang Schüssel (cinquante-quatre ans) n'a jamais caché son ambition de devenir un jour chancelier. Après des études de droit à l'université de Vienne, il entame une brillante carrière politique au sein du parti conservateur (ÖVP), dont il devient président en 1995. Secrétaire général de la plus importante organisation patronale du pays, il s'est fait connaître comme un partisan résolu de l'économie libérale. Ministre de l'Économie, puis ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier dans les gouvernements de Franz Vranitzky, il est l'un des principaux artisans de l'entrée de l'Autriche dans l'Union européenne. En 1995, après avoir provoqué une crise gouvernementale, suivie d'élections anticipées, il envisage déjà une alliance avec les libéraux du FPÖ. C'est finalement en février 2000 qu'il réussi à réaliser son rêve.