En septembre, une série d'attentats à Moscou et en province se solde par plus de 150 morts. Le Kremlin accuse les Tchétchènes qui démentent, affirmant que ces opérations terroristes ont été « montées » par les « services » russes. Quoi qu'il en soit, les chars russes pénètrent en Tchétchénie le 30 septembre. Fin décembre, des combats au corps à corps ont lieu dans les faubourgs de Grozny, la capitale tchétchène. Entre-temps, les élections législatives du 19 décembre se soldent par la brillante performance du bloc « Unité », un parti organisé en trois mois pour défendre la cause du clan de Boris Eltsine. La coalition dirigée par le maire de Moscou Loujkhov et Evgueni Primakov, un ancien Premier ministre de B. Eltsine, qui depuis des mois était en tête des sondages, est largement battue.

« Unité » a profité de la guerre en Tchétchénie, très populaire chez les Russes qui veulent en finir avec « cette république d'islamistes mafieux ». Le Premier ministre Vladimir Poutine, qui ne pouvait pas se présenter aux élections mais qui est le grand ordonnateur de la guerre, est le premier bénéficiaire de cette embellie politique. Le dauphin de Boris Eltsine est désormais bien placé pour remporter la présidentielle de juin 2000.

L'OMC dans l'impasse

En cette fin de siècle, des formes nouvelles de conflits apparaissent soudain. Le sommet de l'OMC à Seattle en offre un exemple frappant. Quand les 135 pays membres se réunissent le 30 novembre pour préparer un nouveau cycle de négociations commerciales, ils sont pris à partie par 50 000 militants venus de tous les points de la planète pour dénoncer les « méfaits de la mondialisation ». Les manifestations tournent à l'émeute et la conférence se sépare sur un échec. L'événement révèle tout à la fois le ressentiment créé en Europe par l'américanisation des genres de vie et les frustrations explosives que suscitent, dans le tiers monde, le fossé grandissant entre les riches du Nord et les pauvres du Sud.

De bonnes nouvelles aussi

Heureusement, il y aussi de bonnes nouvelles. Ainsi, le lancement de l'Euro, le 1er janvier 1999, aura constitué une étape majeure dans le renforcement de l'Union européenne face aux États-Unis et au Japon. Avec la création de la monnaie unique, on peut maintenant parler de l'Europe comme d'un troisième grand économique.

Au Proche-Orient, la défaite de Benyamin Nétanyahou aux élections israéliennes du 17 mai permet la reprise du processus de paix. Ehoud Barak, candidat travailliste victorieux et nouveau Premier ministre, reprend bientôt les négociations non pas seulement avec Yasser Arafat mais aussi avec la Syrie. L'optimisme dans la région est confirmé par la transition en douceur qui s'effectue en Jordanie. Le roi Hussein, qui est mort le 7 février, est unanimement regretté. Mais le dernier service qu'il rend à la cause de la paix est de faire le bon choix en désignant son fils Abdallah comme successeur : le nouveau roi se prononce pour la poursuite de la politique de bon voisinage avec Israël.

Au Maghreb aussi, l'apaisement est à l'ordre du jour. En Algérie, à peine élu président le 14 avril, Abdelaziz Bouteflika tend la main aux insurgés islamistes : il offre l'amnistie à tous ceux qui n'ont pas de sang sur les mains. Même évolution positive au Maroc : après la mort de Hassan II le 25 juillet, son fils qui monte sur le trône sous le nom de Mohammed VI, accélère la politique de modernisation engagée par Hassan II. Mohamed VI met, lui, l'accent sur la démocratisation du pays, dont le départ du ministre de l'Intérieur est le signe le plus visible.

Mais la nouvelle la plus importante, c'est que l'Amérique n'a pas sombré dans le ridicule. Contrairement au Watergate à l'époque de Richard Nixon, le « Monicagate », ce scandale sexuel qui défrayait la chronique depuis plus d'un an, n'a pas chassé Bill Clinton de la Maison-Blanche. Finalement, le Sénat refuse de voter l'« impeachment du Président ».

Dix ans après la chute du mur de Berlin, dont l'anniversaire a été brillamment célébré en novembre 1999, il est évident que la formule de Francis Fukuyama, alors conseiller du président Bush, était fausse. Comme le démontre l'agitation de la dernière année du siècle, l'effondrement du communisme n'annonçait pas « la fin de l'histoire ».

Charles Lambroschini,
Directeur adjoint de la rédaction du Figaro