Journal de l'année Édition 2000 2000Éd. 2000

Quant aux conséquences sur la vie quotidienne des particuliers et sur l'activité des entreprises, elles s'inscrivent dans la durée et sont beaucoup plus progressives. Si les paiements scripturaux ont pu s'effectuer dès le 1er janvier 1999, le passage à l'euro dans les transactions quotidiennes est très échelonné. Une période de trois ans est ménagée pour les consommateurs. Alors que les caisses de retraite et les grands facturiers (France Télécom, EDF-GDF) ont pratiqué dès le départ le double affichage, et que les impôts comme les cotisations sociales ont pu être payés en euros dès 1999, les loyers resteront libellés en francs jusqu'en 2002. Du côté des entreprises, des dizaines de milliers de demandes de chéquiers en euros et des ouvertures de comptes ont été enregistrées, venant surtout de celles tournées vers l'exportation.

Promesses et incertitudes

Mais, comme le fait justement remarquer le ministre espagnol des Finances dans le Libération du 1er janvier, « il ne s'agit pas seulement d'un point d'aboutissement, mais d'un point de départ» d'une nouvelle ère sur laquelle certains économistes projettent des espoirs, tandis que d'autres se montrent plus méfiants. Parmi les principaux avantages de l'euro, il y a l'élargissement du marché et la simplification des échanges grâce à la suppression des coûts de transaction, un impact positif sur le commerce extérieur, une transparence des prix facilitant la comparaison entre produits, le statut de monnaie internationale, au même titre que le dollar et le yen, et enfin des retombées positives sur la croissance et l'emploi du fait du développement des échanges et de l'accroissement de la stabilité monétaire. Il reste que le lancement de la monnaie unique a suscité des réserves, voire de la méfiance, auprès de la population des onze pays concernés. Il est vrai qu'une adaptation des mentalités s'impose.

Pour sa part, Jacques Le Cacheux, directeur des études à l'OFCE, souligne que « pendant la phase d'ajustement, l'emploi ne sera pas favorisé et les politiques économiques devront jouer pleinement leur rôle ».

Céline Cabourg

La BCE : pivot du lancement de l'euro

La Banque centrale européenne, dont le siège est à Francfort a pour fonction d'assurer la stabilité des prix dans la zone euro. Elle est dirigée par un directoire de six personnes ou par un conseil des gouverneurs pour les grandes décisions. Dès le lancement de la monnaie unique, la BCE prend en main la politique monétaire de l'Europe : l'euro est assorti de taux d'intérêt à court terme identiques pour les onze. La BCE fixe ces taux, gère les réserves et conduit toute opération officielle de change. La BCE représente la tête d'une organisation fédérale dont les membres inférieurs sont les banques centrales nationales, ses exécutants. Les décisions sont centralisées, leur exécution, déconcentrée.