L'Institut procède en deux phases :
– l'exploitation exhaustive légère concerne la totalité des feuilles de logement et des bulletins individuels. Elle a trait à toutes les données sur le logement, aux données démographiques (âge, sexe, nationalité) et à l'activité des individus (actifs, retraités, étudiants, chômeurs...)
– l'exploitation lourde complète l'exploitation exhaustive légère en prenant en compte des questions sur l'emploi et la structure familiale des ménages. Ces variables étant plus complexes à traiter, l'exploitation lourde procède par sondage au quart et au vingtième des questionnaires en métropole (exhaustivement dans les DOM).

Soixante millions de Français

Au 8 mars 1999, selon les premiers résultats du recensement, la France a légèrement dépassé le seuil des soixante millions d'habitants : 60 082 000 habitants, la métropole en comptant 58 416 500 (au lieu de 56 615 200 habitants en 1990, soit une croissance de + 0,35 % par an au lieu de + 0,51 % par an auparavant), et les quatre départements d'outre-mer, 1 665 500 (au lieu de 1 459 100 en 1990). Par rapport au recensement précédent de 1990, l'augmentation est de 2 008 000 personnes, soit un taux de 0,38 % par an. Cette progression est « légèrement ralentie » par rapport à la période intercensitaire précédente (+ 0,55 % par an entre 1982 et 1990). La croissance est notable dans beaucoup de grandes villes-centres de plus de 100 000 habitants et dans les communes rurales situées en périphérie des pôles urbains importants. D'un dynamisme démographique traditionnellement supérieur à la métropole, les DOM ont connu une croissance de + 1,48 % par an, une évolution qui s'est elle aussi ralentie puisqu'elle était de + 1,99 % entre 1982 et 1990. Au total, la croissance démographique de la France repose sur un excédent naturel (différence entre les naissances et les décès) de + 1 872 000 personnes sur la période 1990-1999 et sur un solde migratoire estimé par l'INSEE à + 530 000 personnes. La population de la métropole se répartit désormais entre 43 millions d'urbains et 15,4 millions de ruraux. Le recensement confirme aussi une tendance observée depuis vingt ans : la croissance démographique des communes rurales (+ 0,51 % par an) est désormais supérieure à celle des communes urbaines (+ 0,29 % par an). Globalement, pour les communes rurales, l'excédent des naissances sur les décès est légèrement positif (+ 47 500) alors qu'il était nul au cours de la période intercensitaire précédente et le solde des entrées-sorties est toujours élevé bien qu'en retrait (+ 644 000). À l'intérieur du monde rural, ce sont les communes les plus proches des pôles urbains importants qui absorbent l'essentiel de la croissance. Au contraire, il y a stagnation pour les communes rurales situées à l'écart de la zone d'influence des villes, voire une légère dégradation pour les plus éloignées.

L'évolution urbaine

Le paysage urbain présente une situation contrastée. La population des petites unités urbaines de moins de 10 000 habitants progresse plus vite que la moyenne nationale. À l'intérieur des unités urbaines, la croissance des communes de banlieue s'est ralentie (+ 0,41 % par an au lieu de + 0,86 %) ; en revanche, les villes de plus de 100 000 habitants, dont la population avait globalement fléchi entre 1982 et 1990, retrouvent le chemin de la croissance. Avec une croissance supérieure à + 0,7 % par an, la démographie urbaine la plus dynamique se retrouve à Nantes (269 000 habitants au lieu de 245 000 en 1990), Toulouse (391 000 au lieu de 359 000), Montpellier (225 000 au lieu de 208 000), Aix-en-Provence (132 900 au lieu de 123 800), Orléans (112 800 au lieu de 105 100), Angers (151 100 au lieu de 141 400). Rennes fait également montre d'une vitalité démographique avec 206 000 habitants (au lieu de 198 000 en 1990). Lyon atteint 445 000 (au lieu de 415 000), Strasbourg 263 000 (au lieu de 252 000), et Bordeaux 215 000 (au lieu de 210 000). On distingue trois exceptions notables à cette croissance : Paris (2 116 000 habitants au lieu de 2 152 000 en 1990), Marseille (798 000 habitants au lieu de 801 000) et Nice (341 000 au lieu de 342 000). La décroissance de Paris et de Marseille se poursuit depuis plusieurs décennies. L'INSEE indique que la collecte de 1999 était « d'excellente qualité et fiable » et que l'amélioration des méthodes lui a même permis de réduire sa marge d'erreur : elle devrait être de l'ordre de 1 % (soit 500 000 personnes) en 1999, au lieu de 2 % (soit un million de personnes non recensées) en 1990.

Un recensement en continu

Ce dernier recensement du siècle marque peut-être la fin d'une longue histoire : l'INSEE envisage, en effet, d'abandonner cette opération lourde, organisée tous les huit ou neuf ans, au profit d'un comptage en continu, par « tranches » tournantes de population sur le territoire.