L'utilisation de cette spécialité est autorisée depuis 1992 dans le traitement de l'anorexie des patients atteints de sida. La posologie varie selon l'indication et le patient entre 2,5 et 20 mg/j. Ce traitement peut donner lieu à une dépendance psychologique, comme pour toute substance anxiolytique. Il n'induit pas de modifications de l'humeur. Depuis février 1998, une modification des textes allemands concernant la prescription des stupéfiants autorise les médecins à prescrire du dronabinol dans le traitement des douleurs et de l'anorexie du sujet sidéen. Depuis mars 1998, les malades du sida ou du cancer peuvent, dans le cadre d'une mesure expérimentale, se procurer des capsules à base de THC dans certaines pharmacies néerlandaises.

Cannabinoïdes, les principes actifs du cannabis

Le cannabis produit environ 400 composés chimiques dont une soixantaine de cannabinoïdes, un groupe de substances que l'on n'a pu retrouver que dans cette plante. Les propriétés pharmacologiques de la plupart de ces composés demeurent totalement inconnues. L'un de ces cannabinoïdes, le tétrahydrocannabinol (D9THC), fait toutefois l'objet des études les plus avancées en raison de ses propriétés psychoactives puissantes. Elles ont prouvé qu'il n'est pas seulement responsable des effets du cannabis sur le psychisme mais également de la majorité de ses autres actions pharmacologiques. Il existe par ailleurs des cannabinoïdes de synthèse utilisés déjà en médecine (nabilone, dronabinol, ce dernier est en/ait un THC produit en laboratoire). Les cannabinoïdes agissent en se fixant sur des structures spécifiques de la membrane des cellules nerveuses, les neurones. Une fois fixés, ils modifient les échanges d'informations entre les cellules, d'où leurs effets psychiques (euphorisants, tranquillisants, amnésiants, etc.) ou physiques (décontracturants musculaires, bronchodilatateurs, etc.).

Préparations à base de cannabis et thérapeutique

Nombre d'usagers ayant expérimenté le cannabis et les cannabinoïdes de synthèse jugent ces derniers moins puissants. L'association de plusieurs principes actifs dans le cannabis pourrait, selon eux, expliquer ces observations. Peut-être faut-il y voir aussi le rôle de l'habitude de fumer de la marijuana et la dimension hédoniste de la consommation de cannabis ou de haschisch ?

L'inhalation de la fumée du cannabis – souvent mélangé à du tabac – est préjudiciable à la santé. Elle expose à des risques de cancérogenèse et d'infections non négligeables – notamment chez des patients dont les réactions immunitaires sont affaiblies. Les médecins favorables à son usage préconisent donc d'administrer le cannabis par d'autres méthodes. Les utilisateurs de la plante privilégient le recours à un vaporisateur (dispositif destiné à vaporiser, sans combustion, les principes actifs du cannabis, qui sont alors inhalés sous une forme presque pure, ce qui exclut l'inhalation de goudrons mais ne prévient pas chez certains patients une irritation bronchique).

Des problèmes en suspens

Les partisans de l'usage du cannabis soulignent son excellente tolérance, son faible pouvoir addictif (d'ailleurs, font-ils valoir, hésite-t-on à prescrire de la morphine, dont le pouvoir toxicomanogène est également reconnu, sachant que le déterminisme de la survenue d'une toxicomanie est avant tout psychologique et social ?), la possibilité de l'utiliser à l'aide de vaporisateurs. Surtout, ils rappellent le caractère coercitif d'une législation qui empêche la réalisation d'études susceptibles de prouver l'intérêt médical du cannabis.

Les détracteurs de l'utilisation du cannabis avancent le manque d'études scientifiquement valides (il est d'ailleurs impossible de conduire de telles études car les échantillons de plante sont trop différents), la possibilité de recourir à d'autres médicaments dans toutes les indications évoquées, l'impossibilité d'évaluer correctement et de façon reproductive les effets d'une plante si riche en composés pharmacologiquement actifs, les dangers d'une consommation sous forme d'un mélange à du tabac. De plus, la coexistence d'un cannabis « thérapeutique » et d'un cannabis « drogue » risque d'entraîner une incompréhension de la législation actuelle. S'agissant des médicaments à base de THC pur, ils rappellent le pouvoir toxicomanogène de ce cannabinoïde et son élimination très lente de l'organisme, à l'origine d'une rapide accumulation dans le cerveau notamment et d'effets indésirables nombreux.