Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Sans surprise, les trois partis nationalistes au pouvoir – le SDA musulman, le SDS serbe et le HDZ croate – sont arrivés en tête, bien que dans les deux entités de Bosnie-Herzégovine (Fédération croato-musulmane et République serbe de Bosnie) les trois formations ne puissent pas prétendre avoir fait le plein des voix. Ainsi, on retiendra la défaite du SDS (Parti démocrate serbe) à Banja Luka, la principale ville de RS (République serbe de Bosnie), où réside sa présidente Mme Plavsic, dont les candidats ont obtenu 45 des 70 sièges, contre seulement 7 au SDS. Un résultat de nature à affaiblir un peu plus les partisans de R. Karadzic, littéralement « bunkérisés » à Pale et dont l'impopularité s'accroît chaque jour un peu plus. Mme Plavsic doit de toute évidence son succès au soutien d'une douzaine de partis de l'opposition qui ont fait de la liquidation du SDS l'axe majeur de leur campagne. Au sein de la Fédération croato-musulmane, on attendait avec impatience les résultats concernant, d'une part, Mostar, et, de l'autre, Tuzla. Si dans la première ville les Musulmans du SDA ont obtenu la majorité, leur campagne agressive ne leur aura pas permis, par contre, de reprendre la seconde. Brcko faisait également figure de test. Bien que les Musulmans aient échoué dans la reconquête de ce port stratégique du nord-est de la Bosnie – pris par les Serbes en 1992 –, l'OSCE a annoncé qu'une administration multiethnique sera mise en place pour contenir les tensions. Globalement, ces élections auront mis en évidence une progression – certes timide – de l'opposition non nationaliste. Quoi qu'il en soit, la situation demeure complexe, et l'application des résultats pour le moins délicate.

P. F.

Le retrait des troupes étrangères : incertitude

La veille du scrutin municipal, les États-Unis faisaient savoir que le retrait de leurs troupes, prévu pour 1998, était loin d'être réglé. C'est ainsi que le secrétaire d'État William Cohen n'a pas exclu la possibilité du maintien d'une présence militaire étrangère en Bosnie pour quelques années de plus. Le chef de la diplomatie américaine s'est dit persuadé que les alliés européens des États-Unis participant à la Force multinationale de l'OTAN estimaient eux aussi nécessaire de maintenir cette force en Bosnie afin d'éviter une reprise de la guerre.