Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Il est vrai que la famille royale n'aura pas fait grand-chose pour éviter cette fronde. Se murant, dans un premier temps, dans son château de Balmoral, en Écosse, et ne délivrant qu'un communiqué laconique, elle est apparue en déphasage total avec l'immense majorité de ses sujets. Et ce n'est que tardivement, sous la pression de l'opinion, qu'elle s'est enfin décidée à toucher au sacro-saint protocole et à multiplier les gestes symboliques afin de faire taire les critiques. Pour la première fois depuis son couronnement en 1953, Élisabeth II s'est adressée au pays du balcon de Buckingham Palace pour rendre hommage à Diana, « une femme exceptionnelle ». Mieux, le jour des funérailles, les Windsor au grand complet sont sortis devant Buckingham pour saluer la dépouille mortelle de Diana et partager l'émotion populaire. Et, pour la première fois, l'étendard royal a été amené au mât du palais et remplacé par l'Union Jack en berne. Peu de chose sans doute. Mais, pour les Windsor, une révolution sans précédent. Une révolution nécessaire et dont dépend l'avenir de la monarchie. Le prince Charles l'a bien compris, lui qui s'est déjà longuement entretenu avec le Premier ministre, Tony Blair, pour adapter la Couronne à l'évolution de la société britannique.

Reste à savoir si, une fois l'émotion passée, cette volonté de moderniser l'institution résistera aux pesanteurs de la tradition. Il y va de la monarchie comme des tabloïds : les mauvaises habitudes, elles, ont la vie dure.

B. M.

Respect de la vie privée : la législation française, la plus sévère en Europe

« Chacun a droit au respect de sa vie privée » (article 9 du Code civil).

« Est puni d'un an d'emprisonnement et de 300 000 francs d'amende le (ait, au moyen d'un procédé quelconque, volontairement, de porter atteinte à l'intimité de la vie privée d'autrui » (article 226-1 du Code pénal).

Cette législation fait de la France le pays d'Europe le plus respectueux de la vie privée, d'autant que, n'étant pas incluse dans la loi sur la presse, elle n'apporte pas les garanties normalement attachées à la liberté d'expression. À l'inverse, la Grande-Bretagne ne possède pas de loi comparable et les pouvoirs politiques successifs ont toujours, au nom de la liberté d'expression, refusé d'aller dans le sens de la législation française.