En dépit de quelques déclarations de bonnes intentions (moraliser la vie politique, mettre fin à la corruption, relancer l'économie, payer les salaires des fonctionnaires), l'Alliance n'aura pas réussi son examen de passage sur le plan politique. En niant les apports de la Conférence nationale souveraine, en écartant Étienne Tshisekedi (leader du principal parti d'opposition, l'Union pour la démocratie et le progrès social), en faisant table rase des institutions existantes, Laurent-Désiré Kabila a pris le risque de décevoir ceux qui l'ont fait roi : au début de l'été, la puissante ethnie des Balubas paraissait prête à basculer dans l'opposition, rappelant au nouveau maître du pays que, telles des plaques tectoniques, la mosaïque ethnique est toujours grosse de mouvements incontrôlables.

Philippe Faverjon

L'Alliance des forces démocratiques pour la libération

C'est le 18 octobre 1996 qu'ont été jetées les bases de l'AFDL à laquelle participent quatre mouvements : le Parti révolutionnaire du peuple (PRP) de Laurent-Désiré Kabila ; l'Alliance démocratique des peuples (ADP) de Déogratias Burgera, un Tutsi originaire du Masisi ; le Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre (MRLZ) de Masavu Ningaba, un Bashi, l'une des principales ethnies du Sud-Kivu ; et le Conseil régional de résistance pour la démocratie de Kisasse Ngandu. À l'époque, Kabila ne dispose pas encore de troupes.