Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Nécrologies

BAO DAÏ (Vinh Thuy, dit)

homme politique vietnamien
Hué, 22 octobre 1913
Paris, 31 juillet 1997
En 1932 à Hué, sous le nom de Bao Daï, il succède à son père sur le trône impérial du protectorat français d'Annam. Il tente alors d'imposer une monarchie constitutionnelle moderne, mais doit y renoncer face à l'intransigeance du colonisateur. Il tente de profiter de l'occupation japonaise en mars 1945 pour dénoncer le protectorat français, mais doit bientôt s'exiler à Hongkong. Après l'installation du régime d'Ho Chi Minh dans le nord du pays, il devient, en 1949, le chef de l'État vietnamien sous contrôle français. Après la défaite de Diên Biên Phu, il s'exile définitivement en France.

BARBARA (Monique Serf, dite)

chanteuse française
Paris, 9 juin 1930
Neuilly-sur-Seine, 25 novembre 1997
Après des études de piano au Conservatoire de Paris, elle commence sa carrière à la fin des années 40, encouragée par le compositeur Jean Wiener. Après un séjour de deux ans à Bruxelles, elle se produit au cabaret L'Écluse, à Paris, où elle chante des chansons de Léo Ferré, Mac Orlan et Brassens. Elle enregistre son premier disque en 1958 et sort sa première chanson trois ans plus tard, Dis, quand reviendras-tu ?. Elle impose alors plusieurs titres comme Pierre ; Göttingen ; Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous ; Moi, j'm'balance. En 1970, elle connaît un immense succès avec l'Aigle noir, une chanson marquée par des arrangements musicaux complexes. Elle est désormais suivie par un public nombreux et fervent qui se presse à ses tours de chant à Bobino, à l'Olympia, au Châtelet, à Pantin et à Mogador. Dans les années 80, elle s'engage en faveur de François Mitterrand et milite activement contre le sida en créant la chanson Sid'amour à mort. Elle donne son dernier récital en 1993 et enregistre son treizième et dernier album, Barbara, en 1996.

BURROUGHS (William)

écrivain américain
Saint Louis, Missouri, 5 février 1914
Lawrence, Kansas, 2 août 1997
Membre de la famille du créateur des machines à écrire, il fait d'abord des études de littérature sous la direction de T.S. Elliot. Suivent plusieurs années de vie aventureuse pendant lesquelles il rencontre toutes les grandes figures de la Beat generation, de Kerouac à Ginsberg. Il se lance ensuite dans l'écriture, inventant la technique du cut-up (arrangement aléatoire de bouts de phrases découpés au hasard dans des livres ou des journaux). Il décrit un monde scandaleux où régnent la drogue, qu'il consomme en abondance, et l'homosexualité. Après Junkie, le Festin nu est refusé par les éditeurs américains pour être d'abord publié en France en 1959. Ensuite, il écrira notamment la Machine molle, les Garçons sauvages et les Terres occidentales. Son message paranoïaque et surréaliste, son allure de clergyman drogué, son humour cynique et glacé auront une grande influence sur le monde du rock ou sur celui des artistes, tels David Bowie ou les Clash, qui se réclameront directement de lui.

CANETTI (Jacques)

éditeur musical français
Roustchouk, Bulgarie, 30 mai 1909
Suresnes, Hauts-de-Seine, 7 juin 1997
Entré chez Polydor en 1931, il pousse Marlene Dietrich à faire son premier disque en français, se passionne pour le jazz et fait venir pour la première fois en France Louis Armstrong et Duke Ellington. Après la guerre, il se spécialise dans la chanson et crée le Théâtre des Trois Baudets où viennent se produire de nombreux chanteurs. Georges Brassens, Jacques Brel, Juliette Gréco et bien d'autres y débuteront leur carrière. En 1963, il fonde sa propre société où se lanceront des artistes comme Jeanne Moreau, Jacques Higelin ou Serge Reggiani.

CHAPATTE (Robert)

journaliste sportif français
Saint-Maur, 14 octobre 1921
Paris, 20 janvier 1997
Ancien coureur cycliste, il devient, dans les années 50, journaliste sportif et acquiert, dans les années 70, une popularité nationale comme spécialiste du cyclisme à la télévision.

CONSTANTIN (Jean) compositeur

interprète de chanson français
Paris 1923 - Créteil 30 janvier 1997
Gouailleur et plein d'humour, il reste comme l'auteur ou le coauteur de chansons célèbres comme Jolie fleur de papillon, Mets deux thunes dans l'bastringue, Mon manège à moi ou Mon truc en plume. Il mène aussi une carrière d'interprète, autant rive droite que rive gauche.

COUSTEAU (Jacques-Yves)

océanographe et réalisateur de films français
Saint-André-de-Cubzac, Gironde,
11 juin 1910 - Paris, 25 juin 1997
Fils d'un avocat voyageur, il rentre à l'École navale de Brest dont il sort deuxième en 1933. Officier de marine, il découvre la plongée en 1936 puis se passionne pour la prise de vue sous-marine. Pendant la guerre, il participe à la Résistance tout en mettant au point avec l'ingénieur Émile Gagnan le scaphandre autonome à bouteilles d'air comprimé. Il commercialise cette invention après la guerre sous la marque Aqua-Lung, ce qui fait sa fortune. À partir des années 50, il lance des expéditions océanographiques avec son fameux bateau la Calypso et réalise avec Louis Malle, tiré de son propre livre à grand succès, le film le Monde du silence qui obtient la Palme d'or à Cannes en 1956. Au cours des années 60, il devient un des pionniers de l'écologie et met sa notoriété au service de la défense de la nature, dénonçant l'immersion dans la mer de fûts radioactifs. Élu à l'Académie française en 1988, il continue à être actif jusqu'à la fin de sa vie, montant des expéditions à travers le monde entier et réalisant des films pour la télévision, qui connaissent un succès planétaire. Parfois contesté pour sa dureté en affaires ou pour le manque de rigueur scientifique de ses films, il demeure cependant reconnu comme le premier des écologistes, qui a permis, notamment, de protéger l'Antarctique de toute exploitation industrielle. Sa disparition est saluée dans toutes les grandes capitales.

DE KOONING (Willem)

peintre américain d'origine néerlandaise
Rotterdam, 24 avril 1904
East Hampton, New York, 19 mars 1997
Il est d'abord apprenti dans une entreprise de publicité, tout en suivant les cours du soir de l'académie des Beaux-Arts de Rotterdam où il s'initie à l'abstraction géométrique de Mondrian. À l'âge de vingt-deux ans, il émigré aux États-Unis où il est d'abord peintre en bâtiment avant de travailler pour la publicité. Il fréquente les peintres émigrés Arshile Gorky et Mark Rotkho et pratique une peinture où se retrouvent les influences géométriques et cubistes. Au début des années 50, il impose son style, qualifié par les critiques d'action painting, c'est-à-dire une peinture dans laquelle la toile est davantage une arène qu'un espace de reproduction. L'art de De Kooning est énergie, vitesse, avec un pinceau qui balaie la toile en laissant volontairement des éclaboussures de couleurs. Parmi ses toiles les plus connues, on trouve la série Women (« Femmes »), suite ce corps disloqués, aux yeux immenses et aux dents monstrueuses. Il continue de peindre et de sculpter jusque dans les années 80, en dehors de tout courant et de toute famille picturale. En 1989, une de ses toiles a été vendue 21 millions de dollars (environ 110 millions de francs).

DOMENACH (Jean-Marie)

écrivain et journaliste français
Lyon, 13 février 1922
6 juillet 1997
Représentant du catholicisme social, ancien résistant, il entre à la revue Esprit en 1946 avant d'en devenir le directeur de 1957 à 1976. Il oriente la revue dans le combat anticolonialiste puis dans la mouvance des idées autogestionnaires d'après 68. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Une morale sans moralisme, en 1992.

FELA (Fela Anikulapo-Kuti, dit)

musicien nigérian Abéokuta, pays yoruba,
15 octobre 1938
Lagos, 2 août 1997
Après des études musicales à Londres, il devient musicien de highlife (mélange de rythmes traditionnels ghanéens, de jazz et de fanfare), pratiquant le saxophone, le piano et le chant. Dans les années 60, il découvre la soul américaine et donne naissance à l'afrobeat (croisement de la soul et du highlife). À partir des années 70, il enregistre des dizaines d'albums dont le contenu devient de plus en plus subversif. Il dénonce ainsi l'autoritarisme et la corruption des dirigeants militaires nigérians. Il est alors harcelé par les forces de l'ordre qui envahissent son domicile et défenestrent sa mère. Cela ne l'empêche pas de se présenter aux élections présidentielles en 1983. Il est arrêté l'année suivante et reste emprisonné près de deux ans. Brisé par une vie d'excès et par les tracasseries de la police, il succombe des suites d'un sida non soigné.

FOCCART (Jacques Koch-Foccart, dit)

homme politique français
Ambrières, Mayenne, 1913
Paris, 19 mars 1997
D'abord entrepreneur d'import-export avec l'Afrique, il rejoint la Résistance puis le mouvement gaulliste, dont il devient le secrétaire général en 1954. Devenu familier du général de Gaulle, il est appelé à Matignon puis à l'Élysée après le retour de celui-ci au pouvoir. En 1961, il est nommé secrétaire général pour la Communauté et connaît à ce titre tous les chefs d'État des nouveaux pays francophones. La rumeur lui prête également un rôle déterminant dans tout ce qui tourne autour des services de renseignement puis du Service d'action civique (SAC), organisation créée pendant la guerre d'Algérie pour réagir contre les menaces de l'OAS et des partisans de l'Algérie française. Jusqu'à sa mort, il continuera d'inspirer la politique française en Afrique, du moins tant que la droite sera au pouvoir.

FRANQUIN (André)

dessinateur de BD belge
Etterbeek, Bruxelles, 3 janvier 1924
Sud de la France, 5 janvier 1997
En 1946, il entre aux éditions Dupuis où il reprend le personnage de Spirou. Il crée dans cette série le fameux marsupilami, animal enchanteur avec sa très longue queue. En 1957, il donne naissance à Gaston Lagaffe qui va imposer sa dégaine nonchalante de loser sympathique. Hergé dira de Franquin : « À coté de lui, je ne suis qu'un piètre dessinateur. » L'œuvre de Franquin influencera des générations entières de créateurs.

FULLER (Samuel)

cinéaste américain
Worcester, Massachusetts, 1911
Los Angeles 30 octobre 1997
Profondément marqué par ses années de guerre entre 1942 et 1945, il s'attachera dans tous ses films à décrire le processus de la violence et les mécanismes du choix que l'individu doit opérer dans des situations extrêmes. Il commence sa carrière de réalisateur à la fin des années 40 en tournant des westerns (J'ai tué Jesse James, 1949), des films de guerre (J'ai vécu l'enfer de Corée, 1950) et des films policiers (le Port de la drogue, 1953). Après Shock Corridor, en 1963, sa carrière connaît une éclipse, avant de rebondir en 1980 avec The Big Red One, forte évocation du débarquement allié en Normandie. Cinéaste populaire apprécié par les intellectuels, il laisse le souvenir d'un réalisateur énergique et profondément américain.

GASCAR (Pierre Fournier, dit Pierre)

écrivain français
Paris, 13 mars 1916
Lons-le-Saulnier, 20 février 1997
Écrivain prolifique, il se fait connaître par le Bêtes (1953), où il traite du rapport de l'homme à l'animal. Trois ans plus tard, il reçoit le prix Goncourt pour le Temps des morts, récit de sa captivité en URSS pendant la guerre. Grand lecteur de Nerval, auquel il consacrera un ouvrage, il publie son dernier livre en 1993, la Friche.

GOLDSMITH (Jimmy)

homme d'affaires britannique
février 1933
Marbella, Espagne, 20 juillet 1997
De père anglais et de mère française, il se lance dans les affaires dans les années 50 et crée son empire à partir de la Générale occidentale, dont il fait un géant de l'agroalimentaire. Après l'arrivée de la gauche en France en 1981, il rachète l'Express qu'il transforme alors en cheval de bataille contre le socialisme. Dans le même temps, il se lance dans des OPA considérables qui font de lui un des hommes les plus riches d'Europe. Dans les années 90, il se passionne pour l'écologie et s'oppose vigoureusement au processus de l'unification européenne. Il appuie en France Philippe de Villiers et crée en Grande-Bretagne un parti antieuropéen.

GINSBERG (Allen)

poète américain
Newark, New Jersey, 3 juin 1926
New York, 5 avril 1997
Avec Jack Kerouac et William Burroughs, il reste comme le grand représentant de la Beat génération, qui, dans les années 50 et au début des années 60, marquera l'Amérique puritaine et conformiste. Issu d'une famille d'intellectuels de gauche d'origine russe, il fait la connaissance à l'université de Jack Kerouac, ce qui va déterminer sa carrière littéraire. Avant de publier en 1956 son premier recueil de poèmes, Howl and Other Poems, il va vivre une vie d'errance et de bohème, refusant toute forme d'intégration sociale, consommant toutes formes de drogues et prônant une totale liberté sexuelle. Ses premiers poèmes, qu'il déclame lors de séances publiques, enflamment la jeunesse et renouvellent l'art poétique en l'appuyant sur le rythme du jazz puis du rock. En 1958, il compose le poignant poème Kaddish, à la mémoire de sa mère morte dans un hôpital psychiatrique. Au cours des années 70, il participe au mouvement contre la guerre du Viêt Nam, défend la cause homosexuelle et devient adepte du bouddhisme. Il publie en 1972 The Fall of America, description hallucinée de l'Amérique perdue dans le delta du Mékong. Il continue d'écrire et publie dans les années 90 Cosmopolitan Greetings, où il pratique avec bonheur l'humour et la dérision qui ont aussi marqué l'ensemble de son œuvre.

GRAPPELLI (Stéphane)

violoniste de jazz français
Paris, 26 janvier 1908
Paris, 1er décembre 1997
Fils d'un immigré italien, il apprend tout seul à jouer du violon avant d'entrer au Conservatoire en auditeur libre à l'âge de quatorze ans. Il commence par se produire dans les cinémas muets puis intègre un groupe de swing et découvre alors le jazz. Dans les années 30, il fonde le Hot Club de France avec le guitariste Django Reinhardt. Ils inventent alors un style musical sautillant, incroyablement gai et rythmé, qui fait le tour du monde. Des morceaux comme Minor Swing ou Nuages marqueront des générations de musiciens et de mélomanes. Après la guerre, Grappelli joue avec tous les plus grands instrumentistes de jazz et de classique, interprétant des duos fameux avec Yehudi Menuhin. Après lui, une lignée de violonistes français, parmi lesquels Jean-Luc Ponty et Didier Lockwood, suivra son exemple.

GUÉTARY (Lambros Worloou, dit Georges)

chanteur français
Alexandrie, Égypte, 8 février 1915
Mougins, Alpes-Maritimes, 13 septembre 1997
Issu d'une famille grecque d'Égypte, il fait ses débuts dans le music-hall à Paris en 1937, aux côtés de Mistinguett. Sa carrière débute vraiment à la Libération, quand il devient un spécialiste de l'opérette et de la chanson de charme. Au cinéma, il est le partenaire de Gene Kelly dans Un Américain à Paris (1950) et il collectionne les succès avec des chansons comme Ciao, ciao, Bambina ou la Valse des regrets et des premiers rôles dans des opérettes comme la Route fleurie, de Francis Lopez, ou Monsieur Carnaval. Sa carrière se poursuit quasiment jusqu'à sa mort.

GUILLEVIC (Eugène)

poète français
Carnac, 5 août 1907
Paris, 19 mars 1977
Fils de gendarme, il devient fonctionnaire au ministère des Finances, où il travaillera pendant près de quarante ans. Pendant la guerre, il entre dans la Résistance et adhère au Parti communiste, où il restera jusqu'en 1980. Parallèlement, il développe une œuvre poétique, en rupture avec le surréalisme, marquée par un parti pris de concision et de dépouillement. Son premier recueil, Requiem, date de 1938, suivi, en 1942, de Terraqué, dont le premier poème s'appelle Choses. Comme Francis Ponge, qui publie également en 1942 le Parti pris des choses, Guillevic veut donner la priorité au monde extérieur et à la réalité concrète. « La métaphore n'est pas, pour moi, l'essence de la poésie », dira-t-il ainsi. Il pratique le vers libre, mais appuyé sur une métrique régulière, comme l'alexandrin, qu'il n'hésite pas à couper en trois ou quatre. Au cours des années 50, il penche pour une poésie politique engagée avant de revenir, au début des années 60, à son inspiration première en se ressourçant dans sa Bretagne natale. Avec vingt recueils comme Amulettes, Fractures, Carnac, Possibles Futurs, l'œuvre de Guillevic jouit d'une réputation grandissante, traduite dans quarante langues et couronnée par le Grand Prix de poésie de l'Académie française en 1976 et le Grand Prix national de poésie en 1984.

HALLIER (Jean-Edern)

écrivain français
Saint-Germain-en-Laye, 1er mars 1936
Deauville, 12 janvier 1997
Cofondateur avec Philippe Sollers de la revue Tel Quel, il ne cessera d'animer le paysage intello-mondain de Paris. Après la publication de son premier roman en 1963, les Aventures d'une jeune fille, il fonde en 1969 la revue l'Idiot international et fréquente les milieux d'extrême gauche qui lui reprocheront d'avoir détourné à son profit de l'argent destiné à la résistance chilienne. Après l'avoir appuyé, il s'oppose au président Mitterrand contre qui il publie un pamphlet. Réputé pour ses frasques et ses provocations, il anime au cours des années 90 différentes émissions littéraires à la télévision.

HELLER (Michel)

Historien français, spécialiste des questions russe et soviétique
Moguilev, Biélorussie, 1922
Paris, 4 janvier 1997
Né soviétique, il se spécialise dans l'histoire allemande avant d'être déporté au goulag pendant six ans. En 1969, il émigré définitivement en France et s'attache alors à décrire les mécanismes autoritaires du système soviétique. Il est l'auteur, notamment, avec Alexandre Nekrich, de l'Utopie au pouvoir, histoire de l'URSS à nos jours, publiée en 1982.

HRABAL (Bohumil)

écrivain tchèque
Brno, 28 mars 1914
Prague, 3 février 1997
Juriste de formation, il ne pratique pas le droit mais différents petits métiers, manutentionnaire, machiniste de théâtre, voyageur de commerce, avant de se lancer, à près de cinquante ans, dans la littérature, quand un de ses amis va porter son manuscrit chez un éditeur. Ce sera Petites Perles du fond (1963), suivi de Trains étroitement surveillés (1965), qui connaîtra un succès mondial à travers l'adaptation cinématographique qu'en tirera Jiri Menzel. Il impose son écriture truculente, proche du parler populaire, d'essence célinienne (il professera toujours une grande admiration pour l'auteur du Voyage au bout de la nuit), grâce à un très grand talent de conteur. Ses livres débordent d'inventivité, faisant alterner la truculence et la culture, l'hédonisme et la douleur, les trouvailles littéraires et le subvertissement des formes traditionnelles de narration. Quand le « printemps de Prague » est balayé par la répression, ses livres sont retirés des librairies pendant plusieurs années. En 1975, cependant, il accepte de faire son « autocritique » pour être publié à nouveau. Il ressort alors le désopilant Moi qui ai servi le roi d'Angleterre et Une trop bruyante solitude. Grand buveur de bière lui-même, Hrabal est un brasseur d'anecdotes, un grand bavard qui exorcise son mal de vivre en racontant mille histoires plus « hénaurmes » et plus désopilantes les unes que les autres. Une douzaine de ses ouvrages sont traduits en français chez différents éditeurs.

HUYGUES (René)

historien d'art français
Arras, 3 mai 1906
Paris, 4 février 1997
D'abord conservateur au Louvre et expert en muséologie, il dirige avant-guerre plusieurs revues artistiques à large audience. Après la guerre, il rejoint le Collège de France où il est chargé de la chaire de psychologie des arts plastiques. Élu à l'Académie française en 1960, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la peinture dont Dialogue avec le visible.

KHAN (Nusrat Fateh Ali)

chanteur pakistanais
Faisalabad, 1948
Londres, 16 août 1997
Fils de musicien, il devient très tôt un virtuose du « qaqwâlî », chant mystique issu de la tradition soufie. Il devient une vedette dans son pays au cours des années 70 puis est découvert en Occident lors de la décennie suivante. En 1986, le musicien de rock Peter Gabriel le fait participer à la BO d'un film de Scorsese puis lui fait enregistrer plusieurs disques avec les techniques modernes de remixage. Son extraordinaire agilité vocale devient alors célèbre dans le monde entier.

LAROQUE (Pierre)

haut fonctionnaire français
Paris, 2 novembre 1907
21 janvier 1997
Issu d'une famille de juristes, conseiller d'État, il est à l'origine du système français de sécurité sociale. Il inspire et veille à la mise en œuvre des ordonnances de 1945 en tant que directeur général de la Sécurité sociale au ministère des Affaires sociales puis comme président de la Caisse nationale entre 1953 et 1967.

LICHTENSTEIN (Roy)

peintre américain
New York, 1923
New York, 29 septembre 1997
D'abord marqué par le cubisme, puis passé par l'abstraction et l'expressionnisme, il devient, au début des années 60, une des vedettes du pop' art, ce mouvement artistique inventé par les Anglais mais rendu célèbre dans le monde entier par les Américains. Avec Andy Warhol, Claes Oldenburg, James Rosenquist et Tom Wesselman, il est exposé dans une galerie new-yorkaise sous l'étiquette de « nouveau réaliste ». Comme ses confrères, il s'attache à réintroduire la figuration contre la domination de l'abstraction ; il le fait en s'inspirant de la culture populaire, et tout particulièrement de la bande dessinée, dont il reprend les images simples et directes. Il reproduit ces images en faisant apparaître, comme en imprimerie, les trames de points minuscules et les hachures. Le célèbre marchand de peinture Leo Castelli remarque son travail et fait très vite de lui une vedette de l'art contemporain. Après sa phase BD, Lichtenstein reprend des tableaux célèbres de Picasso, Léger, Matisse, Cézanne ou Monet. Au cours des années, sa peinture évolue aussi bien au niveau des motifs (architecture, miroirs) que de la technique (de la trame d'imprimerie à l'action painting), mais son succès ne se démentira pas jusqu'à sa mort. On lui reprochera bien de n'être qu'un récupérateur, un suiviste et non un créateur, cela n'empêchera pas ses œuvres de connaître une cote jamais démentie.

MANLEY (Michael)

homme politique jamaïquain
1925 - 6 mars 1997
Fils d'un des fondateurs de la Jamaïque indépendante, il se lance dans la politique et accède au pouvoir en 1972 à la tête du Parti national populaire (PNP). Il met en œuvre un programme socialiste et noue d'étroites relations avec Cuba. En 1980, à la suite de sanglantes élections, il est battu par son rival conservateur Edward Seaga. Il profite de son passage dans l'opposition pour recentrer son programme et se rapprocher des États-Unis, ce qui lui permet de retrouver son poste de Premier ministre en 1992. La maladie le force à laisser les rênes du gouvernement à Percival J. Patterson.

MARCHAIS (Georges)

homme politique français
La Hoguette, Calvados, 7 juin 1920
Paris, 16 novembre 1997
Fils d'ouvrier, sa jeunesse reste marquée par plusieurs zones d'ombre. Officiellement, alors qu'il n'avait aucune activité politique, il est envoyé en Allemagne, en 1942, pour travailler dans les usines Messerschmitt, au titre du STO (Service du travail obligatoire). Certains historiens pensent qu'il militait déjà au PC et qu'il se serait fait volontairement envoyer outre-Rhin pour espionner au profit de l'URSS. Après la Libération, il est embauché comme ouvrier dans l'aéronautique à Issy-les-Moulineaux. Il rejoint le Parti en 1947 et devient permanent au début des années 50. En 1956, il entre au Comité central et devient, trois ans plus tard, membre suppléant au bureau politique. En 1961, il occupe le poste clef de secrétaire à l'organisation ; huit ans plus tard, les Soviétiques l'imposent à la direction de fait du Parti dont il devient officiellement le secrétaire général en 1972. Il va alors pratiquer une suite de coups d'accordéon politiques, hésitant entre l'ouverture du PCF aux courants rénovateurs et sa fermeture sur sa tradition stalinienne. En 1972, il signe l'accord de gouvernement PC-PS avec François Mitterrand dont il appuie la candidature à l'élection présidentielle en 1974. Il rejette ensuite le stalinisme et le principe de la dictature du prolétariat. À l'inverse, en 1977, il rompt avec les courants rénovateurs de l'eurocommunisme et dénonce l'alliance avec le PS, puis approuve, en 1980, l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques. Les années 80 marqueront le déclin de l'ère Marchais et le recul électoral du PC. En 1993, Georges Marchais laisse la direction du Parti à Robert Hue.

MÈRE TERESA (Agnès Gonxha Bajaxhiu, dite)

religieuse catholique indienne
d'origine albanaise
27 août 1910, région de Skopje
Calcutta, 5 septembre 1997
Née dans une famille albanaise de Macédoine, elle rejoint la congrégation des sœurs de Loreto, en Irlande, avant de partir fin 1928 pour les Indes. Pendant dix-huit années, elle est contrainte d'enseigner l'histoire et la géographie à des jeunes filles de la bonne société de Calcutta. En 1948, elle décide de se lancer dans l'aide directe aux pauvres et crée, deux ans plus tard, la congrégation des Missionnaires de la charité. Elle ouvre alors un puis plusieurs mouroirs afin de permettre aux personnes démunies de tout d'être soignées ou de mourir entourées. Elle établira ainsi plus de 200 mouroirs, crèches, écoles et dispensaires, tant en Inde que dans le reste du monde, avant de recevoir le prix Nobel de la paix en 1979. Elle apporte alors son soutien à de nombreuses causes : réfugiés palestiniens, aborigènes australiens, paysans sans terre du Guatemala, etc. Elle milite également avec beaucoup de ténacité contre l'interruption volontaire de grossesse et certains lui reprochent de s'en tenir à la morale la plus conservatrice de la tradition catholique. Au milieu des années 90, sa congrégation compte plus de 3 500 religieuses, réparties dans plus de 100 pays, et gère plus de 400 établissements humanitaires. Le 13 septembre, à Calcutta, l'Inde fait à Mère Teresa des funérailles nationales.

MITCHUM (Robert)

acteur de cinéma américain
Lion, Connection, 6 août 1917
Santa Barbara, 1 juillet 1997
Fils de cheminot, il vit une jeunesse aventureuse avant de rejoindre Hollywood où il écrit d'abord des histoires pour enfants. Au début des années 40, il commence une carrière d'acteur, servi par une silhouette de colosse et une décontraction naturelle tout à fait étonnante. En 1947, il joue son premier grand rôle dans la Vallée de la peur de Raoul Walsh. Il devient définitivement une vedette, défrayant la chronique par ses frasques et par sa consommation d'alcool et de substances toxiques. Il travaille sous la direction d'Otto Preminger (la Rivière sans retour, aux côtés de Marylin Monroe), avant de tourner le plus grand rôle de sa carrière en 1955, celui d'un pasteur fou terrifiant deux enfants dans la Nuit du chasseur de Charles Laughton. Intronisé légende vivante, on le voit dans de grands films, comme El Dorado d'Howard Hawks, en 1967, ou la Fille de Ryan de David Lean, en 1970, ainsi que dans quelques navets qu'il traverse de toute sa désinvolture. Il fait sa dernière apparition à l'écran dans le très beau Dead Man de Jim Jarmusch, en 1995.

MOBUTU SESE SEKO (Joseph-Désiré Mobutu, dit)

homme politique congolais
Lisala, nord du Congo,
14 octobre 1930
Rabat, 5 septembre 1997
Fils d'un cuisinier travaillant au service de missionnaires flamands, il est enrôlé très jeune dans l'armée. Quelques années plus tard, il écrit dans des publications militaires. Il embrasse ensuite la carrière de journaliste et rencontre à cette occasion le militant indépendantiste de gauche Patrice Lumumba. Il occupe des fonctions officielles dès l'indépendance, en 1960, quand le président Joseph Kasavubu et le Premier ministre Lumumba lui demandent de reprendre en main les forces armées. Il est alors promu colonel et chef d'état-major. Très vite, il organise un premier coup d'État pour éliminer Lumumba. En 1965, il chasse à son tour le président Kasavubu, occupe le pouvoir et se débarrasse physiquement de ses derniers opposants, MM. Tshombé, Kimba et Mulele. Il prône alors une « africanisation » des mœurs et pratique une politique de népotisme et de corruption effrénée. En 1977, il réprime, avec l'aide des troupes marocaines, une tentative de sécession dans la riche province minière du Shaba (ex-Kantanga, au sud-est du pays). Une deuxième insurrection est à nouveau réprimée l'année suivante, cette fois avec l'aide des troupes françaises. Au début des années 80. M. Mobutu s'estime lui-même le deuxième homme le plus riche de la planète. Il continue tout de même d'être soutenu par les Occidentaux, qui voient en lui un rempart contre les risques de soulèvement communiste à partir de l'Angola. En 1990, il annonce une démocratisation de son régime, mais celle-ci n'intervient jamais. Le changement de la donne géopolitique mondiale et régionale a raison de lui à partir de 1996 et de l'offensive menée par Laurent-Désiré Kabila. En mai, Mobutu doit s'exiler et lutte encore quelques semaines contre un cancer généralisé qui l'avait affaibli depuis plusieurs années.

PARKER (Tom)

entrepreneur de spectacle américain
Breda, Pays-Bas, 1909
Las Vegas, 21 janvier 1997
Il restera dans l'histoire comme l'imprésario d'Elvis Presley, du milieu des années 50 jusqu'à la mort de l'idole en 1977. Connu sous le titre fantaisiste de « colonel », il commence sa carrière en faisant danser des poulets sur une plaque chauffante recouverte de sciure. Il s'occupe ensuite de chanteurs de country music comme Eddy Arnold ou Hank Snow puis rachète en 1955 le contrat d'Elvis Presley à Sam Phillips, le patron de Sun Records. Il va contribuer au lancement de la carrière planétaire de son poulain et de sa relance après 1968, touchant des honoraires variant entre 25 et 50 % des gains du « roi du rock ».

PAUWELS (Louis)

homme de presse et écrivain français
Paris, 2 août 1920
28 janvier 1997
Il entame une carrière de journaliste et rencontre, dans les années 50, Jacques Bergier, un scientifique touche-à-tout, fasciné par l'alchimie. Les deux hommes s'associent et pratiquent une vulgarisation scientifique efficace, tournée vers la science-fiction et l'ésoterisme. En 1961, ils publient le Matin des magiciens, qui connaît un succès énorme. Ils décident alors de créer dans la même veine la revue Planète. Dans les années 70, Louis Pauwels reprend ses activités d'écrivain qu'il a commencées dès 1949 avec les Voies de petite communication. Suivront, notamment, Saint Quelqu'un et l'Amour monstre. Il dirige bientôt les services culturels du Figaro et décide, en 1977, d'imposer l'idée de « nouvelle droite », en faisant référence à l'inégalité naturelle entre les hommes et au passe paganiste de l'Europe. En accord avec Robert Hersant, le patron du titre, il crée le supplément hebdomadaire Figaro Magazine.

PINGET (Robert)

écrivain français d'origine suisse
Genève, 19 juillet 1919
Tours, 25 août 1997
Il publie son premier livre en 1951, Entre Fantoine et Agapa : c'est une suite de nouvelles qui le situent d'emblée dans la mouvance de Samuel Beckett et du « nouveau roman », avec des personnages indéfinis et des paysages imaginaires. En 1956, il rejoint les éditions de Minuit où il côtoie Alain Robbe-Grillet, Claude Simon et Nathalie Sarraute. En 1965, trois ans après avoir publié l'Inquisitoire, gros roman fait de deux monologues entrecroisés, il obtient le prix Femina pour Quelqu'un, où il s'applique à détruire lui-même l'intrigue qu'il a posée au début de l'ouvrage. Il écrit également pour le théâtre, Architruc est monté à la Comédie-Française en 1971, et publie quelques mois avant sa mort son dernier ouvrage, Taches d'encre.

POLIAKOV (Léon)

historien français d'origine russe
Saint-Pétersbourg, 25 novembre 1910
8 décembre 1997
Émigré en France à l'âge de dix ans, il débute dans le journalisme puis travaille au Centre de documentation juive contemporaine. À ce titre, il participe au procès de Nuremberg en tant qu'expert. Il devient alors historien de l'antisémitisme et publie en 1951 le Bréviaire de la haine. Il entreprend ensuite de rédiger une monumentale Histoire de l'antisémitisme, qu'il fera paraître entre 1955 et 1977, complétée, en 1994, par un volume collectif. Il y montre comment l'antisémitisme moderne a dépassé l'antijudaïsme théologique traditionnel pour adopter une approche raciale et biologique. Il s'intéresse également aux sources des régimes totalitaires et à leurs théories du « complot ».

POPEREN (Jean)

homme politique français
Angers, 9 janvier 1925
Paris, 23 août 1997
D'origine modeste, il adhère à dix-huit ans au Parti communiste, participe à la Résistance puis passe avec succès l'agrégation d'histoire. En 1959, il quitte le PC pour adhérer au PSU. Fidèle à une conception très à gauche du combat socialiste, il rejoint François Mitterrand en 1965 et contribue à la création du Parti socialiste, qu'il conçoit comme un « parti de lutte de classes ». Élu député du Rhône en 1973, puis maire de Meyzieu en 1977, il entre dans le gouvernement de Michel Rocard en 1988 au poste de ministre des Relations avec le Parlement. Jusqu'à sa mort, il défend une conception anticapitaliste de la politique, mais est favorable à l'unification européenne.

PRÉBOIST (Paul)

comédien comique français
Marseille, 21 février 1927
Paris, 4 mars 1997
Spécialiste des seconds rôles, il impose son physique méridional et son accent chantant, d'abord sur les planches aux côtés de Paul Meurisse et de Fernand Reynaud, avant de devenir un familier de la télévision où on le voit dans des jeux et des dramatiques. Au cinéma, il tourne avec Philippe de Broca, Henri Vemeuil, Claude Zidi et Claude Lelouch. Il figure longtemps comme comique et imitateur loufoque dans les émissions de Patrick Sébastien.

RICHTER (Sviatoslav)

pianiste russe
Jitomir, Ukraine, 20 mars 1915
Moscou, 1er août 1997
Formé dans la prestigieuse classe de Heinrich Neuhaus au Conservatoire de Moscou, il entame une carrière brillante, notamment en créant plusieurs œuvres de Prokofiev et de Chostakovitch. Rapidement, son talent exceptionnel et son caractère très indépendant le placent à part dans le monde corseté de la musique classique soviétique. Il créé un son unique où sa sensibilité profonde apparaît au bout d'un long travail d'accouchement. Ce qui explique qu'il n'aimait pas programmer des concerts longtemps à l'avance et qu'il a refusé d'enregistrer des disques autrement qu'en prise directe. À partir des années 60, il se produit souvent en Occident, notamment en France, où il réside une partie du temps.

ROY (Claude Orland, dit Claude)

écrivain français
Paris, 1915
Paris, 13 décembre 1997
Fréquentant dans sa jeunesse les milieux littéraires et d'extrême droite, il entre ensuite dans la Résistance puis adhère en 1944 au Parti communiste qu'il quitte en 1956. Journaliste dans plusieurs organes de gauche, il publie des récits de voyage – Retour de Chine –, des essais littéraires – Défense de la littérature –, philosophiques – l'Homme en question –, des recueils poétiques – Clair comme le jour, À la lisière du temps –, des romans – La nuit est le manteau des pauvres, Léone et les siens – et des mémoires – Moi je, Nous, Somme toute. Figure de la scène littéraire parisienne, il collabore pendant plusieurs décennies à la NRF, au sein des éditions Gallimard.

SHAHAR (David)

écrivain israélien
Jérusalem, 1926
Paris, 2 avril 1997
Issu d'une famille installée depuis cinq générations à Jérusalem, il est un des écrivains qui connaît le mieux la ville et en fait le cadre obligé d'une grande partie de son œuvre. Inspiré également par la tradition de la kabbale et par l'ésotérisme chrétien, il publie, à partir de la fin des années 60, un vaste cycle narratif, le Palais des vases brisés, qui recrée toute une tranche de vie dans Jérusalem à partir des années 40. De Un été rue des prophètes jusqu'à la Nuit des idoles, on peut retrouver de volume en volume un art consommé du foisonnement et des entrecroisements littéraires que certains comparent à celui de Proust.

SINIAVSKI (André)

écrivain russe
Moscou, 8 octobre 1925
Fontenay-aux-Roses, 25 février 1997
Historien de la littérature et critique, il prend la défense de Pasternak et publie des articles et récits satiriques. En 1965, il est condamné au goulag avec son ami Iouli Daniel pour avoir publié à l'étranger des textes « calomniant le régime » et devient l'un des chefs de file des dissidents du régime soviétique. Libéré au bout de six ans, il s'installe en France en 1971 et publie divers ouvrages et romans, dont le très beau Une voix dans le chœur (1974), récit de sa détention.

SIRIUS (Max Mayeu, dit)

dessinateur de BD belge
Soignies, Belgique, 26 septembre 1911
Javea, Espagne, 1er mai 1997
Il débute sa carrière à la fin des années 30 en créant le personnage humoristique et rêveur de Bouldadar et celui de son compagnon le nain Colégram. Pendant la guerre, il conçoit pour Spirou la série de l'Épervier bleu, censé remplacer les cartoons américains proscrits par l'occupant allemand. En 1955, il lance sa série la plus renommée, les Timour, ou la saga d'une famille à travers l'histoire, de la préhistoire au XXe siècle. Cette série durera près de quarante ans.

SOLTI (Georg)

chef d'orchestre britannique
d'origine hongroise
Budapest, 21 octobre 1912
Antibes, 7 septembre 1997
Formé à l'académie Franz-Lizst de Budapest, il donne son premier récital de pianiste à l'âge de douze ans. Il dirige l'orchestre de l'Opéra de cette ville de 1934 à 1938. D'origine juive, il doit se réfugier en Suisse en 1939. Après la guerre, sa réputation est très grande à travers toute l'Europe. Il choisit de se fixer en Grande-Bretagne au début des années 60. Il réalise alors des enregistrements mémorables des opéras de Wagner. Au cours des années 70, il dirige l'Orchestre de Paris avec lequel il enregistre de très beaux poèmes symphoniques de Liszt. À la fois rigoureux et serein, il est considéré, notamment pour son œuvre discographique, comme un des plus grands chefs du siècle.

SORIANO (Osvaldo)

écrivain argentin
Mar del Plata, 1943
Buenos Aires, 29 janvier 1997
Ancien footballeur professionnel, il découvre la littérature et se lance dans le journalisme à vingt-six ans. En 1972, il publie son premier livre, Je ne vous dis pas adieu, avec lequel il impose d'emblée son goût pour les situations rocambolesques et son humour cinglant. Après le coup d'État des militaires, il se réfugie en France et adoptera la nationalité française. Il publie Jamais plus de peine ni d'oubli et Quartiers d'hiver, des récits cruels sur l'exil et l'histoire argentine. Représentant de la génération des écrivains argentins arrivant après celle des « grands » – Borges, Cortazar –, il a reçu le prestigieux prix Scanno en Italie.

STEWART (James)

acteur de cinéma américain
Indiana, Pennsylvanie, 20 mai 1908
Beverly Hills, 2 juillet 1997
Il est l'acteur américain par excellence, celui qui incarne toutes les vertus du Nouveau Monde avec sa longue silhouette dégingandée, sa gaucherie émouvante et sa ténacité idéaliste. Fils d'un patriote plusieurs fois engagé volontaire, il fréquente l'université avant de se lancer dans le spectacle à New York au début des années 30. Il arrive à Hollywood en 1935 et joue son premier rôle important en 1938 dans Vous ne l'emporterez pas avec vous de Frank Capta. L'année suivante, il triomphe dans M. Smith au Sénat, de Capra également, où il incarne un jeune parlementaire opposé à toute forme de corruption. Excellent pilote, il s'engage dans l'aviation pendant la Seconde Guerre mondiale, qu'il finit avec le grade de colonel sur la base de ses états de service. La paix revenue, il reprend le chemin des studios et joue à nouveau sous la direction de Capra (La vie est belle, 194 7), puis d'Alfred Hitchcock (la Corde, 1948, Fenêtre sur cour, 1955, l'Homme qui en savait trop, 1956, Vertigo, 1958), d'Anthony Mann (notamment l'Homme de la plaine en 1955) et de John Ford (entre autres l'Homme qui tua Liberty Valence en 1962). Unanimement respecté, il anime un show télévisé dans les années 70 et joue encore quelques petits rôles au cinéma jusqu'en 1981.

TEITGEN (Pierre-Henri)

homme politique français
Rennes, 29 mai 1908
Paris, 6 avril 1997
Figure marquante de la Résistance, il devient ministre du général de Gaulle à la Libération. Élu député démocrate-chrétien (MRP) d'Ille-et-Vilaine, il est un des pivots de tous les gouvernements MRP de la Ve République, assumant trois fois la fonction de vice-président du Conseil.

TOPOR (Roland)

dessinateur, peintre, romancier et dramaturge français
Paris, 7 janvier 1938
Paris, 16 avril 1997
Marqué par sa découverte au lycée des œuvres dadaïstes et surréalistes, il participe, en 1962, à la création du groupe artistique Panique, aux côtés d'Arrabal, Jodorowski et Sternberg. Au sein de ce groupe, il affirme son art de dessinateur de l'absurde, de la confusion et de la sexualité. Il écrit aussi plusieurs romans, dont le Locataire chimérique (1964), qui sera porté à l'écran par Roman Polanski. Au théâtre, il écrit pour le Grand Magic Circus de Jérôme Savary et met en scène Ubu roi de Jarry en 1992. Au cinéma, il réalise les personnages et les maquettes du film d'animation de René Laloux, la Planète sauvage, qui sera primé au Festival de Cannes en 1973. Il travaille également pour la télévision et réalise, au cours des années 80, la très amusante série d'émissions enfantines « Télé-Chat ». Touche-à-tout génial, humoriste féroce et chaleureux à la fois, il reçoit le grand prix national des Arts graphiques en 1981 et le grand prix de la Ville de Paris en 1990.

VASARELY (Viktor Vasarheli, dit Victor)

peintre français d'origine hongroise
Pécs, Hongrie, 9 avril 1908
Paris, 15 mars 1997
Formé à l'académie des Beaux-Arts de Budapest, il s'installe à Paris au milieu des années 30 et travaille un temps pour la publicité à l'agence Havas. En 1955, il présente l'exposition « Le Mouvement », qui constitue un des moments forts de l'art cinétique. Cette forme d'expression picturale est née, chez Vasarely, de l'observation des galets à Belle-Île-en-Mer. L'artiste en retire la conviction que « les langages de l'esprit ne sont que des supervibrations de la nature physique ». L'art cinétique est donc le rendu du mouvement de la matière. Concrètement, ce sont des formes géométriques et des couleurs dont l'agencement donne le sentiment de la vibration et du mouvement. Au cours des années 60 et 70, Vasarely acquiert une grande notoriété, participant à la décoration d'espaces publics à Paris et en province. La fin de sa vie est assombrie par la maladie, une certaine désaffection du public et des escroqueries menées autour de la fondation créée pour la gestion de son œuvre.

VERSACE (Gianni)

styliste italien
Reggio Di Calabria, 2 décembre 1946
Miami, Floride, 15 juillet 1997
D'origine modeste, il lance sa première collection en 1978 et se lance rapidement dans les affaires avec son frère et sa sœur. Ses lignes de vêtements sexy et clinquantes connaissent un succès mondial et le chiffre d'affaires annuel de l'entreprise Versace atteint les 4,5 milliards de dollars au milieu des années 90. Homosexuel, il est assassiné devant sa maison de Miami par un tueur en série qui est rapidement localisé par la police avant de se suicider.

VIRIEU (François-Henri de)

journaliste français
Paris, 18 décembre 1932
Marly-le-Roi, 26 octobre 1997
Ancien journaliste au Monde, spécialiste des problèmes agricoles, il se fait connaître du grand public en créant, en 1982, et en animant l'émission de débat politique « L'heure de vérité » sur Antenne 2, qui sera un point de rencontre essentiel de la vie publique française, jusqu'à son arrêt en 1995.

WIDERBERG (Bo)

cinéaste suédois
Malmö, 8 juin 1930
Aengelholm, 1er mai 1997
D'abord écrivain et critique de cinéma, il s'en prend à la production de son pays, trop exclusivement centrée à son goût autour du cinéma obsessionnel de Bergman. Il réalise un premier film en 1962, le Péché suédois, inspiré par la Nouvelle Vague française. Cinq ans plus tard, il signe avec Elvira Madigan une œuvre d'une grande beauté formelle puis s'oriente vers un cinéma social dont Adalen 21 (chronique d'une grève) et Joe Hill (portrait d'un syndicaliste) sont les pièces les plus connues.

WILLIAMS (Tony)

musicien de jazz américain
Chicago, 12 décembre 1945
San Francisco, 23 février 1997
Fils d'un saxophoniste, il se lance très tôt dans la batterie et joue avec Art Blakey et Max Roach dès l'âge de douze ans. Il accompagne ensuite Miles Davis pendant plusieurs années et enregistre, en 1965, son premier album solo, Spring. À la fin des années 60, il monte le trio Lifetime avec l'organiste Larry Young et le guitariste John McLaughlin, jetant ainsi les bases du jazz rock. Il joue ensuite avec de nombreux musiciens de tout premier plan, du rock comme du jazz ; de Jack Bruce à Ron Carter ou de George Benson à Sonny Rollins. Dans les années 90, il s'essaie dans l'album Wilderness à la composition avec un orchestre symphonique.

YEPES (Narciso)

guitariste espagnol
Lorca, Andalousie, 14 novembre 1927
Murcie, 3 mai 1997
Fils de paysans, il se lance dans la guitare classique pendant les années 40 et entame une carrière internationale dès 1948 après avoir interprété avec l'Orchestre national d'Espagne le Concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo. Il se fait connaître du grand public en composant et interprétant la musique du film Jeux interdits, palme d'or à Cannes. Au cours des années 60, il invente la guitare à dix cordes. Il collabore avec plusieurs compositeurs contemporains comme Maurice Ohana, Jean Françaix ou Salvador Bacarisse.

ZINNEMAN (Fred)

cinéaste américain
d'origine autrichienne
Vienne, 29 avril 1907
Londres, 14 mars 1997
Il se lance dans le cinéma, d'abord à des postes techniques, à Berlin et à Paris. En 1929, il s'installe en Californie et tourne ses premiers longs-métrages en 1942. Il entame alors une longue et prestigieuse carrière, marquée par de nombreuses distinctions (25 oscars, dont trois pour la meilleure mise en scène), un réel succès public et un dédain de la critique. Les cinéphiles lui reprochent la lourdeur de ses mises en scène et sa volonté trop explicite de développer ses partis pris humanistes et libéraux. Ses premiers grands films sont les Anges marqués (1948), où il donne sa chance à Montgomery Clift, et C'étaient des hommes (1950), où l'on remarque un débutant nommé Marlon Brando. Il acquiert la grande notoriété avec le Train sifflera trois fois (1952), Tant qu'il y aura des hommes (1953), et Au risque de se perdre (1959), avec Audrey Hepburn. Il connaît encore un grand succès avec Un homme pour l'éternité en 1966, puis continuera de tourner jusqu'en 1982.