Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

Sports 97 : une année charnière

Ni olympique, ni vouée à la fièvre du football qui s'emparera de la France en juin et juillet 1998, l'année écoulée n'en a pas été morose pour autant. Point d'orgue de la saison 1997, les Championnats du monde d'athlétisme sont devenus un événement planétaire. Organisés à Athènes, ville désignée pour accueillir les Jeux de 2004, ils n'ont pas eu a pâlir d'une quelconque concurrence olympique. Malgré la pénurie de records du monde, ces dix jours d'athlétisme resteront le moment fort de l'année. D'abord, parce qu'ils ont révélé une nouvelle génération de champions représentée par les vainqueurs américains des 100 m, Maurice Greene et Marion Jones. Ensuite, parce qu'ils ont été le théâtre d'énormes surprises : sur les 44 titres décernés à Athènes, seulement dix ont récompensé des champions olympiques en titre. Enfin, parce qu'ils ont généré des exploits hors du commun. Comment en effet qualifier autrement le sixième titre consécutif de Sergueï Bubka, trente-trois ans, seul champion du monde à la perche de l'histoire ?

L'athlétisme, mais aussi le judo, le cyclisme, le tennis et bien d'autres disciplines moins courues par les médias ont livré leur lot d'images fortes et d'émotions, révélé de nouveaux visages ou consacré des champions confirmés. Dans cette élite très fermée des multirécidivistes, on retiendra la domination écrasante de David Douillet sur la catégorie reine du judo, le douzième (mais faut-il encore les compter ?) sacre mondial de Jeannie Longo ou encore la maîtrise d'un Pete Sampras, vainqueur, à Wimbledon, de son dixième tournoi du Grand Chelem.

Mais les véritables animateurs de cette année de transition coincée entre les joutes olympiques d'Atlanta et de Nagano, entre les coups de sifflet de l'Euro 96 et du Mondial 98, ce sont les outsiders, les inconnus, voire les champions en herbe, qui ont fait une entrée tonitruante sur la scène internationale : superbes Jan Ullrich et Laurent Brochard, les équipiers modèles devenus rois du peloton... Magnifique Stéphane Diagana, surprenant champion du monde du 400 m haies... Étonnante Martina Hingis et ses trois titres du Grand Chelem enlevés à dix-sept ans à peine...

Dans cette galerie de portraits, la France occupe, une fois n'est pas coutume, une place de choix : ses escrimeurs ont fait sensation en devenant, pour la première fois, champions du monde du sabre ; ses rugbymen ont mis fin à une longue série noire en réussissant un nouveau Grand Chelem dans le Tournoi des cinq nations ; ses rameurs ont fait des miracles en aviron et en canoë... Florian Rousseau, Marie-Claire Restoux, Éric Srecki, Luc Alphand, Laurent Jalabert... la liste est longue des tricolores à avoir inscrit leur nom dans la légende de leur discipline.

Au-delà des exploits, l'année 1997 a encore apporté son lot de scandales. Anecdotiques peut-être, mais marquantes, les agressions caractérisées de Mike Tyson sur l'oreille d'Evander Holyfield ou de Michael Schumacher sur la Williams de Jacques Villeneuve.

Plus monstrueux, le drame récurrent du dopage n'a pas disparu. Alors qu'en Allemagne s'ouvrait, après de longues années d'instruction, le procès du dopage d'État systématique dans l'ex-RDA, une poignée de footballeurs français étaient contrôlés positifs aux anabolisants, le pire des produits dopants. À six mois de l'ouverture du Mondial, le football, jusque-là épargné par le fléau, se serait bien passe d'une telle publicité.