Alors que l'opinion publique accepte mal la présence croissante d'intérêts chiliens dans le pays, les relations diplomatiques reprennent entre les présidents des deux pays, la Bolivie étant toujours préoccupée d'obtenir un accès à la mer.

Brésil

Le plan réal, lancé lorsque l'actuel président, Fernando Henrique Cardoso, était ministre des Finances, a porté l'inflation de 900 % à 20 % en 1995. Mais les taux d'intérêt élevés limitent les investissements des firmes brésiliennes ; la croissance ralentit, les licenciements se multiplient, ce qui amène les syndicats à appeler à une grève générale, relativement peu suivie, le 21 juin. Pour la première fois depuis dix ans, la balance commerciale est déficitaire, le réal fort réduisant les exportations. Le déficit public augmente (4,2 % du PIB). Alors que la réduction des déficits passe par la maîtrise de la fraude, un nouveau scandale met en cause la banque centrale en février. Le processus de privatisation des entreprises brésiliennes, commencé en 1991, se poursuit à un rythme moins soutenu.

Le gouvernement, dépourvu de majorité parlementaire, est contraint de négocier avec chacun, au coup par coup. Les élections municipales d'octobre voient un recul des partis conservateurs qui profite au parti des Travailleurs (PT). En avril, la répression d'une manifestation du MST (Mouvement des sans-terre), à Eldorado dos Carajas, tue une vingtaine de personnes. Un ministère de la Réforme agraire, confié à un ancien communiste, est alors créé. Mais, les effets de cette décision se faisant attendre, les occupations de terres par les militants du MST reprennent en septembre.

Chrono. : 17/04.

Chili

L'excellente santé de l'économie chilienne se confirme. Les taux d'investissement national approchent ceux des « tigres » asiatiques (28,1 % du PIB en moyenne, entre 1990 et 1995). Les investissements étrangers se maintiennent, principalement dans le secteur minier, le Canada occupant une part croissante, suivi de l'Afrique du Sud. L'ambition chilienne de s'intégrer à l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) n'aboutissant pas, le Chili intègre le Mercosur (Marché commun du cône sud), en juin. Au sein du Mercosur, le Chili, qui représente 8,6 % des investissements étrangers réalisés en Argentine (presque à égalité avec l'Allemagne) et qui y exporte plus de capitaux que de marchandises, obtient de pouvoir commercer librement avec d'autres partenaires, en maintenant ses droits de douane à 11 %, ainsi qu'un délai de dix-huit ans pour supprimer les protections douanières de ses céréaliers. Par ailleurs, la communauté des Indiens Mapuches (près de 7 % de la population) annonce son intention de constituer un parti politique pour obtenir le rétablissement de ses droits historiques sur certaines régions.

Colombie

Alors que le président Ernesto Samper se maintient à la tête du pays, en dépit de l'excommunication fulminée contre lui par les États-Unis, le contrôle d'une partie croissante du territoire national semble échapper au gouvernement. Le 28 août, les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et l'ELN (Armée nationale de libération) lancent une offensive générale qui se traduit, dans la moitié des départements colombiens, par 26 attaques simultanées contre des unités mal préparées de la police et de l'armée ; une soixantaine de soldats et de policiers sont tués. Le 30 août, les forces de sécurité désamorcent 8 mines à 100 mètres du palais gouvernemental. Cette offensive de la guérilla coïncide avec les protestations des producteurs et cueilleurs de coca de la zone de Caqueta, dont les plantations sont traitées à l'herbicide par voie aérienne. Le 1er septembre, les FARC attaquent la base militaire de Las Delicias, tuent 27 soldats et font 60 prisonniers (toujours retenus en otages à la mi-octobre), la guérilla exigeant du gouvernement la démilitarisation d'une partie du département de Caqueta, en contrepartie de leur libération. À la fin de l'année, les actions des guérilleros se font presque quotidiennes.