Océanie

L'annonce, en juin, par le président français Jacques Chirac de la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique sud, à partir du mois de septembre, met l'Océanie sur le devant de la scène internationale. Le tollé qu'a suscité cette reprise dans la plupart des États asiatiques et dans l'ensemble des États du Pacifique sud contribue à reléguer les graves problèmes économiques des États insulaires au second plan.

Australie

L'Australie entre dans la préparation des élections législatives qui doivent avoir lieu au premier semestre de 1996. Le Premier ministre travailliste, Paul Keating, en fonction depuis décembre 1991, reste un adversaire coriace pour le Parti libéral, le principal parti d'opposition. C'est afin de permettre au parti d'affronter l'échéance électorale dans de meilleures conditions que son président, Alexander Downer, démissionne en janvier, après moins de dix-huit mois à ce poste. John Howard, qui a dirigé le Parti libéral entre 1985 et 1989, est alors désigné pour améliorer l'image du parti.

Le budget 1995-1996 est présenté au Parlement en mai. C'est le premier budget excédentaire depuis 1987. L'Australie est l'un des premiers pays de l'OCDE à sortir de la crise. En 1995, la croissance devrait être de 3,75 %, l'inflation inférieure à 3 % et le chômage maintenu aux environs de 8 % de la population active. Le gouvernement augmente l'impôt sur les entreprises et réduit les dépenses publiques, en épargnant toutefois le secteur social.

Sur le plan international, l'Australie poursuit son offensive diplomatique en vue d'une meilleure insertion en Asie orientale. Gareth Evans, ministre des Affaires étrangères, fait un discours très remarqué à ce propos, fin juillet, à Brunei, lors de la rencontre ministérielle qui suit le sommet de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est). Ce discours est cependant très contesté par le Premier ministre malais, Mahatir bin Mohamed, qui s'oppose à la participation australienne au sommet euro-asiatique prévu pour 1996.

Sous la pression de l'opposition parlementaire et de l'opinion publique, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères condamnent très fermement la reprise des essais nucléaires français. Les syndicats appellent en particulier au boycott des produits français.

Nouvelle-Zélande

Le paysage politique néo-zélandais se recompose lentement, dans la perspective des élections législatives qui doivent se tenir avant novembre 1996. L'ancien ministre travailliste des Finances, Roger Douglas, crée son propre parti, Association of Consumers and Tax-payers (ACT, Association des consommateurs et des contribuables). Plusieurs élus du Parti national (conservateur), au pouvoir depuis 1990, le quittent pour diriger de nouvelles formations politiques. Le Parti national en sort encore plus fragilisé : sa majorité à la Chambre des représentants dépend de députés transfuges. C'est la capacité du Premier ministre, Jim Bolger, à maintenir cette coalition originale qui déterminera la tenue ou non d'élections anticipées.

Le budget 1995-1996 est présenté en juin au Parlement. Il est excédentaire pour la deuxième année consécutive. Il ne comprend néanmoins pas de réductions d'impôts, car l'excédent est employé à rembourser la dette publique. Sur le plan international, la Nouvelle-Zélande adopte une démarche similaire à celle de l'Australie et cherche à améliorer son insertion régionale. L'année dernière, les contacts (interrompus en 1987) entre militaires néo-zélandais et américains avaient repris. En février, les États-Unis, cédant aux injonctions de la Nouvelle-Zélande, promettent de ne pas y envoyer de navires porteurs d'armes. Les relations avec les États-Unis continuent de s'améliorer après la visite, à Washington, en avril, du Premier ministre. En revanche, la Nouvelle-Zélande condamne très fermement la reprise des essais nucléaires français et décide, comme l'Australie, de geler sa coopération militaire avec la France.

Au début de l'année, la résurgence de l'activisme maori perturbe la vie politique nationale. Les Maoris profitent de la célébration de l'anniversaire du traité de Waitangi, signé en février 1840 entre les représentants des tribus maories et ceux de la reine Victoria, pour multiplier les manifestations violentes. Ils revendiquent l'attribution de la terre de leurs ancêtres et une plus grande autonomie dans la gestion de leurs affaires. Ce dossier complexe reste non résolu.

Mélanésie

Lors de leur neuvième sommet au Vanuatu (août), les trois pays du « Fer de lance » (Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, îles Salomon) demandent à la France de reconnaître que ses essais ont des conséquences écologiques. Ces États se montrent cependant disposés à maintenir le dialogue avec Paris.