Journal de l'année Édition 1996 1996Éd. 1996

L'économie souffre de l'instabilité politique que connaît le pays. Si la situation s'est sensiblement améliorée depuis l'arrivée au pouvoir du BNP en 1991 (le taux d'inflation est descendu de 9 à 2 % en 1995 et le déficit courant de 7 à 2 % du PNB), le taux de croissance stagne cependant à 5 %. Si le système économique semble répondre favorablement aux réformes (libéralisation des échanges et convertibilité du taka), un retour à la stabilité politique reste indispensable à la relance.

Sri Lanka

L'arrivée au pouvoir de Mme Chandrika Bandaranaike Kumaratunga, en novembre 1994, avait été marquée par un changement de cap dans la politique menée à l'égard du mouvement séparatiste des « Tigres » (Liberation Tiger of Tamil Eelam, LTTE). Le Premier ministre avait alors clairement fait connaître sa volonté de régler, de façon négociée et pacifique, la question du séparatisme tamoul. En fait, ces promesses ont vite été suivies par un abandon de la stratégie de la paix et par un retour à la force. En juillet, le gouvernement lance l'opération « Bond en avant », qui mobilise environ 10 000  soldats du camp de Palali, l'une des cinq bases militaires de la péninsule de Jaffna. La contre-offensive du LTTE, baptisée « Bond du Tigre », fait échouer l'opération militaire gouvernementale mais n'empêche pas le Premier ministre d'enregistrer, à cette occasion, un succès politique relatif : la restauration d'une certaine confiance au sein de la population cinghalaise. En août, le gouvernement Kumaratunga annonce officiellement la mise en place d'une réforme constitutionnelle, visant à transformer l'État sri lankais unitaire en un État de type fédéral. Dans ce projet de réforme, la fusion des provinces du nord et de l'est, revendiquées par les Tamouls comme leurs patries, ainsi que la création d'un Conseil séparé pour les musulmans de ces provinces participent d'une volonté de respect des exigences des minorités linguistiques et religieuses de l'île. Après l'annonce de cette réforme, le gouvernement lance début novembre une offensive. Après un mois de combats acharnés, la prise de Jaffna, la « capitale » des séparatistes, met fin au mythe de l'invincibilité tamoule. Mais la guérilla est loin d'être définitivement vaincue.

Sur le plan économique, les dépenses militaires creusent le déficit budgétaire, estimé à 9,5 % du PIB. Le taux de croissance reste stable (5,5 %). En dépit d'une augmentation sensible des exportations, estimées à 3,8 millions de dollars en 1995, la balance commerciale demeure déficitaire de 1,8 million de dollars. Les partis d'opposition sont favorables à la poursuite des réformes économiques. Le budget 1995, proposé par l'Alliance populaire, la coalition dirigée par C.B. Kumaratunga, confirme l'orientation du pays vers une croissance d'économie de marché.

Chrono. : 9/07, 7/08, 20/10, 3/12.

Bhoutan

Depuis quelques années, plus de 80 000 personnes d'ethnies non bhoutanaises, victimes de la politique xénophobe du gouvernement, ont été expulsées au Népal. Le sort de ces réfugiés, toujours en suspens, mobilise encore cette année l'attention internationale. Une politique de repli et de crispation identitaire, face à l'influence croissante de la Chine, continue d'être la principale caractéristique du petit royaume bhoutanais. Lors de la visite du ministre des Affaires étrangères chinois Qian Qichen, son homologue bhoutanais, Dawa Tsering, réaffirme cependant la position intangible du Bhoutan sur le Tibet, jugé « partie inaliénable du territoire chinois » (mai).

Népal

Le royaume himalayen reste en quête d'une stabilité politique, demeurée introuvable depuis la restauration de la démocratie en 1990, qui mettait un terme à trente ans de monarchie absolue. Après les élections de novembre 1994, le parti du Congrès népalais (NPC) avait abandonné le gouvernement au profit du Parti communiste népalais marxiste-léniniste unifié (CPN-UML). Le régime communiste ne survit pas plus de huit mois aux accusations de corruption et de mauvaise gestion économique lancées par l'opposition. En juin, après l'annonce par le parti du Congrès du dépôt d'une motion de censure au Parlement, le Premier ministre Man Mohan Adhikari présente sa démission au roi Birendra Bir Bikram, qui dissout l'Assemblée et convoque des élections pour novembre. En août, la Cour suprême qualifie d'anticonstitutionnelle la décision de dissoudre le Parlement. C'est pourquoi, le 10 septembre, après l'adoption d'une motion de censure contre lui, M.M. Adhikari, resté à la tête du gouvernement dans l'attente des élections, doit présenter sa démission définitive. Le chef du parti du Congrès népalais, Sher Bahadur Deuba, forme un gouvernement de coalition où le NPC côtoie le parti monarchiste Rashtriya Prajatantra (National Democratic Party, NDP) et le parti pro-indien Nepal Sadbhvana Party.

Sur le plan économique, le Népal traverse une phase délicate, le régime communiste et la rhétorique anti-indienne de M.M. Adhikari ayant entraîné un ralentissement des investissements étrangers. Le taux d'inflation (9,1 %) dépasse l'objectif prévu (8 %). Le taux de croissance de l'économie demeure stationnaire (7 %).

Chrono. : 10/09.

Anne Vaugier