La France avance un autre argument, qui cette fois met en cause les Pays-Bas : les risques, en matière de délinquance, de leur politique de tolérance envers les consommateurs de drogue. Ce n'est pas la première fois que cette politique est montrée du doigt, en France mais aussi en Allemagne. Les Pays-Bas tentent d'atténuer ces critiques, sans modifier fondamentalement leur position : distinction entre drogues « dures » et drogues « douces », dépénalisation de l'usage de ces dernières et de leur commerce en petites quantités. Ils ont quand même annoncé la réduction du nombre de « cafés » autorisés à vendre du cannabis, notamment dans les villes frontalières, et un contrôle plus strict de leur activité. En outre, la police néerlandaise est invitée par le gouvernement à se montrer plus coopérative avec ses homologues étrangères. Des discussions doivent s'engager avec la France et l'Allemagne pour essayer d'aplanir le contentieux. Mais ce climat peu convivial n'est pas amélioré par la reprise des essais nucléaires français, largement condamnée par l'opinion publique des trois pays du Benelux.

Les Casques bleus néerlandais dans le piège bosniaque

Les Pays-Bas avaient accepté d'envoyer 2 400 hommes dans l'ex-Yougoslavie. Plusieurs centaines de ces soldats ont été affectés à la protection de l'enclave musulmane de Srebrenica, que les Serbes envahissent en juillet 1995. Poussé par son opinion publique, le gouvernement néerlandais s'oppose à des frappes aériennes de l'OTAN qui pourraient mettre en danger les Casques bleus. L'absence de résistance des soldats de l'ONU, alors que les musulmans sont victimes de graves exactions, soulève une polémique aux Pays-Bas et à l'étranger (une fois encore les critiques françaises sont sévères). Les Néerlandais en conçoivent une certaine amertume : l'ambiguïté du mandat des Casques bleus, les tergiversations des grandes puissances, l'inégalité du rapport de forces vouaient à l'échec l'usage des armes ; mais l'attitude des soldats vis-à-vis de l'agresseur serbe et la tentative de minimiser les massacres laissent une impression de malaise.

Chrono. : 17/02, 8/03, 22/03, 21/05, 20/10.

Jean-Claude Boyer