Finalement, le 14 février, le Pérou proclame unilatéralement un cessez-le-feu : les deux pays signent une déclaration de paix à Brasília le 17. Les quatre pays « garants » du protocole, l'Argentine, le Brésil, le Chili et les États-Unis, commencent alors leur délicate entreprise de médiation. Face à la reprise des combats, à partir du 13 mars des observateurs internationaux occupent le terrain des hostilités, avec l'accord du Pérou et de l'Équateur. Le 25 juillet, les deux pays concluent un accord créant une zone démilitarisée le long de leur frontière commune.

Mais ce conflit n'a pas eu que des causes diplomatiques. De nombreux motifs de politique intérieure, propres à chacun des belligérants, y ont eu leur part.

Au Pérou, la guerre est l'occasion d'une « union sacrée » favorable à la réélection du président Alberto Fujimori. Javier Perez de Cuellar, l'ex-secrétaire général de l'ONU qui s'est lancé dans la bataille électorale, en fait les frais. Le 9 avril, dès le premier tour et avec 65 % des voix, A. Fujimori est réélu.

En Équateur, alors que la classe politique est fortement affectée par des affaires de corruption, le climat social est tendu. L'annonce de l'extension de la semaine de travail de 40 à 48 heures pour financer la guerre provoque une vague de protestations dans le pays. Les projets de privatisations et de limitations des activités syndicales continuent de mobiliser les salariés.

Chrono. : 26/01, 17/02.

Paraguay et Uruguay

L'ouverture le 1er janvier d'une union douanière avec l'Argentine et le Brésil lie encore plus le sort du Paraguay et de l'Uruguay à celui de leurs deux partenaires du Mercosur.

En Uruguay, l'ancien président (de 1985 à 1989) Julio Maria Sanguinetti, élu à nouveau en novembre 1994, prend ses fonctions à la tête de l'État le 1er mars. Pour affronter le défi du Mercosur, il forme un gouvernement de coalition et s'assure de la modération de l'opposition. En avril, il annonce une hausse des impôts et engage des mesures pour améliorer la compétitivité du pays face aux autres membres du Mercosur. Il se lance notamment dans une réforme de l'État, afin de réduire les effectifs de l'Administration.

Au Paraguay, l'ambiance générale est moins consensuelle. Confronté à la division de son propre parti, le Colorado, et à l'activisme de militaires aux grandes ambitions politiques, le président Juan Carlos Wasmosy décide d'interdire au personnel de l'armée l'affiliation à un parti politique. Le système bancaire du pays est touché par des affaires de corruption qui déclenchent une grave crise financière.

Venezuela

Le Venezuela continue de lutter contre les effets de la crise bancaire amorcée en janvier 1994 par la faillite de la Banco Latino. Le 19 janvier, le gouvernement présente son second plan de sauvetage du secteur financier. Le président Rafael Caldera, au pouvoir depuis février 1994, en appelle au patriotisme des Vénézuéliens pour mettre un terme à cette crise financière et lutter ainsi contre la misère.

La crainte d'une explosion sociale est dans tous les esprits. Le président Caldera peut cependant se targuer de quelques résultats économiques positifs (investissements étrangers massifs, hausse du prix du pétrole) qui lui donnent le courage de procéder à des réformes impopulaires : augmentation de 25 % des prix des transports publics en avril, de l'essence en septembre.

Olivier Dabene