Journal de l'année Édition 1996 1996Éd. 1996

Enfin, E. Zedillo s'est engagé à faire ce que Salinas, lui aussi, avait promis : démocratiser le système politique. Dès le mois de janvier, dans le cadre de la lutte contre la crise économique, il signe un pacte politique avec les deux partis d'opposition, garantissant des réformes électorales. Le pacte ne dure pas six mois. Très vite dénoncé par le parti de la Révolution démocratique (PRD), il sera rejeté en juin par le parti d'Action nationale (PAN) à la suite d'élections locales au Yucatan, où, selon le PAN, la fraude a été « éhontée ».

Chrono. : 13/01, 11/03, 27/08.

Costa Rica

Le Costa Rica vit une année 1995 pleine de rebondissements. Les efforts déployés par le président José Maria Figueres pour négocier avec son opposition la mise en œuvre de réformes échouent dans un premier temps, ce qui provoque l'annulation d'une aide de la Banque mondiale. Puis, en juin, le président signe un accord avec son prédécesseur, l'actuel chef de l'opposition, pour lancer une réforme de l'État. Mais, en août, les réformes sont radicalement rejetées par les syndicats. Le gouvernement accepte de revoir l'ensemble de ses réformes économiques. La privatisation du système bancaire se poursuit néanmoins.

Guatemala

Début janvier, l'annonce par le président du Guatemala Ramiro de Leon d'une accélération des négociations de paix est reçue avec scepticisme. Il gagne pourtant une partie de son pari. La signature, le 31 mars, d'un « accord sur l'identité et les droits des peuples indigènes » est le résultat le plus spectaculaire depuis l'ouverture en 1991 des négociations avec l'Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG). Autre victoire du président : il dissout les tristement célèbres patrouilles d'autodéfense civile et les forces paramilitaires. Mais il doit recourir à l'armée pour faire face à une vague de délinquance, de crimes et de rapts. Le pays se prépare tout au long de l'année à l'élection présidentielle. Alvaro Arzu, candidat du parti pour l'Avancement national (PAN, conservateur), arrive en tête le 12 novembre. Il affrontera au deuxième tour, le 7 janvier 1996, Alfonso Portillo, candidat du parti de l'ancien dictateur Efrain Rios Montt.

Salvador

Le président Armando Calderon Sol tente en début d'année de lancer un ambitieux programme de réformes. Il prévoit notamment, comme en Argentine, un taux de change fixe avec le dollar et la libre convertibilité, ainsi qu'une accélération de la libéralisation de l'économie. Mais, devant l'opposition unanime du patronat, la « dollarisation » prend le qualificatif rassurant de « progressive » dès le mois de mai.

La poursuite de l'application du plan de paix civile pose des problèmes. En avril, la mission de l'ONU au Salvador estime que la moitié seulement des 40 000 ex-guérilleros et ex-militaires ont reçu les terres qu'on leur a promises. La violence ne diminue pas mais, pour la première fois, 15 membres d'un escadron de la mort (la « Sombra negra ») sont arrêtés.

Nicaragua

La vie politique est dominée par la perspective de l'élection présidentielle de 1996, qui provoque une crise institutionnelle. Le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) se scinde définitivement en deux, tandis que la droite se recompose. Le 7 février 1995, le Parlement adopte une importante révision constitutionnelle, qui interdit notamment aux membres de la famille d'un président d'être candidats. Cette mesure touche directement Antonio Lacayo, gendre de la présidente Violeta Chamorro et Premier ministre virtuel. V. Chamorro refuse de promulguer les réformes. Le pays vit pendant quelques mois avec deux constitutions et un conflit de pouvoir ouvert qui se conclut par un accord le 15 juin. L'exécutif parvient à préserver l'essentiel de ses pouvoirs, mais la route de la présidence reste barrée pour Antonio Lacayo.

Honduras

La grande majorité des ministres de l'ancien président (de 1990 à 1994) Rafael Leonardo Callejas, secrétaire du Parti national, sont accusés de détournement de fonds publics. Le procès de militaires accusés du meurtre d'étudiants en 1982 crée des tensions, à tel point que l'armée fait d'inquiétantes démonstrations de force dans la capitale. Cette atmosphère tendue n'empêche pas le président Carlos Roberto Reina d'annoncer son programme de réforme de l'État qui prévoit des privatisations et une diminution du nombre de fonctionnaires (août).

Panama

La perspective du retrait des États-Unis de la zone du canal au 1er janvier de l'an 2000 suscite des inquiétudes tandis que les syndicats se mobilisent, en août, contre les réformes économiques du gouvernement.

Cuba

Cuba évolue en 1995 vers une libéralisation de son économie. Dès le début de l'année, le gouvernement adopte une importante réforme destinée à rendre la monnaie cubaine convertible. Puis, à la fin janvier, un remaniement ministériel renouvelle l'équipe économique afin de préparer d'autres réformes : réduction du nombre de postes dans la fonction publique, retrait des subventions aux industries déficitaires, etc. Le 5 septembre, une loi sur les investissements étrangers est adoptée. Elle autorise la prise de contrôle totale d'entreprises cubaines par des capitaux étrangers. Malgré cela, le sénateur nord-américain Jesse Helmes propose de durcir encore l'embargo qui frappe l'île en punissant les pays qui ne le respectent pas. La venue de Fidel Castro à l'Unesco en mars montre cependant que l'isolement de Cuba se réduit.