Journal de l'année Édition 1995 1995Éd. 1995

En septembre débute la vérification (cette « lustracja » qui a échoué en Pologne) du passé d'agent communiste d'environ 15 000 dirigeants et hauts fonctionnaires. Lorsque des résultats concluants se faisaient jour, une commission convoquait les personnes concernées et les invitait à démissionner. Si elles refusaient, le « dossier » était publié.

Dans le domaine des médias, le nouveau Premier ministre annonce l'élaboration d'une nouvelle loi sur la presse et l'audiovisuel. Les directions de la radio et de la télévision, réputées de droite, subissent des changements de personnes et des limogeages.

En politique étrangère, le président Arpad Gönch vient à Paris à la fin d'octobre. Cette première visite officielle d'un président hongrois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a pour objectif de marquer un rapprochement réel avec la France. Un apaisement s'amorce dans les rapports difficiles avec la Slovaquie, principalement au sujet des minorités hongroises et de l'affaire du barrage de Gabcikovo sur le Danube. La rencontre à Bratislava, le 5 août, des présidents hongrois et slovaque aboutit à l'annonce d'un futur traité de coopération entre les deux pays. Mais l'on peut se demander si cette tendance sera maintenue après les élections anticipées de Slovaquie, en septembre.

Sur le plan économique, la Hongrie s'était engagée, dès avant 1989, dans la réforme. Mais la transition s'effectue toujours avec des hauts et des bas. Engagée avant les autres dans la voie de la réforme, l'économie hongroise connaît aussi avant les autres les aléas de la conjoncture. Le déficit budgétaire atteint 7 % du PIB ; la dévaluation du forint et le chômage, qui touche 12 % de la population active, se reflètent sur la situation matérielle d'une importante partie de la société. Malgré cela, la Hongrie continue à attirer à elle seule plus de la moitié des investissements étrangers dans cette partie de l'Europe.

Barrage

En 1970, les pouvoirs « frères » de Hongrie et de Tchécoslovaquie envisagent de bâtir ensemble un barrage géant, avec centrale hydroélectrique, sur le Danube, à 100 km environ de Bratislava. Effrayée par les coûts de l'opération, la Hongrie se retire progressivement au cours des années 80, puis annule le projet de participation en 1992. Cela n'arrête pas les Slovaques, qui réalisent le barrage seuls. Les Hongrois dénoncent alors les risques écologiques et le détournement du fleuve de son lit naturel. L'affaire est portée devant la Cour internationale de La Haye en 1993.

Lutte contre l'émigration clandestine en Hongrie

Depuis mai dernier, tout étranger qui désire séjourner plus d'un an en Hongrie doit présenter un bilan de santé prouvant qu'il n'a ni sida, ni lèpre, ni syphilis, ni tuberculose. Cette mesure de lutte contre l'immigration clandestine vise surtout les quelque 40 millions d'étrangers issus de pays voisins (Roumanie, Ukraine, Slovaquie) qui se rendent chaque année en Hongrie.

République tchèque

À la fin de la deuxième année de son existence propre, la République tchèque peut dresser un bilan plutôt positif. Son taux d'inflation est d'environ 10 % et son taux de chômage, inférieur à 4 %. Son budget reste légèrement excédentaire et l'accroissement du produit national brut s'élève à 2 %. La République a même remboursé en avance ses dettes auprès du Fonds monétaire international.

Cependant, les partenaires de la coalition libérale-conservatrice (Parti démocratique civique [ODS], Alliance démocratique, Parti chrétien-démocrate) au pouvoir sont de moins en moins sur la même ligne. Les désaccords tournent autour du projet de réforme administrative concernant les régions et les compétences des autorités locales. À la fin de juin, la plupart des partis, y compris ceux de la majorité, ont annoncé qu'ils ne soutiendraient pas le projet gouvernemental. L'autre grand point d'achoppement a trait à la réforme du Sénat. Des dirigeants politiques se méfient des arrière-pensées de l'ODS, le parti du Premier ministre, qui voudrait obtenir un nouveau système électoral propre à lui assurer la majorité et à marginaliser ses alliés. Le rôle des syndicats comme défenseurs de l'intérêt des travailleurs prête également à polémique, notamment du fait que le chef des syndicats, Richard Falbr, a appartenu à la police politique sous l'ancien régime. Cette appartenance, bien connue et gênante, n'avait pourtant pas fait obstacle à son élection au poste qu'il occupe. L'affaire suit son cours.