1922 : indépendance de l'Irlande, à l'exception de l'Ulster majoritairement protestant.

1969 : déploiement de l'armée britannique en Ulster et entrée de l'IRÀ dans l'action armée.

1972 : « Bloody Sunday » quand l'armée tire dans la foule et échec des premiers pourparlers IRA-Londres.

1979 : assassinat de lord Mountbatten par l'IRA.

1981 : mort du gréviste de la faim Bobby Sands.

1984 : attentat à l'hôtel où Mme Thatcher est descendue à Brighton.

Décembre 1993 : Londres et Dublin signent une déclaration commune sur l'Ulster.

Belgique

L'année politique belge commence avec un scandale d'importance qui met en cause pas moins de trois ministres socialistes wallons, dont Guy Spitaels, ancien président national du PS. L'affaire est liée à des pots-devin versés par la firme italienne Augusta, lors de l'achat par la Belgique d'hélicoptères militaires. En juillet, c'est au tour du ministre des Affaires étrangères, le socialiste flamand Willy Claes, d'être éclaboussé. Cette succession d'affaires finit par faire le jeu de l'extrême droite, qui joue par ailleurs sur le registre de la coupure entre les deux communautés linguistiques. Aux élections communales d'octobre, le Vlaams Blok flamand devient, avec 28 % des voix, le premier parti d'Anvers, tandis qu'en Wallonie le Front national et Agir marquent des points. Rude situation pour le Premier ministre Jean-Luc Dehaene, qui doit par ailleurs essuyer l'échec de sa candidature à la succession de Jacques Delors du fait du veto britannique et affronter une situation économique toujours sombre, avec un taux de chômage supérieur à 14 %.

Albert II se veut le ciment de l'unité nationale belge. Toutefois, son appel à un « pacte social » entre employeurs et syndicats a rencontré peu d'échos, tandis que sa proposition d'amnistie des anciens collaborateurs a suscité une forte hostilité.

Pays-Bas

En 1993, le Premier ministre, Ruud Lubbers, avait eu le courage d'entamer une politique économique rigoureuse quelques mois avant de difficiles élections législatives. Son courage n'est pas récompensé : en mai, la coalition des chrétiens-démocrates et des travaillistes subit un net recul, les premiers perdant plus de 13 points et les seconds, près de 8 points. Les gagnants sont à la fois les libéraux conservateurs du VVD, les réformateurs de la gauche libérale du D66 et une formation nouvelle venue dans le paysage politique, l'AOV, représentant le troisième âge. Il faudra trois mois de laborieuses tractations pour qu'une nouvelle coalition se mette sur pied : la coalition « violette », associant les libéraux du VVD, les travaillistes et les réformateurs du D66. Le travailliste Wim Kok est le nouveau Premier ministre. C'est la première fois depuis 1918 que les chrétiens-démocrates sont absents du gouvernement. La nouvelle équipe au pouvoir semble un peu bigarrée, puisqu'elle compte notamment un ministre de la Justice appartenant au D66, formation qui préconise, par exemple, la libéralisation complète des drogues douces. En réalité, elle s'attache à un objectif majeur : la rigueur au service de la création d'emplois. Le sacro-saint État providence néerlandais est sérieusement menacé. Ainsi est remise en cause la fameuse loi sur l'incapacité de travail (WAO), qui permettait à toute personne contrainte de quitter son travail pour des raisons physiques ou (c'est le « ou » qui pose problème) psychologiques de toucher 75 % de son salaire jusqu'à la retraite. La coalition violette parviendra-t-elle à mettre en œuvre cet austère programme ?

Wim Kok, le nouveau Premier ministre hollandais, a 55 ans. Fils d'ouvrier menuisier très pauvre, il devient président de la Fédération des syndicats socialistes dans les années 70, après de brillantes études commerciales. En 1986, il est propulsé à la tête du parti social-démocrate PVDA. En 1989, il entre au gouvernement, avec la charge de vice-Premier ministre et de ministre des Finances. L'ancien syndicaliste devient un économiste rigoureux, apôtre de l'austérité. Il participe à la rédaction du traité de Maastricht. Peu charismatique, il est considéré cependant comme un excellent gestionnaire.

Scandinavie

Les quatre pays Scandinaves auront au moins un point commun cette année : tous retrouvent ou continuent d'avoir un gouvernement social-démocrate. En février, la Finlande élit à nouveau un président social-démocrate, Martti Ahtisaari, qui l'emporte, à la surprise générale, sur sa concurrente conservatrice Élisabeth Rehn. M. Ahtisaari a le double avantage d'être un homme nouveau et d'adhérer pleinement à l'intégration européenne. Son élection est en quelque sorte confirmée par le référendum du 16 octobre auquel les Finlandais, surtout ceux du Sud et des grandes villes, répondent « oui » à l'UE à la majorité de 57 %. En Suède, les élections législatives du 18 septembre ramènent les sociaux-démocrates au pouvoir. Les électeurs ont sanctionné le conservateur Carl Bildt pour son incapacité à bien négocier la révision à la baisse de l'État providence. À Ingvar Carlsson revient la tâche amère de mener une politique de rigueur financière, sans trop défaire le système sophistiqué de protection sociale que ses ancêtres politiques avaient patiemment mis en place. Par ailleurs, conservateurs et sociaux-démocrates s'accordaient pour répondre « oui » à l'Europe. Ils sont suivis du bout des lèvres par les électeurs qui, le 13 novembre, approuvent par 52,2 % l'intégration de leur pays dans l'UE. Au Danemark, les sociaux-démocrates conservent de justesse le pouvoir aux élections de septembre. Poul Nyrup Rasmussen forme un gouvernement de coalition minoritaire avec ses alliés centristes et radicaux. Ses adversaires de droite dénoncent par avance les alliances qu'il devra nouer avec les groupes d'extrême gauche. En Norvège, le Premier ministre travailliste, Mme Gro Harlem Bruntland, a eu beau mettre tout son crédit dans la balance, obtenir de l'UE un accord spécial sur la pêche, rien n'y a fait. Le 28 novembre, les électeurs norvégiens rejettent pour la deuxième fois (la première avait eu lieu en 1972) l'adhésion de leur pays à l'Europe par 52,1 % des voix. Une grande partie de la classe politique et des industriels avaient pourtant mis en garde les Norvégiens contre le danger de l'isolement, mais ceux-ci ont estimé que leur pétrole et leur richesse (13e PIB/tête au monde) les dispensaient du devoir d'intégration dans une Europe jugée peu démocratique et non respectueuse de l'environnement, bref, différente de ce qui fait l'originalité de la Norvège, un pays qui demeure réticent à toute forme d'union, ayant dû dans le passé subir plusieurs siècles de domination danoise puis suédoise.

Autriche

L'économie autrichienne renoue avec l'expansion, affichant un taux de chômage inférieur à 7 % de la population active et une inflation modérée de 3,6 %. Pour les responsables, l'intégration européenne, loin de constituer une crainte ou un fardeau, représente une urgence, alors même que les pays scandinaves, directement concurrents sur les secteurs du papier, du bois ou de la chimie, s'apprêtent eux aussi à rejoindre l'UE. L'ample succès (66,4 %) du « oui » au référendum du 12 juin sur l'entrée de l'Autriche dans l'Europe ne constitue donc pas une réelle surprise, même si plusieurs partis, dont le très droitier Parti libéral (FPOe) de Jörg Haider, avaient milité en faveur du « non ».