Les choix sont clairs : développement de la consommation afin de réduire les excédents commerciaux, approfondissement de la déréglementation, amélioration de la couverture sociale, nouvelle répartition de l'affectation de la richesse nationale. Les décisions restent à prendre.

Le Japon vieillit trop vite

Le vieillissement de la population (taux de natalité en baisse et allongement de l'espérance de vie) modifie la structure démographique de l'archipel : en 2018, si la tendance actuelle se poursuit, les plus de 65 ans formeront le quart de la population. Cette évolution entame ce qui passe pour les piliers de la gestion nipponne : l'« emploi à vie » et le salaire à l'ancienneté. De telles pratiques, qui ne concernent que les employés des grandes entreprises, supposent une structure démographique pyramidale dans laquelle les jeunes sont nombreux. Or, désormais, le gonflement des couches de salariés d'âge moyen alourdit le coût salarial et crée un goulot d'étranglement entravant la mobilité de l'emploi. Un problème qui pourrait cependant se résoudre de lui-même : au milieu des années 1990, le Japon entrera dans une période de pénurie de main-d'œuvre. Mais une telle évolution accentue, plus qu'elle n'allège, les pressions pour une modification du système de salaire à l'ancienneté : afin de mobiliser davantage la main-d'œuvre, les industries ont besoin de créer les conditions d'une meilleure fluidité sur le marché du travail. Mais l'abandon du système du salaire à l'ancienneté afin d'encourager la mobilité implique une réforme en profondeur du système des retraites, largement assumées actuellement par l'entreprise.

Philippe Pons
Correspondant du Monde au Japon