Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

Peut-être afin de détourner son opinion des problèmes intérieurs en jouant sur la fibre nationaliste, les dirigeants iraniens ont, au mois d'août, affirmé leur souveraineté totale sur l'île d'Abou Moussa, jusque-là partagée avec les Émirats arabes unis. Cette île stratégique du détroit d'Ormuz avait été envahie en 1971, à la veille de l'indépendance des Émirats, par le Chah d'Iran, mais une solution de partage avait été finalement retenue. En procédant en août 1992 à cette « annexion rampante », aussitôt dénoncée par la Ligue arabe, l'Iran a, d'un coup, perdu le bénéfice du patient rapprochement qui s'était opéré dans l'année écoulée avec les monarchies du Golfe, et a ranimé la peur de l'impérialisme perse sur l'autre rive du Golfe.

Le Chah d'Iran refusait de reconnaître le futur État des Émirats arabes unis tant que n'auraient pas été admis ses « droits » sur trois îlots du détroit d'Ormuz pratiquement inhabités : l'île d'Abou Moussa, qui dépendait de Charjah, et les deux îles Tomb, qui appartenaient à Ras Al Khaymah. L'indépendance des Émirats arabes unis était prévue pour le 2 décembre. Sans attendre, le 30 novembre, les troupes iraniennes s'emparèrent des trois îles. La Petite et la Grande Tomb furent annexées en dépit des protestations de l'émir de Ras Al Khaymah. L'émir de Charjah, quant à lui, avait secrètement cédé Abou Moussa à l'Iran, en échange d'un loyer annuel de trois millions de dollars.

Iran

Afin de relancer l'économie (6 millions de chômeurs, plus de 20 % d'inflation), le gouvernement iranien, présidé depuis 1989 par Hachémi Rafsandjani, multiplie les privatisations d'entreprises du secteur industriel (nationalisé après la révolution islamique de 1979).

Frontières

Pendant ce temps, une commission des Nations unies tentait de mettre au point un nouveau tracé des frontières entre l'Irak et le Koweït. Mais, d'emblée, l'Irak a refusé d'y participer, rejetant d'avance ses conclusions. Le tracé retenu modifie la frontière de quelques centaines de mètres vers le nord à l'avantage du Koweït, partageant même en deux la base d'Oumm Qasr, le seul débouché maritime de l'Irak. En désaccord avec ce projet, le président indonésien de la commission a démissionné en novembre.

En avril 1986, des affrontements armés avaient opposé quelques jours durant Bahrein et Qatar, qui revendiquaient chacun la souveraineté sur quelques îlots du bras de mer séparant les deux émirats. Après l'échec d'une médiation saoudienne, l'affaire avait été portée devant la Cour internationale de justice de La Haye. Tout au long de l'année 1992, la persistance de ce conflit a envenimé les relations entre Bahrein et Qatar. Ce dernier a boycotté une manifestation culturelle du CCG qui se tenait à Bahrein. Au début du mois d'octobre, un accrochage entre les armées du Qatar et de l'Arabie Saoudite au poste frontière de Khafous a fait trois morts, chaque pays accusant l'autre d'occuper son territoire. La multiplication de ces incidents a abouti à une paralysie de fait du CCG.

Un conflit frontalier s'est également rouvert entre l'Arabie Saoudite (toujours elle) et un autre de ses voisins, le Yémen. En avril, le gouvernement saoudien a lancé une mise en garde aux compagnies pétrolières prospectant, à la demande du Yémen, dans la région frontalière, les accusant d'opérer en territoire saoudien. C'est, par ailleurs, en septembre qu'arrivait à expiration le traité de Taëf par lequel le Yémen cédait à l'Arabie Saoudite trois provinces. Après avoir refusé de renégocier le traité, Ryad acceptait en septembre d'ouvrir les négociations avec Sanaa sur leur litige frontalier.

Yémen : difficultés économiques

Malgré le pétrole, le pays s'appauvrit, alors que la population va presque doubler en moins de vingt ans (14 millions aujourd'hui, 25 millions prévus en 2010) ; l'inflation est élevée, les grèves se multiplient...

Chrono. : 10/03, 27/04, 19/05, 6/07, 20/08, 27/08, 5/10, 27/12.

Olivier Da Lage