Les objets 92

Entraîné par la vague déferlante de l'écologie, le monde de l'objet a été saisi cette année par la fièvre du recyclage. La montée en puissance des militants de « l'écolo-rétro » a fait surgir, d'un côté, une récupération plus ou moins cynique de styles ou d'esthétiques clairement répertoriés et, de l'autre, un réel désir de revenir à des produits qui ont fait leurs preuves. La mode est à l'objet longue durée, aux matériaux naturels recyclés, aux emballages biodégradables. Le « bio design » japonais est ainsi très révélateur de cette évolution : observer ce que produit la nature, et utiliser ses « inventions » pour les appliquer à des objets qui doivent être utiles avant d'être esthétiques. Les progrès technologiques ont fait naître des petites merveilles comme les piles sans mercure, les montres à puces, sans oublier bien sûr les innovations dans le domaine des mondes virtuels. Grâce à un casque, à des écouteurs et à des gants, il est aujourd'hui possible de voyager dans le monde synthétique avec la spectaculaire sensation de vivre « pour de vrai » dans l'image. Nous retrouvons le peintre Wang-Fo, des Nouvelles orientales de M. Yourcenar, qui, pour échapper à la mort, se glissa dans la toile qu'il venait de peindre...

The Body Shop

Des emballages sans fioritures, des magasins à l'atmosphère rétro, un refus de la publicité : The Body Shop, entreprise anglaise de produits de soins pour le corps, poursuit, malgré une apparence bien austère, sa fabuleuse croissance.

Depuis 1976, année de l'ouverture du premier magasin à Brighton, les principes militants de sa fondatrice, Anita Roddick, n'ont pas changé : non aux expérimentations sur les animaux, soutien aux « bonnes causes » comme la défense de la forêt amazonienne ou Amnesty International, recherche des vieilles recettes de grand-mère à travers tous les pays du monde. Récupération, recyclage, nature sont les clés de voûte de ces magasins qui séduisent ceux qui veulent se refaire une santé avec une conscience irréprochable.

Au bout du compte, un marketing écologique parfaitement rodé qui colle à l'air du temps et à ce besoin de revenir vers des valeurs sûres.

Les cerfs-volants

Défiant les mouettes de leurs mille couleurs, les cerfs-volants ont envahi cet été les ciels du littoral. 150 000 vendus en 1992 pour une industrie encore artisanale (5 fabricants seulement en France), des prix qui oscillent entre 200 et 60 000 francs (pour des créations), quelque 50 000 curieux à Dieppe, en septembre 1992, venus admirer, lors du 7e Festival international de cerfs-volants, les arabesques savantes orchestrées par les lucanistes (ou cervolistes).

Loin des cerfs-volants traditionnels en bambou et papier de soie des pays asiatiques, ce véritable sport utilise les matériaux les plus sophistiqués – fibre de verre, polyester, polyéthylène – pour résister au vent et à tous les loopings, piqués ou enchaînements spectaculaires, souvent accompagnés de musique.

La montre-forfait de ski

Fini les cartes de forfait dont les ficelles s'emmêlent dans les tourniquets des tire-fesses. Équipée d'une puce et d'un système électromagnétique, la montre-forfait de ski – non contente de donner l'heure – permet, grâce à un émetteur d'ondes à basse fréquence installé devant les tourniquets, d'en déclencher l'ouverture. Le procédé est simple : lorsque le skieur paie son forfait, la puce est programmée pour réfléchir les ondes magnétiques durant tout le temps de son abonnement. Ce skieur peut également vérifier sur le cadran combien il lui reste de journées ou de descentes à faire. Ce gadget « futuriste », qui garde aussi en mémoire le nom et l'adresse de son propriétaire, coûte environ 500 francs et peut être utilisé dans une dizaine de stations de sports d'hiver en France.

Les piles écologiques

Collant à la mode écologique, la société Duracell vient de mettre en vente les premières piles alcalines sans mercure. De très longue durée, elles ne coûtent que 20 francs pièce et leurs nouveaux composants ne présentent, bien entendu, aucun danger.

Les « totoches »

Depuis quelques mois, un mal se répand à travers toute la France. Une « totochite » aiguë gagne les plus jeunes. Le symptôme : un petit objet en plastique, de couleur fluo, reproduction miniature d'une tétine, baptisée « totoche ». Accrochée au cou ou tétée avec délice, elle s'achète pour dix francs environ dans les bars-tabacs.

Virtuality

S'immerger dans un monde en trois dimensions est désormais possible grâce à la société britannique W-Industries, qui vient de lancer Virtuality, un jeu interactif pour les adolescents avides de frissons. Construit autour d'un microordinateur, Virtuality est conçu pour les lieux « de détente ». Le joueur s'assoit dans un large siège arrondi, enfile un casque à cristaux liquides et tient entre ses mains une manette qui lui permet de « bouger » dans l'espace alors créé. Grâce à son casque, des images défilent devant ses yeux. Un coup de manette et c'est le grand plongeon : le joueur a l'impression de se déplacer lui-même dans l'image. Plusieurs jeux lui sont proposés. Ce petit jouet, représenté en France par Vidéosystem, coûte la modique somme de 300 000 francs.

La fin des objets « jetables »

Opposé au maître mot de l'année 92 – la récupération –, l'objet jetable n'a plus le vent en poupe. Briquets, rasoirs, stylos et de nombreux produits non recyclables sont aujourd'hui accusés de nuire à l'environnement. Grand perdant, la société Bic vient d'essuyer un échec avec le lancement d'un parfum pas cher, vendu dans les bars-tabacs. La mode des couches-culottes naturelles et réutilisables qui débarque des États-Unis désolera sans doute bien des mères.

Le kit de réparation pour disque laser

Le CD inrayable est une légende. Ce qui l'est moins, c'est que ses rayures, contrairement à celles du disque vinyle, ne sont pas irrémédiables. Il est aujourd'hui possible d'acheter, pour 100 francs, un kit de réparation de CD. Chaque kit comprend une fine toile émeri et une cire spéciale permettant de restaurer une vingtaine de disques laser.