Gilbert Rullière

Industrie

En raison du ralentissement de l'activité mondiale, l'année 1991 a été marquée en France par une baisse de la production pour un peu plus d'une branche industrielle sur deux. Dans l'ensemble de l'industrie, cette baisse se traduira par un recul de 1,4 %.

Ce sont les transports qui ont été plus particulièrement atteints, avec des baisses de 9 % pour la construction automobile et de 15 % pour les véhicules utilitaires. Le recul s'annonce également très sévère pour le pneumatique (– 7 %), la sidérurgie (– 4 %) ou encore les différentes branches de la mécanique (– 3 %) et surtout pour le textile-habillement (– 8 %). Dans ce dernier cas, la baisse illustre la crise qui frappe l'ensemble de la filière textile française, placée entre la faiblesse de la consommation intérieure et la concurrence en provenance des pays asiatiques, mais aussi de l'Allemagne et de l'Italie (dans le domaine du prêt-à-porter). Ainsi, si la consommation des Français en vêtements, tissus d'ameublement et autres textiles industriels progresse sur l'année (+ 4,5 %), les importations ont augmenté presque deux fois plus (+ 8 %), atteignant 88 milliards de francs.

Des entreprises ont donc dû fermer leurs portes. Pour la seule année 1990, 380 entreprises ont définitivement cessé leurs activités. Entre 1981 et 1991, les effectifs ont fondu de moitié (375 000 personnes en 1991, contre 665 000 en 1981). L'ensemble de la filière – qui va du négoce à la confection – continue de perdre de 5 à 6 % de ses emplois chaque année.

De même, le retournement du marché automobile a atteint une ampleur insoupçonnée ; et la production devrait baisser d'autant plus (– 9 %) que les constructeurs s'efforcent, parallèlement, de réduire leurs stocks.

La poursuite de l'internationalisation

Dans le flot des baisses qui touchent tout aussi bien les secteurs de la consommation que les produits intermédiaires comme le verre ou la chimie, les secteurs qui résistent bien sont plutôt rares : l'aéronautique peut être citée en premier, encore que les perspectives de début d'année se soient révélées excessivement optimistes (l'activité du secteur n'a progressé que de 3 % en 1991 au lieu de 8 % prévus). Grâce au succès d'Airbus (170 appareils ont été livrés en 1991), la progression du secteur civil a compensé la baisse du secteur militaire (→ ci-après).

Parmi les autres branches qui ont échappé au marasme ont émergé l'électronique grand public, les plastiques et l'agroalimentaire, le secteur défensif traditionnel en période de crise. Enfin, la distribution a connu une croissance proche de zéro : pour la première fois depuis 14 ans, les hypermarchés ont vu leurs ventes baisser en juin 1991 par rapport à l'année précédente.

Une telle évolution n'a pas empêché les entreprises les plus dynamiques de poursuivre leur internationalisation : les firmes françaises possèdent maintenant près de 8 % des capitaux transnationaux originaires des sept grands pays industriels, contre moins de 5 % en 1982. Des entreprises telles que Rhône-Poulenc ou Saint-Gobain, grâce à une très active politique de rachats d'entreprises étrangères et d'accords transnationaux, sont devenues de grandes multinationales dans leurs domaines respectifs.

Gilbert Rullière

Industrie automobile

Dès le mois de janvier, la crise du Golfe a provoqué la chute du marché automobile sur le plan mondial, entraînant une baisse totale de plus de 3 % pour toute l'année, la plus forte depuis le second choc pétrolier en 1980.

C'est en France que la chute a été la plus brutale (avec un recul des ventes d'environ 12 % en 1991). Même le Japon n'a pas évité la crise, avec un recul de 3,2 % de ses immatriculations par rapport à 1990. Seule l'Allemagne réunie, tirée par ses régions de l'Est, a fait exception, avec un bond de près de 20 % de ses ventes. D'ailleurs, sous l'effet bénéfique de la réunification, Renault (devenue société anonyme pour faciliter son accès au marché financier) et Peugeot SA ont été amenés à vendre de plus en plus de voitures en Allemagne, compensant ainsi en partie les pertes subies.