D'ici là, l'administration Bush devra composer avec un déficit budgétaire qui, après avoir été cette année en légère diminution, devrait se creuser encore sensiblement pour avoisiner 380 milliards de dollars au cours de l'année fiscale 1992, sous le double effet de la récession qui tarit les recettes fiscales et des « imprévus », telle la colossale ardoise des caisses d'épargne, qui ajouteront, pour cette seule année, plus de 70 à 80 milliards au déficit budgétaire fédéral arrêté à 280 milliards à fin septembre.

Non seulement ces chiffres ne permettent pas le moindre espoir d'une reprise budgétaire de l'économie américaine – la Maison-Blanche étant contrainte, au contraire, de bloquer toutes les velléités de dépenses (le président a opposé son veto à un projet d'enveloppe de quelque 6 milliards de dollars pour les deux à trois millions de chômeurs en fin de droits) –, mais il va lui falloir renégocier avec le Congrès l'accord péniblement élaboré en 1990 à l'issue d'une interminable partie de bras de fer opposant républicains et démocrates, accord qui prévoyait un peu moins de 500 milliards d'économies sur cinq ans.

Ce sujet sensible pour le contribuable va permettre aux démocrates, partis en flèche sur quelques grands dossiers sociaux (celui des dépenses de santé, par exemple), d'exiger à nouveau qu'un effort soit accompli au profit des plus défavorisés, sans trop perturber le fragile équilibre de la fiscalité.

Si la reprise n'est pas très vite au rendez-vous, l'exercice risque d'être difficile pour le président, qui brigue un second mandat de quatre ans. Heureusement pour lui, le parti démocrate (qui reste majoritaire dans les deux chambres du Congrès) a tellement de mal à trouver un candidat assorti d'un minimum de stature politique et de crédibilité à opposer à George Bush qu'il ne se hasarde pas encore à lui trouver un habillage économique dont il ne sait pas très bien de quoi il pourrait être fait.

Serge Marti
Spécialiste des questions économiques. Serge Marti est correspondant du Monde aux États-Unis.