Climat : vers un nouvel ordre planétaire ?

Le climat change-t-il ?
Quelles sont les causes de ses oscillations ?
La connaissance des climats du passé permet-elle de prévoir les climats du futur ?
L'homme influence-t-il directement ou indirectement le climat ?...

À une décennie de l'an 2000, nos contemporains s'inquiètent du temps et de ses caprices et se posent des questions sur le climat et les changements climatiques. L'intérêt de l'homme pour le climat et sa prévision, les saisons, les cyclones et nombre d'événements météorologiques extraordinaires n'est pourtant pas l'apanage de cette seule fin de siècle. Dans la mythologie grecque, Zeus, le dieu du Tonnerre et de la Lumière, personnifie un phénomène naturel ; les habitants des îles Marshall dans l'océan Pacifique savent reconnaître les nuages de glace annonciateurs d'un typhon ; au Togo, au Bénin ou au Nigeria, les sorciers savent repérer les nuages actifs pourvoyeurs de pluie ; en Afrique, les chutes de grêle sont toujours considérées comme des phénomènes de mauvais augure...

Le thème du temps, parce que neutre et sans risques, a toujours alimenté les conversations. Il est fréquent d'entendre dire : « Il n'y a plus de saisons » ; « Les hivers ne sont plus ce qu'ils étaient » ; « La sécheresse de l'année 1990 a été plus sévère que celle de l'année 1976 » ; « Il n'y a plus de grands hivers comme ceux de 1929, 1940, 1941 ou 1942 »... La rubrique météo est désormais présente dans tous les journaux d'information radiophoniques et télévisés, dans la presse quotidienne et périodique...

Le climat est aussi source de préoccupation pour les décideurs et les responsables administratifs. Le 26 avril 1990, le Premier ministre M. Rocard, pour faire face à la sécheresse qui s'annonçait, créait une cellule nationale de crise qui était rattachée à la mission interministérielle de l'eau.

Jugement humain et analyse scientifique

Dans l'une des circulaires que le ministre secrétaire d'État à l'Intérieur leur avait adressées en 1821, les préfets avaient pu lire : « Depuis quelques années, nous sommes témoins de refroidissements sensibles de l'atmosphère, de variations subites dans les saisons, d'ouragans et d'inondations extraordinaires, auxquels la France semble devenir de plus en plus sujette. » Précisons que l'été 1818 avait été très chaud et sec et que l'hiver 1819-1820 avait été si froid que tous les cours d'eau avaient été pris par les glaces, les vignobles et les oliviers détruits par le gel dans le Languedoc, le Roussillon et la Provence. Ainsi les habitants de la planète Terre, conscients des effets de la variabilité des climats, portent-ils sur le temps des jugements souvent péremptoires ou manquant d'objectivité et parfois contredits par l'analyse des données météorologiques.

La météorologie en tant que science analytique et explicative est née avec la mise au point d'instruments de mesures : les thermomètres inventés par Galilée vers 1590, le baromètre conçu par Torricelli en 1643... L'Accademia del Cimento de Florence en 1652 et la Royal Society de Londres en 1660 suggérèrent la constitution de réseaux d'observations météorologiques. Plus d'un siècle plus tard, deux météorologues, Louis Cotte, de la Société royale de médecine en 1778, et Karl Theodor, fondateur de la Société palatine de météorologie de Mannheim en 1790, élaborèrent les premiers protocoles de mesures. En France, le Service météorologique fut créé en 1856 et c'est seulement en 1873, après le congrès de Vienne au terme duquel fut fondée l'Organisation météorologique internationale (OMI), que débutèrent les premières observations standardisées effectuées par les services nationaux.

En 1950, l'Organisation météorologique mondiale (OMM), institution spécialisée des Nations unies, remplaça l'OMI. L'OMM a pour rôle de faciliter la coopération internationale dans le domaine de la météorologie et de l'hydrologie opérationnelle, d'encourager la normalisation des observations et leur échange rapide entre les pays, d'encourager les applications de la météorologie à l'aviation, à la navigation maritime, à l'agriculture..., d'encourager enfin l'enseignement et la recherche en sciences de l'atmosphère.

Une information abondante et variée

Qu'est-ce donc que le climat ? Parmi les nombreuses définitions proposées, nous en retiendrons deux qui, sans être complètes, nous paraissent satisfaisantes. Le climat est « l'ambiance atmosphérique constituée par la série des états de l'atmosphère au-dessus d'un lieu dans leur succession habituelle » ; ou encore : le climat d'un lieu ou d'une partie de l'espace géographique est « traditionnellement défini comme l'état moyen de l'atmosphère pendant un intervalle de temps de 30 à 50 ans ».