Journal de l'année Édition 1990 1990Éd. 1990

Or, si ces brillantes performances ont pu être enregistrées, ce n'est pas avec le concours de l'État. En effet, ce dernier a réduit, de 0,27 % en 1987 à 0,20 % en 1989, le montant de l'enveloppe attribuée à ce département ministériel. Celui-ci n'avait jamais été aussi faible. Même pas de quoi construire l'Opéra-Bastille !

Le sport français est aujourd'hui en crise, et le fossé s'élargit entre des spectacles surmédiatisés, pris dans une inquiétante dérive financière, et des pratiques populaires que le manque de moyens réduit à l'anonymat et, pire même, à la disparition. Son ministre de tutelle, Roger Bambuck, dont l'action menée contre le dopage s'avère, par ailleurs, fort efficace et salutaire, devrait s'en occuper davantage. La survie du sport est à ce prix au moment où l'on effacera difficilement de nos mémoires les 95 morts du stade de Sheffield, le vrai-faux suicide de Björn Borg, la fuite vers la liberté de Nadia Comaneci ou le grand déballage du procès de Ben Johnson à Toronto. Et tous ces autres événements que l'on appelle couramment les « affaires » qui, jusqu'à présent, faisaient l'ordinaire des articles politiques ou judiciaires plutôt que la une du quotidien l'Équipe.